INTRODUCTION : POURQUOI LES OGM (ET LA BIOTECHNOLOGIE) EN THERAPEUTIQUE
Malgré les progrès constants que fait la chimie de synthèse pour mettre au point de nouvelles molécules à usage thérapeutique, malgré les progrès réalisés dans le ciblage des activités pharmacologiques et la spécificité des pharmacophores, il est reconnu que certaines affections ou certaines approches thérapeutiques font appel et feront appel à des macromolécules non accessibles à la chimie de synthèse. Deux exemples peuvent illustrer ce constat. Celui du traitement du diabète de type 1, pour lequel la seule thérapeutique efficace reste l’insuline ou ses dérivés, et celui de la vaccination, pour laquelle les antigènes utilisés ont toujours été des mélanges de macromolécules (protéines de surface des agents infectieux, polysaccharides complexes, etc.).
Ces macromolécules complexes (nous envisagerons pour le reste de ce document, les protéines exclusivement) ont été initialement obtenues par extraction à partir du monde du vivant, ceci incluant le règne animal et végétal. C’est ainsi que dès le début du siècle, et pour rester dans l’exemple du diabète, l’Homme a recherché sa thérapeutique dans l’insuline extraite du bœuf ou du porc. On peut aussi prendre l’exemple des facteurs de coagulation qui ont été extraits du sang humain ou encore le traitement des sujets immunodéprimés par injection de solutions d’immunoglobulines polyvalentes qui ne peuvent, compte tenu de la diversité et complexité de leurs structures, qu’être extraites du sang humain.
Ainsi, en fonction de la protéine d’intérêt, et de la barrière d’espèce, les sources d’approvisionnement ont été et sont plus ou moins restreintes. L’avènement du génie génétique et le développement des organismes génétiquement modifiés (OGM) a permis, au début des années 1980, d’envisager la mise au point de nouvelles sources d’approvisionnement pour obtenir des protéines en quantité et qualité suffisante, voire de créer de nouvelles protéines d’intérêt pour la thérapeutique (et notamment les anticorps monoclonaux et leurs dérivés) qui n’étaient pas accessibles à partir de tissus ou fluides animaux ou humains. Les OGM sont donc utilisés comme système de production de protéines qui sont dites « protéines recombinantes » puisqu’elles sont produites par des organismes dont le génome a été « recombiné » pour exprimer un transgène et produire une protéine exogène. Enfin, la maîtrise des OGM a permis de les utiliser pour vectoriser des séquences d’ADN chez les patients et d’aborder ainsi une ère nouvelle, celle de la thérapie génique.
On distinguera donc trois grandes catégories d’OGM utilisés pour la thérapeutique :
. les OGM utilisés en milieu confiné pour la production de protéines thérapeutiques,
. les OGM utilisés en milieu « ouvert » pour la production de protéines thérapeutiques,
. les OGM qui constituent par eux-mêmes un médicament, ou vecteur thérapeutique, les produits de thérapie génique.
Pour chacune de ces trois catégories de produits, après avoir présenté brièvement leur mode d’utilisation, seront présentées les mesures prises pour s’assurer de la sécurité d’emploi des produits qui en résultent.