n°39 - février 2003Tribune

Quant les pressions deviennent répression

Par Frédéric PRAT

Publié le 31/01/2003

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On savait que les intérêts et les pressions pro-OGM étaient fortes et que la répression était proportionnelle à ces pressions. Mais j’étais loin de m’imaginer que la police d’un Etat démocratique, en l’occurrence la Belgique, pourrait opérer une descente chez les militants écologistes, non seulement sur leurs lieux de travail, mais aussi à leur domicile, leur saisir tous leurs ordinateurs, et les poursuivre en justice. Même certains fonctionnaires du cabinet du ministre fédéral de l’Environnement belge n’y ont pas échappé.

Certes, l’annonce de l’incarcération de José Bové durant 10 mois est là pour nous rappeler cette répression. Certes, les académiciens français (cf. Inf’OGM 38) ont publié des rapports favorables aux OGM, sans pour autant montrer ni leurs avantages réels, ni leur innocuité. Certes, la Commission européenne, depuis déjà de longs mois, met tout son poids dans la balance pour une levée du moratoire : « Ici, je peux vraiment vous assurer que, du côté de la Commission, nous ferons tout ce que nous pourrons pour démontrer que c’est vrai quand nous disons que nous sommes aussi en faveur des biotechnologies et que nous voyons cela comme une technologie-clé pour notre futur commun » a ainsi déclaré le 4 février Franz Fischler, Commissaire européen à l’agriculture, à son homologue nord-américain.

Il faut dire que côté US, sans les menaces de guerre à l’Irak, le gouvernement aurait peut être déjà attaqué l’Union européenne à l’OMC.

Et la Commission a récidivé récemment en organisant un colloque, via sa Direction Générale à la Recherche, sur le thème « Biotechnologies, agriculture durable et pays en développement ». En choisissant des ressortissants du Sud en majorité pro-OGM, elle comptait démontrer l’impatience de ces pays à adopter ces technologies. Mais, pour revenir à la France, en sélectionnant des chercheurs pro-OGM pour informer un panel de 14 citoyens sur les vignes transgéniques, l’Inra n’avait-il pas biaisé aussi le jeu ? Plusieurs organisations ont d’ailleurs fortement critiqué la méthode utilisée (cf. Inf’OGM n°38).

Mais qu’ont-ils tous à s’acharner ainsi à vouloir nous faire ingurgiter de force des aliments rejetés par 70% de la population ? L’argent ? Le scientisme ? L’inconscience ?

Quant aux motivations des résistants aux OGM, elles sont claires les risques – scientifiques, économiques, éthiques – ne valent pas la peine d’être pris car d’autres solutions, durables, existent.

Au nom de ce combat, des militants sont poursuivis. Dans quel monde vivons-nous ?

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