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UE – statu quo des cultures OGM transgéniques

Par Christophe NOISETTE

Publié le 23/11/2021

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Le maïs MON810, le seul maïs transgénique autorisé à la culture dans l’Union européenne, n’a pas le vent en poupe. Les surfaces ensemencées avec ce maïs ont encore baissé entre 2020 et 2021, passant de 102 367 hectares à 100 927 hectares (-1.4%).

L’année 2021 est, pour les cultures transgéniques, une nouvelle année de statu quo. Cultivée uniquement en Espagne et au Portugal, une seule plante est toujours autorisée à la culture : le maïs MON810…. Et les surfaces ont légèrement diminué, passant de 102 367 hectares en 2020 à 100 926 en 2021 (soit une baisse de 1,4%). Ce chiffre global masque en réalité une petite différence car, au Portugal, la surface a augmenté d’une centaine d’hectares alors qu’elle a baissé de 2 000 hectares en Espagne.

Évolution des surfaces de maïs transgénique
2019 2020 2021
Espagne 107 127 Ha (soit 22,6 % du maïs) 98 152 Ha (21,4 %) 96 606 Ha (21,1%)
Portugal 4 718 Ha (soit 3,2% du maïs) 4 215 Ha (2,9%) 4 321 Ha (3%)
Total 111 845 Ha (-7,5%) 102 367 Ha (-8,5%) 100 927 Ha (-1,4%)

Une baisse constante depuis 2016

La baisse des surfaces de cultures transgéniques dans l’Union européenne est constante depuis 2016, année durant laquelle le maïs MON810 était cultivé sur 136 338 hectares dans 4 pays sur 27 (soit 0,9 % du maïs européen). En 2021, le maïs transgénique représente 0,7% de la sole globale de maïs de l’Union européenne (27 États membres donc, sans le Royaume Uni).

En Espagne, si, au cours des trois premières années, cette baisse pouvait s’expliquer par la réduction globale de la superficie de maïs, cette dernière a pourtant augmenté au niveau national entre 2018 et 2019, puis a baissé entre 2019 et 2020, sans retrouver son niveau de 2018. D’après les estimations d’Eurostat, la sole de maïs en Espagne sera quasi identique entre 2020 et 2021.

De meilleurs rendements avec le maïs MON810 ?

Eurostat donne aussi le volume récolté sur ces surfaces (cf. tableau ci-dessous). Ainsi, on peut calculer le rendement annuel. Le rendement de 2016 est inférieur à celui de 2020, par exemple, alors que les surfaces transgéniques sont d’un quart moins importantes en 2020. La fluctuation des rendements est liée à de très nombreux facteurs, et il est pour ainsi dire impossible d’en déterminer la part liée à l’utilisation de variétés transgéniques. Les études qui évoquent des gains précis pour les cultures transgéniques sont grandement hypothétiques et basées sur des extrapolations. Ainsi le journal espagnol El Economista cite, sans le nuancer, sans le mettre en perspective, le travail Graham Brookes [1] qui affirme qu’ « en 21 ans, la culture du maïs Bt a permis aux agriculteurs espagnols et portugais d’obtenir une production supplémentaire de 1,89 million de tonnes (chiffre cumulé), en utilisant moins de ressources et en contribuant à réduire la pression sur des ressources rares comme l’eau. Pour atteindre ces niveaux de production avec le maïs conventionnel, il aurait fallu cultiver 15 240 hectares supplémentaires de terres agricoles dans les deux pays ». D’ailleurs, Brookes, dans son étude, écrit que le MON810 a été autorisé en 2003 dans l’UE alors que la décision date en réalité de 1998 [2].

Concrètement, Brookes annonce que « la technologie GM IR a augmenté de 1,89 million de tonnes de maïs la production depuis 1998 ». Ce chiffre n’est pas corroboré par les données d’Eurostat. Surtout, on notera que les fluctuations de rendement et de production du maïs espagnol ont des points communs avec celles du maïs français, où le MON810 n’est pas cultivé.

Ainsi, si on ne prend pas en compte les données concernant l’amélioration de la productivité liée au maïs MON810, et si on fait confiance à Brookes sur l’économie de pesticide liée à l’utilisation de ce maïs génétiquement modifié pour lutter contre certains insectes parasites (-19 euros/ha en moyenne entre 1998 et 2018) et sur l’augmentation du prix des semences liées à la technologie (+36 euros/ha en moyenne entre 1998 et 2018), on s’aperçoit que, finalement, la culture de ce maïs MON810 a augmenté les coûts à l’hectare. Ceci explique plus précisément pourquoi, en définitive, les surfaces diminuent depuis quelques années dans la péninsule ibérique.

rendement en maïs « vert » (source Eurostat)
rendement (t/ha) 2012 2015 2017 2020
Espagne 39 41 36 37
France 37 33 39 23
Portugal 29 28 25 31
Rendement maïs grain
Rendement (t/ha) 2012 2015 2017 2020
Espagne 11,01 11,46 11,32 12,26
France 8,99 8,28 9,97 7,93
Portugal 8,30 8,45 8,61 9,35
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Cet article, répétons-le, ne s’intéresse qu’aux seuls OGM transgéniques. Pour les autres OGM, exemptés ou devant être réglementés, comme ceux issus de la mutagénèse appliquée sur des cultures cellulaires in vitro, aucune donnée ne permet de faire ce travail d’enquête. Pourtant, des colzas OGM, par exemple, sont cultivés dans l’Union européenne. Les surfaces totales d’OGM cultivés en Europe sont donc bien supérieures. Ceci illustre l’absence de transparence de l’Union européenne sur cette question des OGM non transgéniques.

Le maïs bio progresse, mais reste anecdotique


D’après Eurostat, la production de maïs bio en Espagne est passée de 676 hectares en 2018 à 908 hectares en 2019, puis à 1075 hectares en 2020. Les données pour 2021 ne sont pas encore connues.

Au Portugal, une progression est aussi constatée, même si ces cultures restent très marginales, passant de 137 hectares en 2018 à 162 hectares en 2019, puis à 340 hectares en 2020.

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