Inf'OGM le journal est un trimestriel de 20 pages qui vous informe sur l'actualité des OGM et des semences de façon critique et contextualisée.
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Vos petits plats finissent doucement de mitonner et vous apportez la dernière touche à votre décoration... Avez-vous bien pensé à tout ? Votre menu de fêtes ne contiendrait-il pas des OGM ? Inf’OGM vous aide à y voir plus clair. Pour commencer, rappelons que tout produit qui contient des OGM doit être étiqueté comme tel. Mais cette règle connaît des exceptions : il n’y a aucune obligation à étiqueter les produits issus d’animaux nourris aux OGM, les OGM utilisés au menu d’un restaurant ou encore les OGM « cachés », c’est-à-dire issus de manipulations génétiques (mutagenèse dirigée, cisgenèse...) qui ne rentrent pas dans le champ d’application de la réglementation européenne sur les OGM. En revanche, depuis 2012, les produits qui respectent certaines conditions peuvent être étiquetés comme étant « sans OGM ». Inf’OGM ne fait pas la promotion de certaines pratiques agricoles (comme le gavage ou le chaponnage), mais souhaite réfléchir à la question des OGM à travers un menu traditionnel de fêtes, tel que beaucoup de Français l’envisagent.
Vous pouvez cliquer directement sur chaque plat du menu...
La commission des affaires européennes du Sénat a débattu, jeudi 28 novembre [1], de la position sur le nouveau règlement européen sur les semences que la France devrait défendre à un prochain Conseil européen [2], ainsi que de la brevetabilité des semences et des obtentions végétales, à partir d’un texte préparé par les sénateurs Jean Bizet (UMP) et Richard Yung (PS). En synthèse : oui au certificat d’obtention végétale (COV), non aux excès des brevets sur les gènes « natifs ».
Dans le journal Inf’OGM 120, nous avons publié une interview de Sofia Gatica, qui se bat, avec d’autres mères de Ituzaingó, contre les pulvérisations de Roundup sur les champs de soja transgénique. Depuis plus de dix ans, elles souhaitent faire reconnaître un certain nombre de malformations embryonnaires ou de cancers comme liés à ces pulvérisations d’herbicides aux portes de leur maison. Monsanto souhaite installer sur le site de Las Malvinas, donc chez elles, ce qui pourrait devenir la deuxième plus grande usine de production de semences. Ainsi, depuis presque trois mois de nombreuses organisations et citoyen-ne-s occupent ce site. Ils demandent notamment l’instauration d’une consultation publique sur la pertinence sociale de cette usine, comme l’exige la loi générale sur l’environnement. A plusieurs reprises, l’armée est intervenue pour libérer des camions ou tenter d’évacuer le site : de nombreux manifestants ont été blessés. De même l’Union ouvrière de la construction a mobilisé ses rangs pour attaquer le camp, sous le regard passif de la police.
Par ailleurs, fin novembre, alors qu’elle sortait du dispensaire où elle travaille, Sofia Gatica a été très violemment agressée par deux hommes. Ces derniers ne lui ont rien pris, rien demandé. Juste mise à terre et tabassée. Et trois jours avant, un homme l’a menacée verbalement de mort, dans le bus, à l’aide d’une arme : « Il y a beaucoup de façon de mourir, nous allons disperser ta cervelle dans Malvinas Argentina », lui a-t-il dit. Elle a immédiatement porté plainte. Une cyber-action [3] destinée à l’Ambassade d’Argentine en France a été lancée pour soutenir Sofia Gatica.
