Inf'OGM le journal est un trimestriel de 20 pages qui vous informe sur l'actualité des OGM et des semences de façon critique et contextualisée.
Soutenez une information indépendante,
abonnez-vous.

Dans sa Lettre ouverte aux scientistes, Matthieu Calame, explique comment la science a été progressivement détournée de son objectif de connaissance pour se consacrer presque exclusivement à la production technique. Ainsi, l’auteur met en garde : « N’être que modérément technophile, ce n’est donc pas être antiscience ». Ce livre ne cherche pas à casser la science mais, bien au contraire, à lui rendre ses lettres de noblesses en l’épurant de son cléricalisme, de son aspect idéologique. Autrement dit, il ne s’agit pas de prôner un retour à une inénarrable bougie ou à une magie explicative du monde, mais de prendre conscience que la science est une activité humaine, qu’elle est sujette aux passions. Elle n’est pas au-delà de la condition humaine, elle est faite par et pour les humains : « Alors que la société doit composer en permanence avec ce qu’il convient de nommer les faiblesses humaines, [...] le scientisme défend généralement l’idée d’une incorruptibilité ontologique du chercheur ». L’auteur développe alors une analogie entre le scientisme et le cléricalisme : le téléthon s’apparente au pèlerinage de Lourdes, et le traitement des « héros » de la science à celui des saints ou des martyres, destin revu et corrigé par une hagiographie précise - « Dans l’idéologie scientiste, critiquer la technoscience, c’est condamner de nouveau Galilée ». L’auteur va jusqu’à énoncer que « l’institution du prix Nobel n’est pas sans faire penser à une forme de.... béatification ». Ainsi, on peut distinguer deux types de chercheur : le chercheur - clerc et le chercheur - citoyen. Qualifié aussi de lanceur d’alerte, ce dernier accepte de parler d’égal à égal, que « la connaissance scientifique soit un des éléments de la décision publique sans exclure d’autres dimensions » et « admet l’idée que la connaissance scientifique est parfois défavorable à la technique en révélant par exemple des effets secondaires sur la santé et l’environnement ». Et l’auteur propose une refonte profonde de l’ensemble des paramètres de la recherche, tant au niveau des institutions, que de la définition des priorités, ou de l’évaluation des scientifiques et des technologies. Car « les notions d’émergence, de complexité, la nécessité de s’intéresser à des systèmes qui semblent résister à une modélisation simple, multiplient les situations dans lesquelles la pratique canonique de la recherche […] est mise en échec ».
Entretien avec Barbara Van Dyck, agronome avec un doctorat en sciences économiques appliquées. Il y a encore quelques semaines, elle travaillait donc à l’Université de Louvain, dans un groupe de recherche sur l’urbanisme et le développement du territoire. Elle travaille surtout sur l’économie politique, et sur les rapports de force dans les transformations sociales et spatiales.
Les scientifiques de Dubaï cherchent à modifier génétiquement le génome du chameau pour produire, dans son lait, des protéines humaines (notamment de l’insuline). Ils annoncent aussi, avant même d’en connaître la faisabilité, des chameaux génétiquement modifiés qui seraient utilisés pour développer des organes adaptés à la transplantation chez les humains. Pour le Dr Nisar Wani, chef du laboratoire de biologie reproductive du centre de reproduction du chameau, cet animal jouera un rôle important dans la production de protéines pharmaceutiques qui permettront de traiter de milliers de maladies génétiques, telles que l’emphysème, l’obésité et le diabète. Le lait voire le sang des chameaux contiendrait ainsi la protétine qui fait défaut à ces malades... Pour N. Wani, les chameaux peuvent avoir un avantage commercial sur les vaches : « Les chameaux sont fortement résistants aux maladies et ont une capacité d’adaptation incroyable ». Les travaux sont loin d’être terminés, mais le centre a déjà cloné son premier chameau, nommé Injaz, en 2009 [1], et des chercheurs saoudiens ont commencé les séquençages et la cartographie du génome du chameau.
