Les usages non alimentaires des OGM

Les plantes transgéniques sont destinées majoritairement à l’alimentation du bétail, notamment via le couple soja / maïs qui alimente les mangeoires des animaux hors-sol. Mais le maïs et le colza se retrouvent aussi à alimenter les moteurs thermiques de nos engins motorisés.

Aux États-Unis, la part du maïs utilisée comme agrocarburant a explosé, surtout à partir de 2005. La crise alimentaire de 2008 trouve, en partie, son origine dans la flambée des prix générée par ces agrocarburants. La demande en éthanol à partir de maïs a doublé entre 2008 et 2013. En France, le groupe Avril a fait un fort lobbying pour que la part du colza (en partie issue de variété mutées… des OGM qui ne disent pas leur nom) dans les pompes à essence augmente. On trouve désormais partout ce fameux E85 ou E15. Suite à une baisse de la production nationale en 2017, la Saipol, filiale du groupe Avril impliquée dans ce carburant, a demandé une autorisation administrative d’importer et triturer du colza transgénique d’outre-Atlantique dans son usine de Dieppe. C’est la Saipol qui est aussi à l’origine de l’introduction de « diester » dans le diesel, filière soutenue par d’importantes subventions françaises et européennes.

Si les agrocarburants se taillent la part du lion dans les usages non alimentaires des OGM, il en est d’autres, moins connus, que ce dossier explore aussi.

Juin 2018 : la FNSEA mobilise ses troupes et bloque des raffineries. À l’ordre du jour, les importations d’huile de palme par la « bio » raffinerie de la Mède (13) venant concurrencer la production française d’huile de colza captée en grande partie par le groupe Avril (200 000 tonnes d’huile de palme importées par an !). Grâce aux aides de l’État et une défiscalisation, Avril produit aujourd’hui une grande partie des 7 % de diester présent dans le carburant des véhicules diesel.

Les agrocarburants de 2e génération sont produits à partir de la biomasse ligno-cellulosique, appelée aussi « déchets » : paille, résidus forestiers, cultures dédiées…

Avant de s’intéresser à l’utilisation des OGM dans les agrocarburants, un état des lieux général de la filière des agrocarburants dans l’Union européenne s’impose. Quelles sont les surfaces et variétés concernées par les agrocarburants ? Les agrocarburants permettent-ils de réduire les émissions de CO2 ? Pour le savoir, Inf’OGM a interrogé Laura Buffet, responsable « Carburants propres  » à l’association Transport & Environnement qui a pour mission de promouvoir, au niveau européen et mondial, une politique de transport basée sur les principes du développement durable.

Le 9 avril 2015, la Commission technique nationale sur la biosécurité du Brésil (CTNBio) autorisait l’utilisation commerciale d’une variété d’eucalyptus génétiquement modifiée (GM). Cette décision historique faisait du Brésil le premier pays au monde à autoriser une variété d’eucalyptus GM et le premier pays d’Amérique latine à autoriser commercialement un arbre GM.

Agrocarburants, chimie « verte », aliments produits à l’aide d’enzymes génétiquement modifiés : la liste des produits potentiels issus de la biologie de synthèse semble infinie, même si les processus technologiques ne sont pas aboutis. Mais leur production à grande échelle induit des risques immenses, notamment à cause la dissémination inévitable des microorganismes modifiés pour les produire...

Au-delà des agrocarburants, les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont utilisés pour de nombreux autres usages non alimentaires : textile, encres végétales, bioplastiques, feux d’artifices… et armes biologiques.

Une fois n’est pas coutume : les vilains OGM, tant décriés par les militants, sont ici réhabilités en tant qu’outils de connaissance, en laboratoire. Explication par l’un des meilleurs pédagogues, qui manie des OGM au quotidien, Christian Vélot, chercheur en génétique moléculaire à la faculté des Sciences d’Orsay (Université Paris Sud).