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ESPAGNE / PORTUGAL : Un peu plus de maïs OGM cultivé en 2011

Par Christophe NOISETTE

Publié le 22/09/2011

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Tous les ans, les ministères européens de l’Agriculture publient sur leur site les données concernant les surfaces cultivées avec des OGM. C’est une obligation légale.

Les chiffres espagnols et portugais [1] ont été dévoilés courant septembre 2011… Alors que les surfaces cultivées en maïs génétiquement modifié Bt avaient diminué entre 2009 et 2010, on observe une augmentation pour 2011.

En Espagne, ce sont 97 326 hectares qui auraient été ainsi ensemencés avec du maïs Bt (soit une augmentation comprise entre 27% et 44% selon les sources pour 2010 (cf. plus bas)). Ce chiffre est calculé sur la base des achats de semences : le ministère précise en effet que « l’estimation de superficie se base sur une dose moyenne de 85 000 semences par hectare ». Cette estimation et ce mode de calcul laissent un peu perplexes. Comme nous l’écrivions déjà l’année dernière, « il n’existe pas, en Espagne, comme cela est pourtant exigé par la réglementation européenne, un registre des parcelles cultivées avec des OGM  » [2]. En 2010, la surface cultivée avec des OGM variait selon les différentes données du ministère entre 67 726 hectares (soit une diminution de 11% par rapport à 2009) et 76 575 hectares, soit une marge d’erreur de 13% (presque 9000 hectares). En sera-t-il de même cette année ?

Concrètement, c’est en Aragón, la province qui accueille le plus de maïs génétiquement modifié depuis de nombreuses années, que l’essentiel de l’augmentation a eu lieu. Au niveau national, la sole du maïs en Espagne a augmenté entre 2010 et 2011, mais, toujours selon l’administration espagnole, le ratio maïs GM / non GM est resté quasiment stable, passant seulement de 24% à 26% de maïs GM. L’augmentation des surfaces de maïs GM est donc essentiellement due à l’augmentation globale des surfaces de maïs et non à un engouement plus marqué pour ce maïs GM. D’autres facteurs expliquent cependant cette légère augmentation.

Ainsi, David Sanchez, de Amigos de la Tierra (Amis de la Terre), a précisé à Inf’OGM que « cette année, le système de calcul des superficies a été modifié. Il n’existe pas de registre officiel des surfaces. Depuis quelques années, le ministère se base sur la vente de semences que déclaraient les entreprises semencières. Maintenant, ils prennent comme base les données d’achat des semences transgéniques dans chaque province, et les chiffres sont un peu plus élevés ». Il continue en expliquant qu’ « il est compliqué pour un agriculteur de trouver des semences de maïs de qualité qui ne soient pas transgéniques ». Troisième facteur : « La pyrale fonctionne par cycle et les conseillers agricoles avaient annoncé une attaque de pyrale relativement importante », ce qui se répétera notamment du fait d’une monoculture sans rotation depuis de nombreuses années… Enfin, pour David Sanchez, rien n’est fait en Espagne pour favoriser l’émergence d’un marché pour le maïs non GM. Bien au contraire : il nous précise en effet qu’en Espagne, la récolte des maïs GM et non GM pour alimentation animale est mélangée, et tout est étiqueté GM (sans même vérifier si c’est vrai !). Sauf pour les agriculteurs qui ont un contrat précis sur du maïs non GM, qui font alors la ségrégation…

Au Portugal, le ministère annonce, pour 2011, 7 723,6 hectares de maïs GM Bt, contre 4 868 hectares en 2010, soit une augmentation de 59%. Entre 2009 et 2010, les surfaces avaient diminué. On retrouve donc le même schéma que celui précédemment évoqué pour l’Espagne.

En conclusion, si les surfaces en maïs GM Bt (du Mon810) fluctuent d’une année sur l’autre, ce sont toujours les mêmes pays [3] qui en cultivent. L’Union européenne reste globalement assez hostile aux OGM, avec des cultures GM qui représentent moins de 1% des surfaces agricoles.

[3L’Espagne (avec plus de 80% des PGM cultivées au niveau européen), le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la République tchèque, la Pologne ont cultivé du maïs Mon810.

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