On s’en doutait, ils l’ont prouvé. Des chercheurs de l’Université catholique portugaise viennent de montrer que les intérêts commerciaux interfèrent couramment et sérieusement avec les articles scientifiques qui traitent de la sécurité sanitaire des plantes génétiquement modifiées (PGM). Quand les résultats scientifiques penchent du côté du bailleur, on peut légitimement douter de la « neutralité » de la science !
En septembre 2010, le président de la République lançait un vaste chantier sur l’information et la participation du public aux décisions environnementales, en donnant pour mission au député UMP Bertrand Pancher d’amorcer ces réflexions dans le cadre d’un rapport, lequel serait traduit dans une proposition de loi [2]. Une première version de ce rapport a été publiée par le député sur un blog [3] et était soumise aux commentaires du public pendant un mois. Une synthèse de ces commentaires devrait être annexée au rapport final, attendu « cet été ».
Depuis longtemps actif sur la question des OGM, le département du Gers a déposé une plainte en octobre 2010 qui a été jugée irrecevable par la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en avril dernier. Le département demandait l’annulation de cinq autorisations de mise sur le marché de variétés de maïs GM et du renouvellement d’autorisation d’une autre variété. Cette actualité nous permet de revenir sur l’historique des actions du Gers sur la question des OGM, et présenter les différentes actions d’une collectivité locale sur cette thématique.
L’évaluation des OGM se fait sur la base d’arguments scientifiques et uniquement scientifiques. C’est un dogme de l’OMC, repris tel quel par la Commission européenne. Mais pour bon nombre d’opposants aux OGM, restreindre cette problématique aux seules questions technico-scientifiques revient tout bonnement à masquer l’essentiel de la question. Certes, il est nécessaire d’écarter un risque détectable pour la santé humaine ou pour l’environnement, mais quand bien même on aurait fait tout cela, on n’aurait rien dit ou presque sur les conséquences de l’introduction des OGM agricoles sur la vie paysanne ni sur les systèmes complexes avec lesquels ces OGM interagissent. Ne représentant qu’une faible partie (bien qu’indispensable) de l’évaluation, ces arguments techno-scientifiques mis en avant avec suffisance, se devraient au moins d’être établis dans les règles des usages scientifiques normaux. Qu’en est-il ?
En 2008, la Commission européenne demandait à un groupe d’experts de définir si les nouvelles techniques de transformation des plantes (mutagenèse, cisgenèse, etc.) conduisent à des plantes qui seront soumises à la législation sur les OGM [4]. Depuis, aucune nouvelle du travail de ce groupe... jusqu’à février 2011, avec un rapport intermédiaire. Au vu de ce rapport, il semble que les experts recommanderont que beaucoup des plantes issues de ces nouvelles techniques ne soient pas soumises à la législation OGM... Analyse de ce possible tour de passe-passe.
Ce hors-série d’Altermonde aborde les questions d’expertise citoyenne, de rapport entre sciences, techniques et sociétés, des enjeux liés au savoir et de responsabilité des scientifiques : nucléaire, bien sûr, mais aussi OGM, nanotechnologies, logiciels libres, essais pharmaceutiques... ce Hors-série vise à faire comprendre les liens étroits qui unissent les questions de sciences, de démocratie et de développement et à montrer concrètement en quoi le dialogue entre le monde de la recherche et celui de la solidarité internationale est indispensable pour œuvrer à la construction d’un monde juste, durable et solidaire. Vous pourrez aussi y lire un article d’Inf’OGM : « Transparence : la bataille de l’information ». Préparé en partenariat avec l’AITEC, le CCFD – Terre Solidaire, le site DPH, les Petits Débrouillards, La Fondation Sciences Citoyennes, Ingénieurs sans frontières, 4D, Ritimo et NSS-Dialogues.