Inf'OGM le journal est un trimestriel de 20 pages qui vous informe sur l'actualité des OGM et des semences de façon critique et contextualisée.

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C’est en 2003 que naît sur le plateau du Larzac le collectif des Faucheurs volontaires d’OGM. Ce collectif prend ainsi le relais de la Confédération paysanne qui organisait depuis près de six ans des actions de désobéissance civile pour alerter l’opinion et mettre fin à la dissémination dans l’environnement des PGM. 

Un article de Carman et al. intitulé « Une étude toxicologique à long terme sur des porcs nourris avec une alimentation composée de maïs et soja génétiquement modifiés » [1] conclut que le régime contenant des OGM induit des inflammations sévères de l’estomac et une augmentation du poids de l’utérus chez certains de ces animaux. Cet article, très critiquable pour des raisons échappant en partie aux auteurs (cf. plus loin), est ici l’occasion de s’interroger sur l’état actuel de la science, cette « Sound Science » [2] dont les experts et certains politiques se gargarisent et de rappeler quelques notions scientifiques de base. Inf’OGM fait ici le choix d’exprimer sa parole de collectif de citoyens qui évoluent dans une société où la parole scientifique est exigée à tous niveaux mais où la production d’information scientifique indépendante apparaît bridée.

Le 14 janvier 2013, suite à « l’affaire Séralini » [3], l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) publiait sur son site internet le dossier complet de demande d’autorisation commerciale du maïs NK603 génétiquement modifié par Monsanto. Il s’agit d’une première : les citoyens et les chercheurs pouvaient avoir accès aux données brutes sans avoir à en faire la demande. Monsanto a aussitôt demandé à l’AESA de discuter des modalités d’une telle publication, sans cacher son désaccord avec une démarche qui selon l’entreprise, viole ses droits d’auteur [4]. « L’affaire Séralini » aura donc aussi remis au centre du débat la question de la transparence sur les données fournies par les entreprises. Inf’OGM expose ici sa position et ses demandes sur un sujet – la transparence des données – qui est l’un de ses objets statutaires.

Après plus de cinq années de discussions avec les parties prenantes (privées, publiques, ONG), une proposition de nouveau règlement sur les semences [5] a été présentée le 6 mai par la Commission européenne parmi un paquet de cinq propositions rentrant dans le cadre de la « Better regulation  » (cf. encadré 1). Si les deux piliers législatifs sont conservés (enregistrement des variétés et certification des semences), cette proposition introduit la possibilité d’inscrire des populations hétérogènes, et certaines dérogations, notamment aux obligations d’enregistrement des variétés et de paiement de redevance, pour les micro-entreprises. Dans cet article, Inf’OGM présente factuellement les éléments les plus novateurs de cette proposition ainsi que de celles des règlements « contrôles » et « santé végétale ».

Un article publié dans PloS One [6] par des chercheurs de l’Académie des Sciences chinoises annonce la création du premier agneau génétiquement modifié par transgénèse pour être plus riche en oméga-3. C’est le gène mfat-1, issu du vers C. elegans qui a été inséré dans le génome de ces animaux. Les chercheurs ont ensuite fusionné les cellules contenant le transgène avec des ovocytes sans noyau. Ils ont ainsi obtenu 925 embryons et ils en ont implanté 53 dans des brebis. Finalement, quatre grossesses se sont déclarées et trois agneaux seulement sont arrivés à terme. Les scientifiques responsables de cette expérience affirment qu’ils ont réellement obtenu des agneaux à la chair riche en oméga-3. Si ce résultat se confirmait, serait-il pertinent de développer ce genre d’agneaux ? D’une part, un article de 2012, publié dans The Journal of the American Medical Association [7] conclut que « la supplémentation en oméga-3 n’est pas associée à un risque plus faible de mortalité », notamment d’origine cardio-vasculaire. D’autre part, modifier les voies métaboliques d’un animal n’est pas anodin. Une alimentation et un environnement sain contribuent, à moindre frais, à une diminution des risques de troubles cardio-vasculaires.

L’utilisation d’OGM ou d’intrants produits à l’aide d’OGM est interdite en agriculture biologique, ce que les partisans des OGM considèrent comme dogmatique. Pour eux, les plantes génétiquement modifiées (PGM) pourraient aider les producteurs bio à mieux protéger l’environnement et résoudre certaines « impasses techniques », arguant, par exemple, des résistances acquises par ces PGM qui éviteraient l’application de pesticides. Un tel raisonnement révèle une profonde incompréhension de l’agriculture biologique.

L’entreprise Monsanto annonce en juin 2013 qu’elle retire ses demandes d’autorisations d’OGM pour la culture, à l’exception de l’emblématique maïs MON810 génétiquement modifié pour produire un insecticide. Il s’agit de l’unique plante transgénique cultivée dans l’Union européenne, principalement en Espagne sur quelques 114 000 hectares. Monsanto défend bec et ongles ce MON810. Ainsi, quand la France, à deux reprises, interdit ce maïs GM à la culture sur son territoire, Monsanto attaque en justice ce moratoire. Et le 1er août 2013, le Conseil d’Etat lui a donné raison, pour la deuxième fois, considérant que la France n’a pas réussi à démontrer une « urgence à agir » face à « un risque grave pour la santé humaine, la santé animale ou l’environnement ».