Inf'OGM le journal est un trimestriel de 28 pages qui vous informe sur l'actualité des OGM et des semences de façon critique et contextualisée.
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Ceta : le nouvel avatar de la libéralisation du commerce
Fin des années 1990, des négociations secrètes avaient eu lieu au sein de l’OCDE pour conclure un Accord multilatéral sur l’investissement (AMI). Ce projet, qui visait à libéraliser encore plus les échanges commerciaux, a été repoussé par des protestations citoyennes massives… après avoir été révélé au public. Mais le multilatéralisme est aujourd’hui dépassé par la multiplication des accords commerciaux régionaux. Au niveau de l’Union européenne, plusieurs accords de libre-échange sont en phase de négociation ou (...)
Semences dans la tourmente
Pour qu’ils se déplacent, une des stratégies de guerre consiste à affamer les hommes en détruisant leurs semences.
De même, lorsque les catastrophes naturelles s’abattent, les semences sont détruites, disparaissent dans des tremblements de terre, s’envolent dans des ouragans. Ainsi, lorsque les conflits armés s’arrêtent, lorsque les éléments cessent de se déchaîner, ces semences se trouvent au cœur de programmes de reconstruction, et deviennent un enjeu politique : des dispositifs techniques révèlent alors des stratégies de contrôle des populations et de mainmise sur le vivant.
En France les agriculteurs sont les témoins de la transformation du modèle agricole suite au plan Marshall. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le secteur agricole a lourdement payé « l’aide » internationale à travers une ouverture du marché imposant certains produits, et surtout certaines techniques.
A travers ce dossier, nous souhaitons explorer le rôle des semences, dans la vie et la survie, le contrôle et la destruction, interrogeant avec vous le fait que si une résistance mondiale est en train de s’organiser autour de la semence, c’est peut-être bien qu’en temps de guerre, comme en temps de paix, ce patrimoine commun est aujourd’hui menacé.
« Oui, je me dis - et la mer de plomb me regardait muette, sans contredire ni approuver - cela vaut toujours la peine de planter un jardin. Si nous n’avons plus que peu de temps, si le monde autour de nous vacille et que la mort, sous toutes ses formes, avance, il ne nous reste qu’à faire d’un coin de terre, peu importe lequel, un endroit accueillant, un lieu pour plus de vie ».
À travers ces mots, c’est un enseignement que le lecteur reçoit d’un homme qui a su se nourrir de paysages et rendre hommage à la force vitale des plantes qu’il oppose à la force destructrice de la guerre.
Le film s’ouvre par une phrase d’introduction à la fois percutante et saisissante : « L’histoire que nous allons vous raconter est celle d’une guerre inconnue mais qui nous menace tous, la guerre des graines ».
Stenka Quillet et Clément Montfort, journalistes, ont parcouru des centaines de kilomètres pour nous raconter cette guerre silencieuse dont l’enjeu crucial pourrait être, à terme, la privatisation intégrale des semences agricoles. Le documentaire nous fait rencontrer des paysans français à le recherche d’alternatives aux graines de l’industrie ; nous emmène dans les couloirs du Parlement à Bruxelles, théâtre de nombreux épisodes décisifs du débat et nous fait passer les portes de la plus grande usine de graines de Monsanto en Europe. Il nous fait enfin voyager jusqu’au cercle polaire, pour découvrir le glaçant Svalbard, congélateur démesuré dont l’objectif est de conserver un double de la biodiversité végétale de planète, le tout financé en partie par quelques grandes compagnies agro-alimentaires (voir leur article).
Au cœur de chacune de ces rencontres : l’interdépendance entre l’homme et les semences. Le film prend une réelle dimension politique en dénonçant le risque de rupture de cet équilibre fragile. Car derrière les graines, il existe des enjeux globaux : l’alimentation de la population mondiale, le choix d’un modèle agricole durable ou la défense de la biodiversité.
Bayer veut racheter Monsanto. Ces deux entreprises sont nées à la fin du XIXe siècle et ont fait fortune dans la chimie à visée humaine, agricole ou militaire.
Ces entreprises se sont intéressées assez tardivement à la semence. La division « semence » de Monsanto a été créée en 1960 et c’est en devenant Bayer Crop-Science en 2002 que l’industriel allemand prend une place importante dans le concert des semences industrielles. Nous n’avons pas pu mentionner dans cette infographie l’ensemble des achats et des fusions et nous avons donc privilégié celles en lien avec l’agriculture, sans pouvoir en garantir l’exhaustivité. Ainsi, la tentative de Monsanto de réunir sous sa coupe les secteurs de la chimie, de la pharmacie, des pesticides et des semences (sous le nom de Pharmacia) dans les années 2000 ne ressort pas de ce schéma.
Ce qui nous paraît intéressant à montrer, c’est que Monsanto et Bayer ont réussi à s’approprier des entreprises semencières anciennes, géographiquement diverses et ayant des spécialités très variées. En achetant Séminis, par exemple, Monsanto a mis la main sur des milliers de variétés de légumes. Les sommes en jeu sont aussi tout à fait considérables.