Le gouvernement a autorisé la mise en place d’essai en champ de pommes de terre GM [1]. Cette pomme de terre, modifiée par Bayer, est sensée résister au mildiou (Phytophthora infestans) et tolérer l’Imidazolinone, principe actif d’herbicide, utilisé comme gène de sélection. Les mêmes essais sont prévus en Allemagne, Pays-Bas et Suède.

L’entreprise canadienne Performance Plant a développé une technologie afin de rendre des plantes tolérantes au manque d’eau [2]. Ce transgène fonctionnerait sur un mode d’interrupteur. Pour cela, les chercheurs insèrent une copie à l’envers du gène, déjà présent, qui code pour la protéine farnesyl transferase, impliquée indirectement dans l’ouverture et la fermeture des pores des feuilles. Ce gène est mis sous contrôle d’un promoteur qui est actif seulement en condition de sécheresse [3]. La synthèse de cette protéine à l’envers va inhiber celle de la protéine native, induisant une fermeture plus rapide des pores qui limitera l’évaporation de l’eau. L’entreprise aurait déjà expérimenté en champ cette technologie sur du colza, des pétunias et l’herbe Arabidopsis thaliana. Cependant, l’entreprise explique que cette résistance à la sécheresse serait effective pour des plants adultes et non des jeunes plants en croissance. Aucune étude d’impact n’est fournie par l’entreprise. Pourtant, elle a déjà réalisé des accords de licence avec Syngenta pour appliquer cette technologie à des variétés de maïs et de colza, et avec ScottsMiracle-Gro pour du gazon et des plantes ornementales.

Une équipe de l’Université de Stellenbosch a déposé une demande d’autorisation d’essais en champ de vigne GM, résistante aux infections fongiques [4]. Les premiers essais, sur moins d’un hectare, ont pour objectif de déterminer la stabilité de l’insertion du transgène. Les scientifiques ont inséré dans deux variétés de vignes, Sultana et Chardonnay, le gène marqueur uidA, codant pour la protéine Béta-Glucuronidase, sous contrôle du promoteur 35S. Les fleurs seront enveloppées pour éviter la dissémination du pollen. Le Centre Africain pour la Biodiversité Ethekwini, membre de l’alliance africaine contre le génie génétique, a demandé au gouvernement de refuser cette autorisation. Selon ce Centre, outre les risques de contamination de variétés de vignes adjacentes, ce projet menace le commerce du vin sud-africain, fermant les exportations possibles vers l’Europe. Par ailleurs, les données de biosécurité présentées dans le dossier seraient issues d’un travail précédent effectué en Allemagne par l’Institut d’Amélioration du Vin. Or ces données ne sont pas complètes, car l’institut allemand avait abandonné les essais avant la fin, du fait de l’échec des vignes GM à résister à un champignon parasite, pourtant objectif de la modification.

Le ministère de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL) a autorisé l’Institut Leibniz de génétique végétale et de recherche sur les plantes (IPK) à Gatersleben, à expérimenter en champ du blé d’hiver GM, entre octobre 2006 et août 2008 [5]. 11200 plants seront cultivés sur 1200 m2. Les plants de blé sont modifiés par des transgènes contenant le gène HvSUT1 de l’orge, codant pour un transporteur de sucrose et le gène VfAAP1 de fève, codant pour une perméase. Ces gènes permettraient d’obtenir un taux de protéines plus important dans les grains de blé. Le BVL impose : une distance de 120 m entre l’essai et les cultures de blé et de 500 m entre l’essai et la banque génétique de l’IPK ; que les graines issues de ces cultures, après analyses, soient détruites ; qu’aucun produit de ces cultures ne soit utilisé dans une filière alimentaire ; que les cultures soient entourées de clôtures et recouvertes d’un filet de protection ; qu’après récolte, la paille et les grains restants sur le sol soient brûlés ; et enfin, que la surface de culture ne puisse pas être utilisée pendant deux ans après la moisson (si, la deuxième année, des traces de PGM sont révélées, ce délai sera prolongé d’une année).

Des chercheurs de l’Institut de Recherche de Namulonge et de Kabanyore ont augmenté la teneur en vitamine A de la patate douce (Ipomoea batatas), sans utiliser la transgénèse contrairement au cas du riz doré [6]. Une variété locale de patate douce améliorée est en cours d’évaluation chez des paysans.

Une équipe de l’Institut de Génomique des Plantes et de Biotechnologie, au Texas, a annoncé avoir mis au point un coton transgénique dont les graines seraient consommables par l’homme [7]. Ce coton présente une version supplémentaire du gène exprimant la protéine Gossypol (une protéine insecticide), qui induit, par interférence, l’extinction de l’expression de la protéine native Gossypol. Dans les années 50, des variétés de coton, au taux de Gossypol très bas, avaient été obtenues par hybridation mais ces variétés hybrides étaient sensibles aux parasites. Selon Bernard Hau (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), “l’expérience [des années 80 quand 350 000 Ha de coton sans Gossypol furent cultivés en Afrique] avait tourné court, car les paysans avaient besoin de ce coton, qui ne leur était pas acheté plus cher, pour nourrir leur bétail” [8]. Cette situation pourrait se répéter avec le coton GM s’il est commercialisé. Enfin, ce coton n’a subi aucune évaluation sanitaire.

L’équipe du Pr. Malatesta, de l’Université d’Urbino, a publié des résultats exposant les impacts sur des souris d’une alimentation à base de soja GTS 40-3-2, soja autorisé en Europe pour l’alimentation et en cours d’autorisation pour la culture (cf. dossier Inf’OGM n°76, Santé et PGM : des doutes renforcés). Certaines critiques, officieuses, portent sur le fait que les variétés de soja utilisées (GM et non GM) n’étant pas renseignées, les résultats sont difficilement interprétables. Interrogée par Inf’OGM, la Pr. Malatesta a fourni les informations suivantes : « le témoin utilisé était un mélange commercial de soja dont le caractère non transgénique a été certifié par le laboratoire de l’Instituto Zooprofilattico Sperimentale dell’Umbria e delle Marche, qui a travaillé à vérifier soit l’identité du soja GM soit la présence de plusieurs pesticides couramment utilisés en agriculture ». Concernant la variabilité constitutionnelle des plants, « toutes les plantes sont normalement caractérisées par une variabilité extrême du contenu nutritionnel et même du contenu en substances toxiques, suivant la composition du terrain, les conditions climatiques et environnementales, etc. C’est une limite intrinsèque à tous les tests faits en utilisant comme nourriture des végétaux ». La Pr. Malatesta regrette également n’avoir pu se fournir en variété de soja originale ayant servi de base à la transgenèse conduite par Monsanto, la variété A5403.