Fils d’agriculteur, ancien vétérinaire et gouverneur de l’État de Georgie (2003 - 2011), Sonny Perdue a, pendant les derniers mois de la campagne, apporté son soutien au Président élu en tant que conseiller sur les questions d’agriculture, même s’il soutenait au départ un autre candidat Républicain [1]. C’était l’un des premiers candidats que Donald J. Trump a auditionné pour le poste.
Avant d’entrer en politique, Sonny Perdue a fondé et dirigé une entreprise céréalière qui fabrique également des engrais [2]. Lorsqu’il quitte la fonction de gouverneur en 2011, il reprend ses activités antérieures et fonde par ailleurs Perdue Partners, une entreprise de négoce qui, comme le rapporte Bloomberg Business, vend un très large assortiment de produits (denrées alimentaires - oignons, cacahuètes, soja, épinards… -, aliments transformés et boissons, sauces et vinaigrettes, vin, produits de consommation dont la nourriture pour animaux et les produits de beauté…) [3].
Le roi des biotech et du business
Le choix de Sonny Perdue au secrétariat de l’Agriculture inquiète l’association des consommateurs biologiques (Organic Consumers Association), laquelle affirme qu’il est favorable aux entreprises industrielles, aux pesticides et aux cultures génétiquement modifiées. L’association dénonce ainsi le fait qu’il aurait reçu de l’argent de la part de Monsanto et d’autres entreprises qui commercialisent des pesticides pour financer ses campagnes pour le poste de gouverneur [4].
Les inquiétudes sont d’autant plus vives qu’en 2009 l’Organisation de l’innovation biotechnologique (Biotechnology Innovation Organization), un groupe représentant et défendant les intérêts des entreprises de biotechnologie, des institutions académiques, des centres étatiques de biotechnologie, et d’autres organisations liées aux biotechnologies, a élu Sonny Perdue gouverneur de l’année. Selon Jim Greenwood, le Président de l’association, « le soutien du gouverneur Perdue aux biotechnologies a été vital pour le succès de notre industrie en Géorgie » [5]. Il louait notamment les programmes du gouverneur dans la création du Georgia Bioscience seed fund, décrit comme le premier Programme de capital d’amorçage et de fonds pour les équipements spécialement dédiés à l’industrie des biotechnologies.
La foi de Sonny Perdue dans les biotechnologies et le discours sur la possibilité de maîtriser le vivant qui les accompagne ne l’empêche pas pour autant de faire appel à Dieu quand le climat n’est pas clément. C’est ainsi qu’il a conduit en 2007 une prière publique pour mettre fin à la sécheresse qui frappait l’état de Géorgie. Il affirmait : « Je suis ici aujourd’hui pour faire appel à vous et à tous les Géorgiens et à tous ceux qui croient dans le pouvoir de la prière pour demander à Dieu d’accorder à notre état, notre région, notre nation, la bénédiction de l’eau » [6].
Si sa nomination est approuvée par le Sénat, Sonny Perdue aura en charge plusieurs programmes dans lesquels certains Républicains au Congrès ont suggéré de tailler. Ces programmes incluent l’aide alimentaire aux pauvres, l’aide financière aux agriculteurs, et de nouveaux standards pour les cantines scolaires.
Et les autres Administrations compétentes en matière d’OGM ?
Le Département de l’agriculture des États-Unis encadre la culture, l’importation et le transport de certains OGM. A ce titre, le Secrétaire d’État à l’agriculture peut interdire ou restreindre ces activités et les soumettre à une demande de permis ou à une notification [7]. Après des essais en champ, il peut aussi accorder le statut de « non-réglementé » à la plante GM, statut qui permet sa culture et son transport sans les restrictions pouvant être imposées par un permis.
A côté du Département de l’agriculture, deux autres administrations fédérales peuvent intervenir en matière d’OGM : l’Administration de l’alimentation et du médicament d’une part, et l’Agence de protection de l’environnement d’autre part. La première est chargée d’assurer la sécurité des médicaments et des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux, notamment lorsqu’ils sont issus d’OGM. Quant à la seconde, elle encadre principalement l’utilisation de pesticides dans ou sur l’alimentation humaine ou animale, et à ce titre est amenée à encadrer les plantes GM produisant un pesticide.
Malgré la forte opposition des environnementalistes, de la majorité des sénateurs démocrates et même de ses membres, le Sénat a confirmé la nomination de Scott Pruitt à la tête de l’Agence de protection de l’environnement le 17 février dernier (52 voix pour 46 contre [8]). Connu pour son climato-scepticisme, Scott Pruitt a poursuivi 14 fois l’Agence de protection de l’environnement lorsqu’il était procureur général de l’État de l’Oklahoma. Sa nomination paraissait compromise alors qu’un juge de l’Oklahoma l’avait enjoint, la semaine même où sa nomination a eu lieu, de remettre plus de mille courriers électroniques échangés avec de grandes entreprises de charbon, de pétrole et de gaz lorsqu’il était procureur général. Ce jugement n’aura ni retardé ni empêché la nomination de Scott Pruitt [9].
Cette nomination intervient après le dépôt, le 3 février, d’un projet de loi de l’élu Républicain Matt Gaetz prévoyant de mettre fin à l’Agence de protection de l’environnement dès le 31 décembre 2018 [10].