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Nouveaux OGM : les Britanniques plébiscitent l’étiquetage

Par Christophe NOISETTE

Publié le 31/05/2023

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L’Agence britannique des normes alimentaires (Food Standards Agency, FSA) a publié les résultats de son enquête auprès des consommateurs sur « la sélection de précision », une expression qui noie délibérément le poisson. Résultat : les sondés plébiscitent l’étiquetage et l’évaluation des produits issus des nouvelles techniques de modification génétique. L’entourloupe sémantique n’a pas eu l’effet escompté, semble-t-il…

L’Agence britannique des normes alimentaires (Food Standards Agency, FSA) a mené une enquête auprès des consommateurs pour connaître leur opinion de ce qu’elle appelle « la sélection de précision » [1]. Cette expression floue est en soi problématique. L’adjectif « précision » insinue l’idée d’une maîtrise de ces techniques, que ce n’est donc pas « dangereux », et facilite clairement l’acceptabilité sociale. Généralement, l’industrie, pour ne pas parler d’OGM ou de modification génétique, utilise l’expression « édition du génome », laquelle est non juridiquement fondée et biaisée. Mais de là à inventer une nouvelle expression pour parler des nouvelles techniques de modification génétique…

Rien d’étonnant à ce que la FSA mette en exergue, en premier lieu, que le niveau de sensibilité des consommateurs à ces technologies est faible. En effet, d’après son enquête, 75 % des personnes interrogées n’avaient pas entendu parler de « la sélection de précision ». Et la FSA note que, sur les 24 % qui en ont entendu parlé, seulement 8 % sait de quoi il s’agit.

Ce contexte sémantique biaise le sondage. Cependant, voici les résultats que la FSA met en avant. Tout d’abord la moitié des personnes interrogées pensent que les produits alimentaires issus de « la sélection de précision » devraient être disponibles à la vente au Royaume-Uni, alors que 29 % estiment qu’ils ne devraient pas l’être. Toutefois, précise la FSA, « les opinions ne sont pas très tranchées, 14 % des personnes interrogées estimant que ces produits devraient absolument être disponibles et 36 % pensant qu’ils devraient probablement l’être ». Probablement… Cet adverbe montre un engouement tout à fait relatif.

Ensuite, ils estiment que les avantages l’emportent sur les risques si la technologie est correctement réglementée, puisque la question leur est posée comme cela. Concrètement, ils ont tous plébiscité une évaluation rigoureuse répondant à des normes strictes puisqu’elle leur était opposée à une absence de règles. D’ailleurs, interrogés sur l’innocuité de ces produits, aucune majorité ne se dégage. En effet, 13 % pensent qu’ils sont vraiment sûrs, 36 % relativement sûrs (« fairly safe »), 28 % ne se prononcent pas (et pour cause…), 16 % pensent qu’ils sont relativement peu sûrs et 6 % pas du tout sûrs.

Évaluation des risques et étiquetage plébiscités

Les sondés ont enfin largement plébiscité un étiquetage. Pour eux, l’étiquetage est essentiel pour la transparence, et donc pour le choix des consommateurs et la confiance du public. 77 % des personnes interrogées estiment qu’il est important, lors de l’achat d’un produit alimentaire, de savoir s’il a été produit « avec précision », et près de la moitié (45 %) déclarent que ce serait « très » important. Et seulement 15 % estiment cette information pas importante (dont 3 % vraiment pas importantes).

Les réponses aux autres questions expriment globalement une indécision assez grande. Les personnes délibérément favorables ou défavorables restent minoritaires.

Ces résultats corroborent ceux d’un sondage commandé par Beyond GM, une association opposée aux OGM [2]. Ce dernier révélait que 79 % des Britanniques pensent que les cultures, les animaux et les aliments obtenus par « sélection de précision » devraient être clairement étiquetés sur l’emballage des aliments, et 83 % pensent que ces OGM devraient être strictement évalués.

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