Le ministère de l’Environnement (DEFRA) a publié un guide des pratiques agricoles à mettre en place pour lutter contre l’apparition d’herbes résistantes aux herbicides dans les cultures transgéniques. Le DEFRA avance par exemple la nécessité de rotation de cultures contrairement aux recommandations des semenciers et de changement d’herbicides utilisés alors que ces PGM sont conçues pour être utilisées avec un seul herbicide total. Le Comité Consultatif sur la Dissémination dans l’Environnement (ACRE) a indiqué que ce travail permettait d’augmenter la compréhension des effets sur le long terme des cultures GM tolérant les herbicides et que les différents effets playdaient en faveur d’une gestion au cas par cas [1]. La Grande-Bretagne n’a à ce jour aucune culture commerciale de PGM.

Des chercheurs du Centre de Recherche en Aquaculture et Environnement de Vancouver ont comparé la croissance et la prédation de saumons transgéniques avec celles de saumons sauvages en piscine et en rivière (recréée artificiellement en laboratoire) [2]. En piscine, les saumons transgéniques sont trois fois plus longs que les sauvages et sont de plus grands prédateurs. Or, dans la “rivière”, les saumons GM sont seulement 20% plus longs que les sauvages, et la différence de prédation est moins grande. Les chercheurs concluent donc que les interactions entre le génotype et l’environnement peuvent influencer le phénotype d’organismes. Ces données remettent en cause une étude faisant état d’une disparition des saumons sauvages après 40 générations si des saumons GM s’échappaient de leur enclos (cf. Inf’OGM n°25, Poissons transgéniques : est-ce bien raisonnable ?). Difficile toutefois d’extrapoler ces résultats : d‘autres données sont donc nécessaires pour évaluer le risque environnemental réel.

Un système de retrait de transgènes présents dans le pollen ou les semences de plantes transgéniques a été mis au point par des chercheurs de l’Université du Connecticut (Etats-Unis) et de Chonqqing (Chine). Ce système utilise des séquences d’ADN connues pour leur capacité à être coupées et recollées, les séquences LoxP ou FRT. Présentes à chaque extrémité du transgène, elles agissent comme des cibles de coupures visées par des protéines équivalentes à des ciseaux. Les expériences menées par les chercheurs montrent que ce système réussit à enlever les séquences transgéniques dans les semences et le pollen de PGM [3]. Présentée comme une alternative au système Terminator, cette technique nécessite tout de même que les protéines ciseaux soient exprimées dans les semences et le pollen ou du moins appliquées sur ces derniers. Une manipulation facile à faire en laboratoire mais peut-être plus compliquée sur des stocks entiers de semences ou sur du pollen.

Face aux nombreuses morts et maladies de brebis et chèvres ayant brouté des restes de coton Bt en 2005 et 2006 (cf. Inf’OGM n°77, INDE - Des brebis intoxiquées par le coton Bt ? et 78, INDE - Coton Bt et brebis), le Département de gestion animale de l’Andhra Pradesh souhaite que le ministère de l’Agriculture ordonne l’arrêt de la commercialisation de semences de coton Bt tant que l’enquête sur ces morts sera en cours. Ce département a adressé une circulaire aux cliniques vétérinaires afin que ces dernières envoient tout échantillon utile à des analyses. A l’heure actuelle, les animaux sont traités sur la base de leurs symptômes mais la substance toxique n’a pas été identifiée [4]. Selon la Fondation pour l’Education et la Connaissance des Biotechnologies (FECB), l’ensemble des symptômes observés (convulsions, diarrhées, problèmes respiratoires, encombrements des naseaux...) “pourraient être attribués à plusieurs facteurs et non seulement à la protéine Bt, elle-même non toxique pour les mammifères”. Le ministère de l’Agriculture du district du Warangal (Andhra Pradesh) avance l’hypothèse de la toxicité de résidus de pesticides plutôt que du coton Bt. La présence d’une bactérie mortelle pour les brebis, la Chituku Rogam est également une explication possible. Cependant, aucune analyse, autopsie, expérience ne vient appuyer les dires de la FECB, confirmant le besoin d’analyses poussées. Au niveau national, le Comité Consultatif sur le Génie Génétique (GEAC) s’est ressaisi du problème lors d’une réunion le 14 mars 2007. D’après les minutes de cette réunion, le GEAC n’a jamais vu les données de biosécurité relative aux essais en champs pourtant autorisés et demanderait à les voir maintenant. Par ailleurs, l’étude relative à la mort des brebis, demandée six mois plus tôt au Département des Biotechnologies, n’a pas encore été démarrée.

