Questions éthiques
Selon un décret approuvé le 27 décembre 2001 et renforcé en février 2002, “les personnes responsables d’impacts sur l’environnement ayant rapport avec la dissémination d’OGM (introduction, commercialisation, transport ou stockage), se verront pénalisées” jusqu’à une peine d’emprisonnement de neuf ans. La récente “crise du maïs” a remis à l’ordre du jour ces dispositions : les Etats-Unis, qui exportent du maïs au Mexique par le biais de l’ALENA, sont ici suspectés d’être responsables de la contamination. Après que le magazine Nature ait contesté, dans son édition du 4 avril 2002, les résultats de Ignacio Chapela et David Quist concernant la contamination du maïs mexicain (cf. Inf’OGM n°30), le gouvernement mexicain a demandé de nouvelles études afin qu’il puisse clore cette affaire. Une de ces études est actuellement menée par Exequiel Ezcurra, directeur de l’Institut national d’écologie de Mexico (INE). Ce dernier, présent lors la conférence de la Convention sur la biodiversité à La Haye, a confirmé les résultats de Chapela et Quist. Après avoir collecté des échantillons de maïs dans la même région (Oaxaca), l’INE a réalisé une analyse par PCR (polymerase chain reaction) et a alors “analysé chaque grain de maïs séparément, en les faisant germer et croître avant de les soumettre à la PCR”. Les résultats se sont avérés positifs : la proportion de maïs transgénique dans les échantillons atteint parfois jusqu’à 35%. D’autres tests ont ensuite été réalisés par deux autres laboratoires : l’un a soumis les grains au test “Southern Blot", une méthode d’analyse de l’ADN basée sur l’électrophorèse ; le promoteur recherché (35 S) a bien été retrouvé dans l’ADN des plantes. Un autre test, appliqué pour retrouver les protéines du Bt et du Roundup dans les plantes, s’est lui aussi avéré positif. Enfin une 3ème étude établie à partir de l’herbicide Basta, pour lequel le gène de résistance est utilisé comme “marqueur”, a montré que les plantes résistaient, confirmant la présence d’OGM “d’origine inconnue” dans la région. Reste au gouvernement à établir d’où vient cette contamination...
La filière du soja brésilien connaîtrait une baisse de profits directement liée à l’introduction par contrebande de soja transgénique (connu sous le nom de Mercedes 70 et Maradona). Cette perte serait estimée à 200 millions de $ par année en raison de la faible rendement de l’OGM en comparaison à des variétés de soja traditionnelles, plus résistantes à la chaleur. Plus précisément, des chercheurs des Universités de Santa Catarina et de Londrina estiment que la perte de rendement lié au soja OGM est de “9 sacs de soja récolté par hectare”. En outre, la résistance des insectes et la diminution de l’immunité des plants face aux attaques de virus obligeraient les agriculteurs à augmenter, voire à doubler les doses d’herbicides et de fongicides. La Via Campesina et le Mouvement des Sans Terre ont remis cette étude au gouverneur du Rio Grande do Sul, M. Dutra, le 10 avril 2002.
Le pinot meunier, l’un des trois cépages utilisés pour les vins de Champagne, est caractérisé par ses feuilles recouvertes d’un duvet blanc, ce qui le différencie du pinot noir. Le gène discriminant a été identifié par des chercheurs australiens, Paul Boss et Mark Thomas, du Centre de recherche sur la viticulture (CSIRO). En insérant ce gène, les chercheurs ont réussi à obtenir une plante de plus petite taille mais plus productive. L’enjeu est à terme de pourvoir “mieux contrôler la taille des plants et la quantité de grappes”.
Des chercheurs du CNRS de Rouen, en partenariat avec la firme québécoise Medicago, ont modifié génétiquement de la luzerne en y insérant des gènes “qui commandent la fabrication de molécules à visées thérapeutiques". En grandissant, les protéines s’accumulent dans les feuilles qui sont ensuite récoltées et broyées afin de fabriquer des médicaments. A titre d’ “usine à médicaments”, la luzerne semble devancer le tabac, le maïs, le riz, la pomme de terre, les bactéries, les levures et les cellules de mammifères : en effet, les molécules qu’elle fabrique sont parfaitement assimilées par le corps humain puisque la glycogénisation (processus permettant à un organisme vivant de reconnaître ses propres protéines et d’améliorer ainsi l’efficacité d’un médicament) est homogène à celle d’un mammifère.
Afin d’obtenir un lait aussi nourrissant que les laits maternels, Yuriko Adkins (Université de Californie) a annoncé, lors de la conférence Experimental Biology 2002, avoir mis au point un lait à partir de riz transgénique en y insérant un gène humain codant pour une enzyme du lait, la lactoferrine. Cette protéine, ainsi que la lysozyme (enzyme capable de détruire le mur de cellules qui protège certaines bactéries), a alors été testée sur des rats qui ont par la suite réussi à se « débarrasser d’infections gastro-intestinales beaucoup plus rapidement que les autres ». Craignant des risques d’allergies, la FDA n’a pas encore donné son aval pour le commercialiser.
Des chercheurs allemands, dont le Dr. Jafargholi Imani (Université de Giessen) ont créé des carottes transgéniques qui permettraient de se prémunir contre le virus de l’hépatite B [1]. Les carottes ont été choisies car elles peuvent être plantées sous différents milieux climatiques, elles sont faciles à stocker et à conserver et sont comestibles crues. Après avoir établi le bon dosage par le biais de tests sur animaux, ce vaccin devrait être effectif d’ici 2003.