Actualités

Cultures OGM en 2012 : 2%, 4% ou 12% des surfaces agricoles mondiales ?

Par Christophe NOISETTE

Publié le 06/03/2013

Partager

Foin des polémiques ! Sur le dossier des OGM, elles ne sont déjà que trop nombreuses pour ne pas en ajouter de fausses. Dans cet article, Inf’OGM dévoile le dessous des chiffres des surfaces cultivées, et prouve, sources officielles à l’appui, que l’Association française des biotechnologies agricoles (AFBV) tente de donner un poids aux plantes génétiquement modifiées (PGM) qu’elles n’ont pas.

Gil Kressmann, porte-parole de l’Association française des biotechnologies agricoles (AFBV) a écrit à Inf’OGM pour contester notre analyse des dernières statistiques de l’Isaaa. Il nous indique : « Je voudrais vous faire remarquer que vous êtes sans doute mal informés sur les surfaces cultivables dans le monde et donc que votre commentaire sur la part prise par les PGM est biaisé. Vous écrivez en effet dans votre article : ’’ Si la surface couverte avec des PGM est importante, elle continue de ne représenter qu’un faible pourcentage des surfaces agricoles mondiales (entre 3 et 5% selon les sources)’’. Or selon les sources les plus officielles, le chiffre des terres cultivables dans le monde s’élève à environ 1,5 ou 1,8 milliards d’hectares. […] Ainsi selon ces deux sources les PGM, avec 170,3 millions d’hectares, représenteraient entre 9,5 % et 11 % des surfaces agricoles[…]. L’écart va donc du simple au double avec votre commentaire ».

Le plus simple est de citer ses sources : les nôtres proviennent de la FAO [1].

Pour la FAO, et en arrondissant les chiffres, la superficie agricole mondiale [2] est de 5,016 milliards d’hectares. Elle comprend 3,486 milliards de pâturages permanents [3] ; 1,399 milliards d’hectares de terres arables [4] ; et 0,130 000 milliards d’hectares de cultures permanentes [5].

Dès lors, la question est de savoir par rapport à quelle superficie on compare les surfaces d’OGM. On peut dire que les 170,3 millions d’hectares de PGM représentent 3,4% de la superficie agricole mondiale (nous écrivions entre 3 et 5%), ou encore 12,2% des terres arables (ce qu’écrit l’AFBV, mais en se trompant de définition, puisqu’elle mentionne les terres cultivées et non cultivables).

Inf’OGM considère que seule la superficie agricole mondiale est pertinente pour calculer la proportion des PGM dans l’agriculture mondiale, afin de tenir compte aussi des pâturages. En effet, les PGM servent principalement à nourrir le bétail. Dans de nombreux pays, le bétail n’est pas nourri avec la ration « maïs + soja », mais pâture dans les champs. Cela est d’autant plus vrai dans certaines régions où les sols sont de mauvaise qualité et où l’élevage est une source importante d’alimentation.

Nous aurions pu aussi, il est vrai, introduire dans les surfaces utiles à l’alimentation, les quatre milliards d’hectares de forêts. En effet, selon la FAO, la forêt est une ressource importante pour l’alimentation. Quelques chiffres pour s’en rendre compte : « plus de 50 millions de personnes en Inde seulement, dépendent directement des forêts pour leur subsistance » ; au Laos « les aliments sauvages sont consommés quotidiennement par 80% de la population » ; « dans au moins 62 pays du monde entier, la faune sauvage et les poissons fournissent au moins 20% des protéines animales entrant dans les régimes alimentaires ruraux » ; ou encore «  la récolte annuelle totale de viande de brousse [en Afrique centrale] s’élève à plus d’un million de tonnes annuellement – l’équivalent de près de quatre millions de têtes de bétail ». Ainsi, si on intègre les forêts, les cultures de PGM représentent moins de 2% des surfaces utiles à l’alimentation…

Il est bien évident que cette « méprise » de l’AFBV n’est pas neutre : suivant que l’on souhaite montrer un fort ou faible développement, le référentiel choisi favorisera un fort ou faible pourcentage de PGM. Remercions cependant l’AFBV pour son commentaire qui nous a obligés à préciser nos chiffres et nos sources.

[1Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, http://www.fao.org/docrep/006/Y5160… 

[2selon la FAO, Superficie agricole = Somme de la superficie des terres arables + des terres sous cultures permanentes + des prairies et pâturages permanents.

[3pâturages permanents : terres consacrées de façon permanente (cinq ans au minimum) aux herbacées fourragères, cultivées ou sauvages (prairies sauvages ou pâturages)

[4terres arables : terres affectées aux cultures temporaires (les superficies récoltées deux fois n’étant comptées qu’une fois), prairies temporaires à faucher ou à pâturer, jardins maraîchers ou potagers et terres en jachères temporaires (moins de cinq ans)

[5cultures permanentes : terres consacrées à des cultures qui occupent le terrain pendant de longues périodes et ne doivent pas être replantées après chaque récolte}

Actualités
Faq
A lire également