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FRANCE – Peuplier OGM : l’Inra met fin à son essai

Par Christophe NOISETTE

Publié le 15/07/2013

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Le 20 décembre 2012, le gouvernement enregistrait une demande de l’Inra pour avoir le droit de poursuivre pour cinq ans un essai en champ de peupliers génétiquement modifiés dont l’autorisation se terminait le 31 décembre 2012 [1]. L’institut vient d’annoncer, par voie de presse [2] qu’ « en l’absence d’une nouvelle autorisation à poursuivre ses travaux scientifiques utilisant des peupliers génétiquement modifiés, l’Inra a procédé le samedi 13 juillet 2013 à l’arrêt de son essai conduit en plein champ dans le Loiret ». Le but de cet essai – qui avait commencé en 1995 – était d’étudier les propriétés du peuplier dans le cadre de la production de pâtes à papier, puis d’agro-carburant.

Le Comité économique, éthique et social (CEES) du Haut conseil des biotechnologies (HCB) avait publié une recommandation défavorable à cet essai considérant que le projet industriel qui le sous-tendait n’était pas pertinent [3]. Quant au Comité scientifique du HCB, il n’avait pas décelé de « risques identifiables pour la santé humaine ou l’environnement ». Suite à ces avis, le ministère de l’Agriculture avait alors, comme la législation le prévoit, lancé une consultation du public qui s’est terminée le 27 mai 2013, dont on attend toujours la synthèse. Et l’Inra, qui considère que ce projet est de la recherche fondamentale du plus haut intérêt, n’a pas encore réussi à trouver de financements pour l’analyse des derniers prélèvements de bois…

L’Association française des biotechnologies végétales (AFBV), une association favorable à la culture de PGM, a, sans surprise, regretté la fin de cet essai. Dans son communiqué, elle précise que ceci confirme « le déclin de notre pays dans la recherche sur la transgenèse ». Cette crainte ne concerne que la transgenèse végétale destinée à l’agriculture. Or, pour les opposants au génie génétique, étant donné les risques, il serait bon de mobiliser la recherche publique non pas sur la production de PGM mais sur leur évaluation qui reste toujours aussi peu scientifique. Ceux que l’AFBV nomme les « obscurantistes » souhaitent en fait plus de recherche et aimeraient bien que des études de toxicologie à long terme soient rendues obligatoires. Et si la France se désengage d’une filière technologique dont les impacts sur les systèmes agraires se révèlent tous les jours de plus en plus importants, c’est aussi pour elle l’opportunité de développer d’autres approches agronomiques, comme l’agro-écologie. A l’heure du changement climatique, est-il plus pertinent de chercher à utiliser la biomasse comme substitut au pétrole, ou de développer des agricultures avec une plus forte résilience ? Dans son rapport consacré à l’agro-écologie, rendu au ministre de l’Agriculture [4], Marion Guillou, ancienne présidente – directrice de l’Inra, expose des initiatives concrètes et des propositions stratégiques qui permettent de concilier compétitivité et respect de l’environnement, et les OGM ne sont pas cités comme un outil à valoriser… Et sur le site de l’Inra, on peut aussi lire que l’agro-écologie « priorité de l’Inra […], explore de nouvelles voies pour améliorer les performances environnementale et économique des exploitations. L’apparition de modèles innovants change la vision scientifique, ce qui tend à modifier la représentation des acteurs du monde agricole » [5]. Abandonner la recherche sur les plantes génétiquement modifiées (PGM) en plein champ ne veut pas dire abandonner la recherche de solutions pour une agriculture performante, une alimentation de qualité et un environnement sain. Les OGM ne sont qu’une option agronomique, il en existe d’autres. Chaque État devrait être en droit de choisir la recherche agronomique qu’il souhaite sans risquer d’être attaqué par l’organisation mondiale du commerce.

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