D’après les travaux de Neil Rhodes et de Bob Haye (Université du Tennesse), plus de 100 000 hectares de coton sont envahis par une plante sauvage appelée pesse (en latin Hippuris vulgaris), devenue résistante au glyphosate, l’agent actif du Round Up. Cela représente 36% de la superficie cultivée avec du coton dans le Tennessee. Cette « mauvaise herbe » menace aussi 100 000 hectares de soja. Les tests en laboratoire ont démontré qu’il fallait six fois le taux normal de glyphosate pour parvenir à détruire la plante incriminée. Les chercheurs et Monsanto recommandent donc aux agriculteurs de changer leurs pratiques l’année prochaine. Une telle résistance fut recensée dès 1999. Pour Rhodes, l’apparition massive du coton Round Up Ready est, en partie, responsable de ce problème. Auparavant, explique-t-il, plusieurs modes d’action étaient utilisés.
Le Laboratoire Génétique et Evolution des Populations Végétales (France), dirigée par Kenk van Dijk, a travaillé sur les flux géniques entre formes cultivées et sauvages afin de comprendre dans quelle mesure un transgène codant pour la tolérance à un herbicide total, comme le Round Up, pourrait se propager aux variétés de mauvaises herbes. L’étude démontre que la probabilité que les betteraves OGM échangent des gènes avec des variétés sauvages et apparentées est considérable. Van Dijk, responsable de l’étude, estime que l’utilisation de parents paternels tétraploïdes dans les variétés transgéniques permettrait de réduire ce flux de gènes, mais ne l’éliminerait pas. Interrogé par Inf’OGM, Van Dijk précise que « dans le cas de la betterave, l’éventuelle apparition d’une mauvaise herbe transgénique, tolérante à un herbicide total, n’est pas pire que la situation actuelle, mais fait disparaître le grand avantage espéré par l’introduction des variétés transgéniques tolérantes à un herbicide total ». Van Dijk ajoute qu’il reste persuadé que les OGM peuvent être économiquement profitables aux agriculteurs et exempts de danger pour l’environnement, « à condition que ce soit fait d’une manière intelligente », en utilisant des pollinisateurs tétraploïdes et en éliminant systématiquement les montées en graines.
D’après un rapport publié par le Genetic Engineered Food Alert - « Manufacturing Drugs and Chemicals in Crops : Biopharming Poses New Threats to Consumers, Farmers, Food Companies and the Environment » - , ont été délivrées 198 autorisations d’essais (représentant 315 parcelles) en champs de plantes transgéniques produisant des molécultes pharmaceutiques ou industrielles entre 1991 et 2002. Il s’agit principalement de variétés (maïs, soja, riz et tabac) qui produisent des vaccins, des molécules contraceptives, des hormones de croissance ou encore des enzymes destinés à l’industrie. Cette technologie est appelée « biopharming ». Si la localisation exacte des parcelles est secrète, le rapport précise que la plupart des essais se déroulent dans le Nébraska, le Wisconsin, à Hawaï et à Porto Rico. Les autres Etats impliqués sont l’Iowa, la Floride, l’Illinois, le Texas, la Californie, le Maryland, le Kentucky et l’Indiana. Le principal danger que représentent ces cultures est lié à la possibilité de pollinisation. Larry Bohlen, des Amis de la Terre, ironise en déclarant : « une simple erreur de la part d’une firme de biotechnologie et nous mangerons l’ordonnance des autres dans nos corn-flakes ». Suite à la publication de ce rapport, un membre de l’Académie Nationale des Sciences a reconnu qu’il est possible que de telles plantes puissent se croiser avec des plantes destinées à l’alimentation humaine. D’ailleurs, le PDG de ProdiGene, une des firmes les plus impliquées dans le Biopharming, avait déclaré, en 2001, à propos des zones tampons, qu’il souhaitait tout simplement que la loi ne les impose plus. Or, si un champ voisin se fait contaminer, l’agriculteur n’a pas d’autre recours possible que d’engager de coûteuses poursuites judiciaires, s’il n’est pas lui-même attaqué en justice par la firme détentrice du brevet pour « violation du droit de propriété intellectuelle ». La contamination peut aussi venir d’une mauvaise gestion de la filière qu’il est quasiment impossible de rendre totalement étanche. Ainsi, le rédacteur en chef de Nature Biotechnology se demande si « on peut raisonnablement attendre des agriculteurs qu’ils nettoient leur équipement si méticuleusement qu’ils éliminent totalement les semences transgéniques ? ». Enfin, certaines entreprises pensent extraire la molécule de la plante, puis vendre le reste. Selon le GEFA, une extraction incomplète signifierait que des résidus de produits chimiques pourront se retrouver dans l’alimentation. Le GEFA demande la fin de ces essais en plein champ et le confinement strict des essais. La Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, Ann Veneman, à qui le rapport a été envoyé, n’a pas fait de commentaire public.
Menée par l’Université de l’Ohio, une étude sur le tournesol Bt démontre que les variétés sauvages deviennent plus résistantes et plus productives (environ 50% de plus) en se croisant avec des variétés transgéniques. Allison Snow, responsable de l’étude, précise que cela ne signifie pas que tous les OGM soient dangereux, mais surprise par les résultats, elle a tenu à déclarer qu’il faut « être très vigilant parce que les gènes peuvent être très profitables à une mauvaise herbe et se reproduire à l’infini ».