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La sénatrice Marie-Christine Blandin saisit le HCB sur la valeur scientifique d’études innocentant les OGM

Par Inf’OGM

Publié le 16/12/2013

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Le 13 décembre 2013, Madame la sénatrice Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord, informait Inf’OGM avoir saisi le 7 novembre 2013 le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) au sujet d’une publication largement mise en avant par les partisans des OGM lors de « l’affaire » déclenchée à la suite de la publication du Pr Séralini sur le maïs NK603 et le Roundup®.

Un article [1], paru dans la revue Food and Chemical Toxicology (la même qui a publié l’article de Gilles-Eric Séralini), fait une revue d’articles sur les OGM et donne une conclusion tranchée : « les études examinées apportent la preuve montrant que les plantes génétiquement modifiées sont équivalentes au plan nutritionnel à leurs homologues non génétiquement modifiés et qu’elles peuvent être utilisées sans risque en alimentation humaine et animale » [2]. Il a été largement cité, notamment lors d’une mémorable journée organisée par l’OPECST [3] où deux des auteurs étaient présents : Agnès Ricroch, connue pour avoir lancé de fausses rumeurs sur le moratoire du MON810 [4] et Gérard Pascal, ex-expert de la Commission du Génie Biomoléculaire.

Marie-Christine Blandin suit le dossier des OGM de très près depuis longtemps et on se souvient, entre autres, de sa brillante co-présidence du groupe OGM du Grenelle de l’Environnement. Sa fonction de sénatrice lui permet, selon la loi ayant institué le HCB, de saisir cette instance et c’est ce qu’elle a fait le 7 novembre dernier. La date est d’importance, car la sénatrice précise : « La publication de l’équipe du Professeur Gilles-Eric Séralini (…) a déclenché un tollé médiatique et des réactions inhabituellement vives du monde des experts. C’est donc à distance de ces événements, afin de se placer dans un contexte aussi serein que possible, que cette saisine est proposée ». Depuis, l’article de l’équipe du Pr Séralini a été retiré de la revue Food and Chemical Toxicology et la polémique a repris de plus belle [5].

La valeur d’une telle synthèse d’articles repose essentiellement sur la valeur de chacune des publications considérées. Madame Blandin demande donc si, pour chaque publication de base, la puissance statistique est fournie et si elle est suffisante (si ce n’était pas le cas, ces publications n’auraient en effet aucune valeur informative [6]). D’une manière générale, elle demande aussi si la conclusion de l’article, telle que citée ci-dessus, est scientifiquement recevable.

La balle est maintenant dans le camp du HCB. Outre l’intérêt pour la science saine de la réponse qui sera rendue, il sera instructif de comparer la manière dont a été traitée la saisine sur la publication de Séralini (audition sous forme de tribunal, conférence de presse accusatrice…) avec celle dont sera traitée celle-ci. Science saine et neutralité des experts ? On en saura plus dans quelque temps…

[1Chelsea Snell, Aude Bernheim, Jean-Baptiste Bergé, Marcel Kuntz, Gérard Pascal, Alain Paris, Agnès E. Ricroch (2012) « Assessment of the health impact of GM plant diets in long-term and multigenerational animal feeding trials : A literature review » Food and Chemical Toxicology 50 : 1134–1148.

[2texte original : « The studies reviewed present evidence to show that GM plants are nutritionally equivalent to their non-GM counterparts and can be safely used in food and feed  »

[3Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Techniques, rapport « Quelles leçons à tirer de l’étude sur le maïs transgénique NK603 ? », http://www.senat.fr/rap/r12-409/r12-409.html

[4Agnès Ricroch, Marcel Kuntz, Philippe Joudrier et Louis-Marie Houdebine : « La science déshonorée », La Croix, 7 février 2008, http://nonaumoratoire.free.fr/LaCroix20080208.htm

[6Inf’OGM a publié une analyse détaillée de ces lacunes et insuffisances : Inf’OGM, « Expertise des OGM : l’évaluation tourne le dos à la science », Inf’OGM, 9 octobre 2012

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