n°150 - mai / juin 2018Ressource extérieure

Peut-on réguler la biologie synthétique ?

Par Jacques DANDELOT

Publié le 07/05/2018, modifié le 01/12/2023

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À la question, « la sociologie est-elle un sport de combat ? », on peut assurément répondre oui après avoir lu cet ouvrage. Ce texte de Sara Angeli Aguiton, docteure en sociologie, peut se lire comme un thriller où vous croiserez des chercheurs, des sociologues, des philosophes, des institutions étasuniennes et françaises mais aussi des agents spéciaux du FBI, de dynamiques équipes étudiant.e.s du concours IGEM (compétition internationale de biologie de synthèse organisée chaque année à Boston) et même des Biohackers de la Paillasse à Paris…

L’ADN peut-il être découpé et agencé à volonté afin de créer des organismes fonctionnels et utiles ? Un virus éteint peut-il être refabriqué en laboratoire, puis envoyé par voie postale à un chercheur qui en aurait fait la commande par Internet ? Un débat public a-t-il prise sur ce type de biotechnologie ? Voilà un court aperçu de quelques-unes des questions posées dans cet étonnant travail.

Grâce à une enquête sociologique menée en France et aux États-Unis, l’ouvrage suit les anthropologues qui se sont embarqués (comme des reporters de guerre embedded) dans les laboratoires pour donner une orientation éthique aux recherches, les débats publics qui ont été organisés pour démocratiser la biologie synthétique, ou encore les partenariats entre a-gents du FBI, scientifiques, industriels et biologistes amateurs visant à concilier innovation et « biosécurité ».

L’autrice interroge le lien étroit entre leur mobilisation précoce par les acteurs et actrices de l’innovation et la faiblesse de leurs effets sur l’orientation des recherches. Structurés par des intérêts techno-industriels, les dispositifs de gouvernement de la biologie synthétique sont surtout centrés sur la prévention de la contestation et du terrorisme…*

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