Les deux associations se disent "très choquées" par cette découverte. En effet, en janvier 2011, le département de la Biosécurité de Malaisie avait officiellement déclaré à la presse, à grand recours de communication, que l’essai avait été reporté. Le communiqué de presse conjoint aux deux associations malaisiennes précise : « Nous déplorons le manque de transparence sur ce dossier, en particulier le fait que l’Institut pour la Recherche Médicale [4] envoie son communiqué de presse plus d’un mois après le début des essais. Étant donné que le lâcher de moustiques transgéniques avait été largement critiqué, nous condamnons la manière apparemment secrète dont ont été menés ces essais. Un tel comportement ne fait rien pour dissiper les craintes et les préoccupations du public. Nous sommes profondément déçus que les essais aient eu lieu en dépit de l’inquiétude généralisée au niveau national et international sur des moustiques génétiquement modifiés ».
L’IMR précise dans son communiqué de presse que l’essai a été conduit dans une zone « inhabitée ». Et, sous couvert d’anonymat, un fonctionnaire du ministère des ressources naturelles et de l’environnement a précisé [5] que « les autorités n’étaient pas concernées par le tollé public ». Il a ajouté : « Ce n’est pas grave que le public soit ou non d’accord avec cela », une fois que le Conseil national de biosécurité "a pris une décision". Pour lui, le lâcher avait été retardé en raison du mauvais temps et non pas par crainte de la désapprobation du public.
Inf’OGM rappelle que des lâchers ont déjà eu lieu dans les îles Caïmans [6] et que, là aussi, l’information n’a filtré qu’après le lâcher de plusieurs millions de moustiques mâles stériles. Différence notoire : la Malaisie est un pays connecté au continent asiatique, alors que les îles Caïmans, de par leur éloignement, pouvaient faire figure de "milieux isolés", pour ne pas dire "confinés".
Enfin, nous avons aussi appris que le Mali s’apprêtait à mettre en place des essais de la même nature... Récemment le Mali s’est doté d’un laboratoire en partenariat avec l’Université de Keele (UK) pour faire de l’élevage de moustiques GM pour lutter contre la malaria (autre nom du paludisme). Ce laboratoire, qui dépend du Centre de Recherche sur la Malaria de l’Université de Bamako, a été financé par une subvention sur trois ans de 930 000 euros de la part de la Fondation Wellcome Trust [7]. Ce partenariat implique aussi la formation de trois scientifiques maliens à l’Université de Keeke. Mamadou Coulibaly, directeur du laboratoire de Génomiques et de Protéomiques et responsable de la mise en place de ce laboratoire, a affirmé que les premiers moustiques GM sortiront de son centre en 2011. Il précise aussi que le Mali est en train d’élaborer une législation pour encadrer les insectes transgéniques. Pour cela, le Mali est aidé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).