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Europe : les cultures transgéniques n’en finissent pas de mourir

Par Christophe NOISETTE

Publié le 15/11/2022

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Dans l’Union européenne, les chiffres des surfaces cultivées avec l’unique OGM transgénique autorisé à la culture, le maïs MON810, viennent d’être publiés. Et c’est la dégringolade : un tiers de moins par rapport à l’année dernière. En Espagne, comme au Portugal, les surfaces transgéniques passent, pour ces deux pays réunis, sous la barre des 100 000 hectares.

En 2016, le maïs MON810, génétiquement modifié pour produire un insecticide contre la pyrale, était cultivé sur 136 338 hectares (ha) dans quatre pays européens… C’était la dernière année au cours de laquelle la Slovaquie et la République tchèque en semaient [1]. Depuis, en Espagne et au Portugal, les surfaces se sont littéralement effondrées [2] [3].

Évolution des surfaces transgéniques entre 2021 et 2022
2021 2022
Espagne 96 606 ha 67 620 ha (-30 %)
Portugal 4 321 ha 2 290 ha (-47 %)
UE 100 927 ha 69 910 ha (-31 %)

Ces cultures transgéniques représentent aussi un très faible pourcentage de la sole globale de maïs dans ces deux pays. En Espagne, Eurostat annonce, en 2022, 314 700 ha de maïs grain et 108 170 ha de maïs « vert » (principalement destiné à l’ensilage), soit un total de 422 870 hectares… et pour le Portugal, ce serait 78 190 hectares et 71 060 hectares, soit un total de 149 250 hectares [4]. Ainsi, le maïs MON810 représente 16 % de la sole espagnole de maïs et 1,5 % de la sole portugaise. À titre indicatif, en 2014, le maïs MON810 représentait 32 % de la sole espagnole.

Un OGM peut en cacher un autre

Ces chiffres peuvent en partie expliquer le débat actuel sur les nouveaux OGM au sein de l’Union européenne. La Commission européenne, les industries agro-semencières, les syndicats agricoles majoritaires, comme la FNSEA et son homologue européen Copa-Cogeca, se mobilisent pour déréglementer les plantes OGM produites avec d’autres techniques de modification génétique (mutagénèse dirigée, cisgenèse) dites « nouvelles ». L’enjeu est de taille pour eux. Les OGM transgéniques, du fait de la réglementation qui apportait une certaine transparence, ont eu du mal à être autorisés à la culture (beaucoup sont autorisés par contre à l’importation). Au final, seul le maïs MON810 est autorisé à la culture. Cette transparence a aussi permis aux éleveurs, paysans et consommateurs, dans la mesure du possible, de refuser de cultiver et de consommer les plantes transgéniques. Les chiffres que nous évoquons dans cet article confirment le peu d’enthousiasme pour ces variétés de maïs MON810.

Mais en l’absence d’évaluation, d’autorisation, d’étiquetage… les OGM pourraient alors se répandre dans les champs et dans les assiettes plus facilement, sans rencontrer d’opposition.

Actuellement, quelques OGM issus de techniques de mutagénèse aléatoire appliquée sur des cellules isolées cultivées in vitro sont déjà semés, dans la plus grande opacité, dans les champs européens. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a déclaré que ces OGM devaient être réglementés comme les OGM transgéniques. Mais les autorités européennes et nationales n’ont pas pris de mesures pour les encadrer. Au contraire, elles cherchent par tous les moyens à empêcher l’application stricte de la décision de 2018 de la CJUE [5].

Quid des surfaces transgéniques à l’international ?

Au niveau international, il est plus difficile de se rendre compte de la situation réelle dans les champs. Curieusement, l’Isaaa, une organisation favorable aux OGM qui recensait scrupuleusement les surfaces transgéniques dans le monde depuis 1996, a arrêté ce travail en 2020. Son dernier rapport évoque donc les surfaces en 2019. Ce rapport notait alors une légère baisse, entre 2018 et 2019, de 1,3 million d’hectares (-0,7 %), les surfaces passant de 191,7 millions d’hectares à 190,4 millions d’hectares [6].

Inf’OGM s’efforce, dans les limites de la transparence des chiffres, de suivre ces évolutions. Mais les autorités et les industries agro-semencières sont réticentes à nous répondre. Les quelques données récoltées ne montrent pas d’augmentation spectaculaire des surfaces cultivées en OGM. La progression la plus notable se situe en Afrique. Dernièrement, plusieurs pays ont autorisé des OGM transgéniques et commencent à en cultiver. Les informations que nous avons réussi à obtenir, souvent grâce aux notes du Département étasunien à l’Agriculture (USDA), sont visibles sur cette page : https://www.infogm.org/4740.

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