Inf'OGM le journal est un trimestriel de 20 pages qui vous informe sur l'actualité des OGM et des semences de façon critique et contextualisée.

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En mai 2009, l’Académie étasunienne de Médecine Environnementale (American Academy of Environmental Medicine – AAEM, fondée en 1965 par des cliniciens de différentes spécialités intéressés aux interactions entre l’Homme et son environnement) prenait position sur le débat des PGM en dénonçant le risque grave que fait courir la consommation alimentaire de PGM [1]. Mais si l’AAEM a basé son avis sur des articles scientifiques, d’autres données de terrain sur de possibles impacts ne sont pas toujours traduites en articles. Et plusieurs écrits de presse ou position d’associations peuvent utiliser ces données de terrain non publiées dans la presse scientifique, à l’image du dernier article de Jeffrey Smith sur le sujet [2]. L’occasion pour Inf’OGM de poser la question de la place de ces données dans l’évaluation des PGM et du fonctionnement de la recherche en charge de ces évaluations.

Le Codex alimentarius est une institution mal connue. Fonctionnement complexe, discussions très techniques, statut des normes difficilement saisissable... autant de raisons qui permettent au Codex de rester à l’abri des regards. Pourtant, cet organe occupe une place centrale dans le commerce international des aliments, y compris dans le domaine des OGM. En 2000, le sénateur Bizet décrivait l’institution comme « l’un des principaux carrefours où les États s’efforcent de concilier sécurité alimentaire et développement des échanges » [3]. Les discussions actuelles liées aux OGM (étiquetage et tolérance des contaminations) démontrent en effet que cet instrument mérite toute l’attention du citoyen, tant leurs enjeux sont déterminants dans les échanges commerciaux des OGM. 

Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (Tirpaa) est entré en vigueur fin 2004 et a été ratifié, à ce jour, par 120 Etats. Ses objectifs sont la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (Art. 1). L’Organe directeur, composé des représentants de toutes les Parties contractantes, se réunit au moins une fois tous les deux ans. Lors de sa troisième session, qui s’est tenue du 1er au 5 juin dernier à Tunis, les pays riches qui soutiennent les demandes de l’industrie semencière et pharmaceutique (accès libre et gratuit à l’ensemble des ressources phytogénétiques, protection des droits de propriété intellectuelle - DPI) se sont une nouvelle fois opposés aux défenseurs des droits des agriculteurs [4].

Les étasuniens mangent des PGM depuis plus de 10 ans... Cette phrase est le début d’un argument qui tente de démontrer que « les PGM ne posent pas de problèmes de santé publique, autrement, ça se verrait ». Mais que peut-on voir de cette « expérience » en temps réel, qui ne correspond en rien à une étude précise, avec échantillons, groupe contrôle et analyses statistiques... ? En page une, Inf’OGM se pose la question des données non publiées issues du terrain et affirme qu’il ne s’agit pas de résultats scientifiques, mais que la recherche publique ou privée devrait se saisir de ces données pour les confirmer ou les infirmer. Mais pour autant, il ne s’agit pas de prendre pour argent comptant des phrases telles que « Les Etats-uniens mangent des PGM depuis plus de 10 ans et ne sont pas malades », sans les étayer par un protocole expérimental digne de ce nom... C’est ce que nous détaillons dans cet article.