n°156 - juillet / octobre 2019

Inf’OGM, au coeur des luttes

Par BONZI Bénédicte

Publié le 11/07/2019

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Je me suis engagée dans le combat contre les OGM en 2007. Avant cela, je n’en pensais pas du bien, mais je ne savais pas vraiment quoi faire. Je me contentais d’être admirative du mouvement des Faucheurs volontaires, de suivre les sorties médiatiques de José Bové en pleine campagne présidentielle. Puis, après m’être installée dans le Vaucluse, j’ai eu le déclic !

À l’occasion d’une projection-débat autour d’un documentaire, il me semble que c’était, « We feed the world », je décide de ne plus me contenter de l’engagement des autres. Ce matin-là, des stands associatifs sont présents, je rejoins le groupe local de Greenpeace. Rapidement, je deviens référente sur la campagne OGM, je rencontre alors les autres associations du département du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Ensemble, nous constituons le collectif 13-84 sans OGM. Bref, j’ai commencé par mettre le petit doigt et j’ai plongé tout entière. L’engagement dans un combat tel que celui des OGM est une véritable aventure. Il s’agit à la fois d’un parcours d’obstacles et de rencontres extraordinaires. Jean-Baptiste Libouban (fondateur des Faucheurs), Arnaud Apoteker (Greenpeace), Guy Kastler (Confédération paysanne), Bob Brac (Bédé), Frédéric Jacquemart (ancien Président d’Inf’OGM), Christian Vélot (chercheur), etc. La résistance a çà d’incroyable qu’elle permet de découvrir des personnes qui marquent l’histoire que nous sommes en train d’écrire ensemble.

Un comité de rédaction ouvert et pointilleux

Inf’OGM est à cet égard assez atypique puisque l’association s’est donné pour rôle de décrire et d’analyser les faits pour rendre plus clair un débat obscur. Il s’agit d’un outil précieux pour tous, mais au-delà, Inf’OGM ce sont des personnes. Certaines sont de passage et d’autres en sont les piliers depuis le début. Depuis toujours de nombreux acteurs de la société civile engagés ici ou là se succèdent dans le conseil d’administration. Reflets de la diversité, ils prouvent l’importance de débattre et d’échanger. Car écrire dans Inf’OGM est depuis toujours un art de la confrontation.

Avez-vous l’impression quand vous lisez les articles qu’un groupe toujours d’accord s’entend pour dénoncer les méchantes multinationales ? Il n’en est rien ! Écrire un article, c’est se soumettre à un comité de rédaction et, croyez-moi, il est pointilleux. Il est indispensable de donner ses sources, de référencer, et d’être clair ! Inf’OGM dès sa création s’est appliqué à ne pas faire ce qui est dénoncé : rendre le débat opaque. À travers l’écriture, la société dialogue et laisse les traces d’une réflexion foisonnante.

Ma rencontre avec Inf’OGM a été déterminante dans mon engagement. Le collectif 13-84 s’est appuyé sur la rigueur d’Anne Furet, alors juriste à Inf’OGM et auteur du guide Ma commune sans OGM, pour mener une campagne efficace. L’objectif était de convaincre les maires de prendre des arrêtés et des délibérations contre les OGM. Le maire du Thor (84), Jacques Olivier, opposé aux OGM depuis longtemps, avait lancé le mouvement dans le département et à la région, où il était également élu, il fallait le consolider, nous l’avons fait !

La dynamique qui s’est mise en œuvre n’aurait pas été la même sans les supports d’Inf’OGM. En tant que bénévole, s’informer demande du temps qu’il est parfois difficile d’obtenir. L’existence d’une veille d’information aide considérablement.

Faire dialoguer les acteurs de la lutte

Ce rôle de faire du lien entre les acteurs est une force que j’ai vraiment comprise dans les quelques années où j’ai été à la présidence. Faire dialoguer des Personnalités dans les deux sens du terme, à la fois des personnes différentes mais aussi des personnes à forte conviction et revendication, n’est pas toujours aisé. Dans des contextes de tension et de désaccords propre à chaque lutte, la force d’Inf’OGM est de savoir ne pas prendre partie pour poursuivre son objet : exprimer une diversité d’opinions, fabriquer ensemble des outils, développer des connaissances et des compétences, faire en sorte que les acteurs se parlent malgré les crises qu’ils peuvent traverser.

Il était important pour moi dans ce numéro particulier de rappeler à qui l’aurait oublié que l’accès à une information claire et sourcée est la clé de la liberté. Mais cela a un coût. Si beaucoup de bénévoles mettent la main à la pâte pour permettre au journal d’être ce qu’il est, ce dernier existe grâce aux salariés. Or, le contexte actuel précarise le milieu associatif, chaque année c’est la course aux subventions ce qui restreint le temps alloué au travail de fond et ce n’est pas normal !

En conclusion, je dirais que nous avons beaucoup de chance d’avoir un tel outil en France et que c’est notre responsabilité à tous d’en prendre soin, car hélas, le besoin de connaissance sur le sujet des biotechnologies est encore plus urgent qu’il y a 20 ans !

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