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La biodiversité à l’épreuve de l’agriculture

Presque sept ans se sont écoulés depuis la parution de notre dossier « Sauver la biodiversité cultivée » (n°141, octobre 2016). Depuis, la dégradation de la biodiversité, c’est-à-dire de toute la diversité du vivant, s’est accentuée, en attestent les récents rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (plus connue sous le sigle de l’IPBES), qui évoquent la 6ème extinction des espèces. Une des causes de cet effondrement réside (...)

L’effondrement de la biodiversité (sauvage et cultivée) est dû essentiellement aux activités humaines. Parmi ces dernières, l’agriculture industrielle, avec son cortège d’engrais, de pesticides et autres pratiques néfastes, y tient une place primordiale.

Brevet et certificat d’obtention végétale (COV) sont deux droits de propriété intellectuelle. Tout deux impactent fortement à la fois la biodiversité cultivée et sauvage.

L’interface agriculture/biodiversité est encadrée légalement par de nombreux textes. Certains, comme le « Traité sur les semences » et la Convention sur la diversité biologique, font l’objet de réunions périodiques, au cours desquelles les nombreux débats ont souvent du mal à déboucher sur des décisions. Les deux dernières grand-messes n’ont pas dérogé à la règle...

L’agriculture industrielle détruit la biodiversité [1]. Pourtant, produire sans (trop) détruire est possible, grâce à des pratiques agroécologiques et une organisation paysanne basée sur l’autonomie. Attention cependant à la récupération : l’agroécologie ne peut être que paysanne...

Les paysans s’organisent pour défendre dans les enceintes de la gouvernance mondiale la conservation et le renouvellement dans leurs champs de millions de semences paysannes locales. Ils luttent ainsi contre les tentatives de l’industrie de réduire cette immense diversité à quelques combinaisons de gènes brevetés.

Il y a tout juste 20 ans, plus de 350 personnes, dont des représentant.es de mouvements et syndicats paysans, d’associations de l’agriculture biologique et biodynamique, d’ONG, se réunissaient pour des premières rencontres sur les semences paysannes en France. Ces rencontres ont marqué la naissance du Réseau Semences Paysannes (RSP), un groupement de collectifs qui agissent pour la biodiversité cultivée. Vingts ans après, où en sommes-nous ?

L’autonomie des systèmes semenciers paysans est un élément fondateur du tournant agroécologique. Guy Kastler et Antonio Onorati, membres de La Via Campesina, montrent au travers d’exemples l’importance des semences paysannes dans ce mouvement.

Partout les normes environnementales prolifèrent et pourtant la biodiversité régresse. En une cinquantaine d’années ont été adoptées des normes, internationales, européennes ou nationales, qui matérialisent la responsabilité de l’Homme à l’égard de l’environnement et qui visent à concilier les activités humaines avec sa protection. Un constat est malgré tout largement partagé : la perte de la biodiversité avance à grand pas. Si des avancées juridiques sont à noter, le foisonnement des normes environnementales ne paraît globalement profiter ni à l’environnement ni au droit.