Qu’est-ce que la stérilité mâle cytoplasmique (CMS) ?

Le terme CMS est un sigle anglais qui signifie « stérilité mâle cytoplasmique ». Cet article décrit les techniques d’obtention des CMS, son intérêt en sélection variétale pour les semenciers, et quelques pistes pour éviter ces variétés, notamment en Agriculture biologique.

La « stérilité mâle cytoplasmique » se trouve naturellement chez de nombreuses plantes sauvages ou cultivées (radis, carotte). La plupart des espèces végétales sont à la fois mâles (étamine et pollen) et femelles (ovaire contenant des ovules qui, fécondés par le pollen, se transformeront en graines). Les plantes qui ont le caractère CMS ne produisent pas de pollen. Elles sont donc femelles. Elles ne peuvent être pollinisées que par des plantes fleurissant en même temps qu’elles et qui ne sont pas mâle-stériles. L’information génétique du caractère CMS n’est pas portée par les chromosomes du noyau cellulaire : il se trouve sur de l’ADN contenu dans de petits organes du cytoplasme de la cellule, les mitochondries, d’où son nom. Lorsqu’elle n’existe pas naturellement, la CMS peut être transférée par la fusion de protoplastes : deux cellules sont fusionnées, l’une (mâle stérile) sans noyau, l’autre avec un noyau pour introduire la stérilité mâle de l’une à l’autre. Cette technique est utilisée pour produire des semences hybrides F1 : elle permet de croiser deux lignées et d’éviter les autofécondations.

L’utilisation de cette méthode de sélection pose certaines questions en AB, notamment car elle relève du génie génétique et car la barrière des espèces est transgressée, de même que la barrière cellulaire. Les principales espèces concernées sont les choux, la chicorée dite sauvage ou à grande feuilles (Chicorium intybus), l’endive, les chicorées italiennes, la chicorée industrielle, le navet et le colza. Le choix de la technique CMS à fusion de protoplastes par certaines sociétés semencières est stratégique et financier (gain de temps).
Il existe d’autres méthodes comme l’utilisation de l’auto-incompatibilité sur les choux.

Comment éviter les variétés obtenues par CMS ?

Pour le moment, la seule façon d’éviter ces variétés est de consulter une liste des variétés hybrides non issues de la technique CMS obtenue par fusion de protoplastes. Elle est basée sur les informations fournies par les semenciers. Certains semenciers refusent de répondre : c’est le cas de Clause qui utilise beaucoup cette technologie. D’autres (Bejo, Vitalis) ont renoncé, dans leur gamme bio, aux hybrides obtenus par cette technique. La liste des hybrides non CMS est disponible sur le site de Demeter France [1] et sur celui de l’ITAB.

Il est également possible de faire le choix de sélectionner des variétés populations, ce qui est réalisé par la majorité des sociétés spécialisées en semences biologiques.


Cette FAQ a été rédigée d’après :
- Rey, F., « Débat sur les techniques de sélection compatibles avec les principes de l’Agriculture Biologique », Extrait des actes du Colloque de Clermont-Ferrand 2007, in RefBio PACA maraîchage, mai 2009, http://www.grab.fr/wp-content/uploads/2010/07/ref-bio-MAI-09.pdf.
- Delmond, F., « Fiche pratique sur les Biotechnologies : les variétés hybrides à CMS », Extrait du Bulletin des professionnels de la biodynamie, n°12, décembre 2010

[1La liste mise à jour en juin 2013 est directement accessible en téléchargement via ce lien : http://www.demeter.fr/sites/default/files/Liste%20positive%20hybrides%20PPF-CMS%20m%C3%A0j%20juin%202015-3.pdf