n°60 - janvier 2005Tribune

OGM chimérique : une alouette (pour le miroir) et un cheval (de Troie)

Par Jacques TESTART

Publié le 31/12/2004

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Comment faire accepter par les populations une innovation qui ne leur est d’aucun bénéfice et présente des risques incontrôlables ? Les promoteurs des plantes génétiquement modifiées (PGM) s’ingénuent depuis dix ans à en faire miroiter des applications littéralement extraordinaires, orientées surtout vers la santé humaine. Sur ce terrain de choix parce qu’il permet de convaincre en apitoyant, il y eut d’abord un riz “el dorado” (golden rice) qui permettrait aux populations souffrant de carences alimentaires de complémenter leur régime en vitamine A, ou encore des bananes et tomates dopées de vertus vaccinales.

Puis vint le maïs fabriquant une enzyme (lipase gastrique de chien) capable de soulager les souffrances d’enfants atteints de mucoviscidose. Ensuite cette herbe banale (arabette des dames) modifiée pour détecter les mines antipersonnelles. Enfin le pavot dont la chaîne de synthèse de la morphine se trouve bloquée à l’étape de la réticuline, une substance efficace contre le paludisme. Bilan annoncé : des plantes alimentaires secrétant des médicaments contre carences ou maladies, une herbe sauvage devenue sentinelle vigilante des suites de guerre, une plante maléfique (pour drogués) détournée vers la guérison de multitudes innocentes (cf. aussi page « Recherche et environnement »)…

Comment résister à de telles propositions ? Sauf en vérifiant que “ça marche” aussi bien que le promet la “pub OGM”, et en exigeant que toute production de médicaments, par un alambic ou une PGM, soit confinée dans un espace clos.

Etonnament, ces miracles génétiques ne vivent que le temps d’opérations cycliques de propagande, puis laissent la place à de nouveaux miracles… Une question mérite alors d’être posée : comment se fait-il que ces merveilleux végétaux n’aient pu s’épanouir dans des pays, comme les USA, où l’opposition aux PGM reste impuissante ? La même chose est arrivée avec l’annonce réitérée de mammifères produisant dans leur lait des substances utiles (hormone de croissance, soie d’araignée,…). En fait, ces plantes et animaux GM ne sont jamais compétitifs par rapport aux OGM unicellulaires cultivés en fermenteurs.

Le comble du paradoxe n’est-il pas alors que ceux qui soupçonnent ces PGM séductrices de n’être qu’un cheval de Troie sont accusés d’”obscurantisme”. Nouvelle opération de passe-passe : l’obscurantiste est aujourd’hui celui qui ne croit pas aux miracles ! Étonnant ? non ! Opinion Grossièrement Manipulée !

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