AquaBounty a obtenu, fin novembre, une autorisation de la part des autorités canadiennes, Pêche et Océan du Canada [4], pour une production commerciale des œufs avec un embryon femelle de saumon AquAdvantage transgénique triploïde. Cette autorisation est une nouvelle étape vers l’autorisation de ce qui pourrait devenir le premier animal transgénique destiné à l’alimentation humaine. Mais le Canada n’a pas autorisé la production commerciale des poissons en eux-mêmes. L’entreprise a signalé dans sa demande son intention « d’exporter jusqu’à 100 000 œufs par année vers une installation de grossissement terrestre [au] Panama ». C’est là que les saumons GM devront être engraissés, jusqu’à « un poids commercial de un à trois kilos pour ensuite être (...) transportés à l’usine de transformation [Panama], où ils seront transformés afin d’être vendus au détail dans les marchés approuvés (...) ». Pour les ONG, la ferme en question ne présente pas du tout le niveau de sécurité attendu. Or, plusieurs études ont mis en avant le fait que ces saumons GM pourraient devenir envahissants, et remplacer en quelques générations les saumons sauvages. D’autre part, plusieurs enseignes, comme Whole Foods ou Trader Joe’s, se sont engagées à ne pas commercialiser ce saumon transgénique.
Des chercheurs [5] ont analysé 13 études qui évoquaient la dispersion de semences par voitures. Au final, ce sont 626 espèces, issues de 75 familles, qui se sont ainsi disséminées, dont 439 ont été listées comme des espèces exotiques envahissantes ou naturalisées en Europe. Pour les chercheurs, « ces résultats soulignent l’importance de voitures comme un mécanisme de dispersion [...]. Les stratégies visant à réduire [ce] risque [...] comprennent [...] le fauchage des accotements et le nettoyage des voitures ».
Comment concrétiser l’ensemble des droits humains, et notamment le droit à l’alimentation et à la nutrition ? Ce rapport annuel de « L’observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition » [6]) tente de répondre à cette question avec un ensemble de textes multithématiques (pêche, semences, OGM, genre...) et multigéographiques. Une certitude s’en dégage : rien ne se fera sans un recours aux connaissances des populations acquises à travers leurs luttes quotidiennes pour préserver leurs moyens d’existence.
La communauté internationale a décidé de lutter contre la biopiraterie en réglementant l’utilisation des ressources génétiques - plante, graine, animal, gène - dans le cadre de la Convention sur la Diversité Génétique (CDB, 1992), grâce à son protocole d’application, adopté à Nagoya en 2010, et actuellement en cours de ratification. Mais pour une mise en œuvre concrète de ces principes, il faut encore que les Etats ratifient et adoptent des règles nationales. La France et l’Union européenne (UE) s’essayent en ce moment à cette lourde tâche.
Deux réalités, très distinctes, s’affrontent. D’un côté, à l’ouest, les montagnes des Andes, la culture indigène, les maïs et les pommes de terre créoles ; d’un autre, à l’est, l’Amazonie, la forêt tropicale et sa disparition progressive au profit des cultures de soja transgénique, des très grandes propriétés, une agriculture intégrée dans le négoce international. Evo Morales, le Président de la République plurinationale de Bolivie, est coincé entre un discours anti-impérialiste, défenseur de la Nature (Terre Mère) et des Peuples, opposé au brevet sur le vivant et les OGM, et une réalité économique, la culture du soja, bien enracinée, qui génère d’importantes rentrées d’argent. La Bolivie est en effet le huitième plus gros producteur mondial de soja (après les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, la Chine, l’Inde, le Paraguay et le Canada) et cette culture est la deuxième source de revenus après les hydrocarbures. Mais cette manne économique n’est pas répartie équitablement et ne rapporte que peu aux caisses de l’État.
En Europe, les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) sont en débat depuis la fin des années 90, mobilisant un pan important de la société civile. Mais l’acronyme OGM renvoie généralement aux seuls organismes transgéniques alors que durant ces quinze ans, les entreprises de biotechnologie ont développé de « nouvelles techniques » de modification du vivant. Ces développements ont été, et sont toujours, occultés alors même que les entreprises pourraient décrocher leur Graal sous peu, en obtenant le droit de modifier le génome de plantes (pour commencer), brevets à la clé, sans être soumises à la législation sur les OGM. Dans ce débat, citoyens et gouvernements voient toujours leur liberté de parole et de décision politique restreinte, puisqu’on les enferme, socialement et légalement, dans une expression uniquement scientifique.