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Etats-Unis : l’étiquetage des nouveaux OGM plébiscités

Par Christophe NOISETTE

Publié le 14/03/2023

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Trois sociologues de deux universités étasuniennes [1] ont publié, en février 2023, une étude qui rend compte de la perception des citoyens étasuniens des nouvelles techniques de modification génétique. Globalement autant sont prêts à les adopter qu’à les refuser (29%), mais ils sont majoritaires à souhaiter que ces produits soient étiquetés (75%).

Cette étude, réalisée auprès de 2000 personnes en septembre 2020, a été financée par le ministère de l’Agriculture (USDA) [2]. En voici les principaux résultats.

Tout d’abord, la plupart des Étasuniens interrogés sont indécis sur la question de savoir si les produits issus des nouvelles techniques de modification génétique leur seront directement bénéfiques (48,1 %), et ils sont plus nombreux à dire qu’il n’y aura aucun avantage que certains avantages (38,1 % contre 13,9 %).

Ensuite, l’étude parvient à une conclusion relativement classique : les personnes qui trouvent les nouveaux OGM acceptables ou qui se disent prêts à les consommer sont celles qui ont le plus confiance dans dans les institutions qui supervisent le développement de ces nouveaux OGM, en particulier la confiance dans les scientifiques universitaires. Ainsi, les citoyens susceptibles « d’adopter » ces produits (29%) ont une « une grande confiance dans les organismes gouvernementaux de réglementation alimentaire et dans l’industrie biotechnologique » [3]. Ils sont également à peu près autant à ne pas vouloir les « adopter », notamment car ils se méfient des systèmes de réglementation actuels.

Mais le point le plus intéressant de cette étude est que 41 % des Étasuniens sont « incertains ». Ils ne savent pas à qui faire réellement confiance et ne savent donc pas s’ils peuvent se fier à ces produits issus des nouvelles techniques de modification génétique.

Enfin, les chercheurs affirment que 75 % des Étasuniens interrogés souhaitent que ces nouveaux OGM soient étiquetés. Ils sont néanmoins très peu à faire confiance aux agences gouvernementales habilitées à gérer cet étiquetage. Les chercheurs concluent donc que, pour augmenter la confiance du public dans l’étiquetage, il faudrait mettre en place « une surveillance tripartite par les universités, les groupes de défense des consommateurs et de l’environnement et les organismes gouvernementaux ». Les auteurs soulignent également que « cette préférence pour l’étiquetage s’aligne sur les résultats de recherche émergents parmi les segments des populations européennes (Ferrari et al. 2021 ; FSA 2021) ». De même, ce résultat est cohérent avec les souhaits du public en matière d’étiquetage des produits alimentaires nanotechnologiques, où certains consommateurs considèrent les étiquettes comme « un droit à l’information », tandis que d’autres estiment que les étiquettes servent de « mise en garde contre l’achat ».

[1Iowa State University et North Carolina State University

[2Lindberg, S. A., Peters, D. J., & Cummings, C. L., « Gene‐Edited Food Adoption Intentions and Institutional Trust in the United States : Benefits, Acceptance, and Labeling », Rural Sociology, 23 février 2023.

[3Les auteurs précisent : « Dans cette étude, les intentions d’adoption correspondent à la volonté d’une personne d’accepter ou de consommer des aliments génétiquement édités (AGE), de les considérer comme bénéfiques et de ne pas se préoccuper des étiquettes des AGE ».

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