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BURKINA FASO – Les moustiques transgéniques disséminés

Par Christophe NOISETTE

Publié le 03/07/2019, modifié le 01/12/2023

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Le 1er juillet 2019, le projet Target Malaria a disséminé dans l’environnement des milliers de moustiques mâles génétiquement modifiés par transgenèse pour être stériles.

La première étape du projet Target Malaria a été franchie le 1er juillet 2019. Interrogée par Inf’OGM, Delphine Thizy [1], salariée de ce projet, vient de nous confirmer le lâcher d’environ 6 400 moustiques transgéniques. Première étape car il ne s’agit pas encore de moustiques modifiés par forçage génétique, but ultime de ce projet [2]. Le forçage génétique est censé réduire drastiquement la population de moustiques Anopheles gambiae, un des moustiques vecteurs du paludisme. Cette première étape n’a pas vocation à réduire la population de ces moustiques.

Elle nous précise aussi : « La population locale a montré son soutien au lâcher et le comité de suivi était présent pour ce lâcher (comité composé de membres de la communauté). Le lâcher a également été fait en présence de l’agence nationale de biosécurité et du comité d’éthique« .

Un « choix dangereux » pour la société civile

Autre son de cloche du côté de la société civile. Le Collectif Citoyen pour l’Agro-Écologie (CCAE) et la Coalition africaine pour la protection du patrimoine génétique (Copagen) ont, dans un communiqué de presse commun, « rappelé que ce lâcher-test intervient en totale négation de l’éthique de la vie humaine et en violation des lois et conventions nationales et internationales dont le Burkina Faso est signataire ». Ces organisations regrettent donc que « le projet Target Malaria et le Gouvernement du Burkina Faso [aient] fait le choix dangereux […] d’exposer les populations et leur milieu de vie à des situations aux évolutions incertaines ». Ainsi, elles « saisiront les juridictions compétentes sur le non-respect des dispositions relatives à l’évaluation des risques biotechnologiques ».

Le projet Target Malaria prévoit de réaliser des « recaptures intensives et journalières » de moustiques pendant une dizaine de jours. Delphine Thizy nous précise que « les moustiques recapturés seront analysés pour voir, premièrement, s’il s’agit des moustiques lâchés (ils ont été poudrés avec une poudre fluorescente) et, deuxièmement, s’ils sont porteurs de la modification. Les femelles collectées seront aussi analysées pour voir si elles ont été inséminées par des moustiques modifiés ». Inf’OGM recontactera les responsables de ce projet pour connaître les résultats. Nous espérons qu’ils seront publiés in extenso afin que des observateurs indépendants puissent donner un avis précis et détaillé sur cette dissémination.

[1Département des Sciences de la Vie, Imperial College de Londres

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