Le Dr. Maarten Stapper de l’Organisation de Recherche Industrielle et Scientifique du Commnwealth (CSIRO) travaillait sur les pertes de carbone dans les sols, la restauration de la fertilité des sols par l’amélioration de la microbiologie et l’utilisation des pratiques d’agriculture biologique pour améliorer les rendements de cultures. Après avoir publiquement critiqué certains aspects des cultures transgéniques, M. Stapper a été réprimandé par la direction du CSIRO, puis licencié. Le responsable du Département Industriel des Plantes du CSIRO, le Dr. Burdon, souligne que les plaintes de harcèlement du Dr Stapper ont été étudiées et écartées. Selon lui, l’organisation ne considère plus l’agriculture biologique comme une stratégie viable à long terme.

BASF continue de faire face à des difficultés pour implanter des essais en champ de pommes de terre GM, résistante au champignon Phytophthora infestans. Après le refus du ministère de l’Agriculture français, c’est au tour du Conseil d’État néerlandais, saisi par Greenpeace, de déclarer illégale l’autorisation accordée d’un tel essai par le ministère du Logement, de l’Organisation des Espaces et de l’Environnement. Le Conseil d’État considère que l’évaluation en milieu confiné est insuffisante et que le ministère n’a pu évaluer correctement les impacts sur l’environnement, BASF n’ayant pas indiqué assez précisément la localisation des essais envisagés [5]. En France, BASF a déclaré que suite au refus d’autorisation des essais, elle allait “proposer une solution” : pour elle, le ministère n’a contesté qu’un point des aspects techniques du dossier, à savoir la diffusion du parasite sur les cultures pour tester la résistance de ces dernières [6]. En Irlande, BASF a décidé d’abandonner ces essais du fait du coût des mesures à mettre en place, mesures demandées en 2006 par le ministère de l’Environnement. BASF essayera de les implanter en Grande-Bretagne [7], où un dossier a été déposé en mars 2007 (B/GB/07/R42/01). Ce dossier est la mise à jour d’une demande précédente pour laquelle une autorisation avait été accordée. Du fait d’un changement de localisation des essais, le ministère britannique de l’Environnement étudie à nouveau cette demande et devrait y répondre courant mai. Les mêmes demandes d’essais ont été déposées en Allemagne (B/DE/05/174) et Suède (B/SE/05/450 et /8615).

Il n’y a pas qu’en France que la biovigilance est déficiente (cf. Inf’OGM n°84). Aux Etats-Unis, l’entreprise Ventria a obtenu, en 2005, l’autorisation pour des essais en champ, en Caroline du Nord, de riz modifié génétiquement avec le gène humain codant pour la lactoferrine. Analysant des documents obtenus suite à une procédure légale, l’Union des Scientifiques Concernés a établi que la biovigilance des essais a été très déficiente : lieu d’implantation risqué, car situé à un kilomètre d’une station de recherche évaluant des variétés de riz étranger destinées à être importées ; aucune communication entre l’USDA et Ventria après le passage de l’ouragan Ophélia à proximité de l’essai ; seulement trois visites de surveillance sur cinq prévues ; un seul rapport intermédiaire sur trois attendus.