Ainsi, Emmanuelle Charpentier, qui revendique la maternité sur Crispr/Cas9, un outil du « design genome », renvoie le débat éthique aux usagers. Pourtant il y a un dessin / dessein derrière le design génomique fondée sur une conception scientifique proche du fonctionnalisme. De même, l’autrice décrit l’agriculture industrielle comme quelque chose qui pense à la place des agriculteurs et les invite à exclure tout ce qui gêne, à l’opposé du design permaculturel et de l’agriculture paysanne.
À partir de là, Nicole Pignier propose de « se défaire de la corrélation communément admise entre progrès technique, progrès scientifique, progrès moral, progrès sociétal ». Dans l’agriculture paysanne, « ce n’est pas la technique que l’on remet en cause mais une efficacité technique autocentrée (…) La visée éthique [se fonde] sur un design technique ad hoc, entièrement conçu pour et par l’ajustement avec la nature ». Elle propose alors le concept de « design des milieux paysagers », un concept qui permet de « faire travailler les compétences ensemble afin qu’ensemble elles travaillent la Terre de façon vivable pour toutes les sensibilités culturelles ».
Sortir du dualisme Nature et Culture
Dans cet ouvrage dense, Nicole Pignier, sémioticienne, nous invite à une réflexion sur les différentes pratiques agricoles : certaines désignent (au sens de dessin et de dessein) avec le vivant, d’autres indifféremment du vivant, et certaines « à rebours du vivant ».

SOMMAIRE : n°150, mai / juin 2018
← Peut-on réguler la biologie synthétique ? Bientôt des moutons OGM réservoirs d’organes humains ? →
← Peut-on réguler la biologie synthétique ? Bientôt des moutons OGM réservoirs d’organes humains ? →
Le Design et le Vivant - Cultures, agricultures et milieux paysagers, Nicole Pignier, Éd. CS, 2017, 182 p., 16,50 €