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Le 22 janvier 2014, des semences d’aubergine Bt, génétiquement modifiées pour lutter contre un lépidoptère, ont été distribuées par le ministère de l’Agriculture du Bangladesh à 20 agriculteurs, qui les ont semées sur 2,6 hectares. Deux ans plus tard, une centaine d’agriculteurs participaient à ce programme. Mais une polémique quant à une possible propagande en faveur de cette innovation brevetée n’a pas attendu longtemps pour se développer…
La question du statut OGM ou non des produits obtenus par des nouvelles techniques de biotechnologie a été posée dans l’Union européenne dès 2008, sans qu’une réponse précise et définitive ne soit encore apportée par les autorités compétentes. Prévue pour fin novembre, la présentation aux États d’un avis juridique par la Commission européenne est désormais annoncée pour mars 2016. En attendant, on assiste depuis quelques semaines à une accélération des actions de lobby des entreprises et de plaidoyer de la société civile.
L’Office Européen des Brevets (OEB) a accordé, le 22 octobre 2015, un nouveau brevet à la multinationale semencière suisse Syngenta : celui sur un poivron sans graines, obtenu selon des procédés de sélection conventionnelle (et donc sans recours aux biotechnologies modernes). Selon l’OEB, qui s’appuie sur la directive 98/44/CE sur la protection juridique des inventions biotechnologiques, ce type de produit est donc brevetable. De plus en plus d’acteurs, y compris parmi les politiques, s’érigent contre ce type de brevets, et contre les interprétations de l’OEB.
Au milieu de l’effervescence de la COP21 à Paris, plusieurs structures de la société civile - comme Via Campesina, le CRII-GEN, Ifoam, Organic Consumers Association, End of Ecocide, etc. - soutenues par des personalités engagées, comme Marie-Monique Robin, Vandana Shiva (cf. photo ci-dessus) ou Olivier de Schutter - ont tenu à rappeler, au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue le 3 décembre 2015, que l’agriculture, pourtant responsable de près de 30% des émissions de gaz à effet de serre, est la grande oubliée des négociations. Ces organisations ont annoncé la tenue d’un tribunal international à La Haye en octobre 2016, pour juger la multinationale Monsanto [1].
La technologie Crispr/Cas9 permet de couper l’ADN à un endroit « précis ». Ses deux inventrices, la française Emmanuelle Charpentier et l’étasunienne Jennifer Doudna, viennent de recevoir le prix « Breakthrough 2015 in Life Sciences », créé par les fondateurs de Google et Facebook et empochent la modique somme de six millions de dollars. Cette somme met en exergue l’engouement incroyable qui entoure cette technique de biotechnologies qui permet de modifier le vivant... Les expériences sur les embryons humains ont déjà commencé... Bonne année 2016 !