Selon le Pr. Perron de l’Agence canadienne d’inspection alimentaire, des gènes de résistance aux antibiotiques Bla, tet et NptII, couramment utilisés dans les PGM, peuvent contaminer les solutions de l’enzyme Taq polymérase disponibles commercialement et issues de bactéries GM sélectionnées par les mêmes résistances aux antibiotiques que les PGM [1]. Cette enzyme est utilisée dans les analyses PCR comme pour la détection et la quantification de présence de PGM dans des produits. A. Person recommande donc de décontaminer les solutions d’enzyme Taq utilisée, avant analyse, faute de quoi les résultats de PCR pourraient être erronés.

Des chercheurs de l’Institut de Biologie Moléculaire de Barcelone du Conseil supérieur de recherches scientifiques (CSIC) ont présenté, début 2006 [2], leur projet de recherche sur une modification génétique du riz afin de le protéger du champignon Magnaporthe grisea, un des responsables de la maladie dite de “brûlure du riz”. Deux pistes sont envisagées : l’incorporation du gène synthétisant la protéine antifongique d’un champignon, Aspergillus giganteus ; et celle d’un gène de larves d’insectes. Les chercheurs doivent évaluer les implications en termes d’impacts sanitaires et environnementaux. Par ailleurs, une étude précédemment publiée dans le journal Nature montrait que la mise en culture d’un mélange de deux variétés de riz non transgénique permet une forte augmentation des rendements de culture et la protection de ces cultures contre un ensemble de maladie, et tout spécialement contre celle de la brûlure du riz [3].

Au niveau des semences, les données de présence de PGM peuvent être donnée en pourcentage d’ADN ou de graine. Le choix de l’unité de mesure induit plusieurs différences d’interprétation (cf. dossier Inf’OGM n°79, Des riz transgéniques illégaux “s’invitent” à la table des Européens). Pour répondre à la question de la fiabilité des résultats dans le cas d’une unité ADN ou graine, l’équipe du Pr. Pla, de l’Institut de technologie agroalimentaire espagnol, a conduit des analyses sur des échantillons de maïs MON810 et de maïs non transgénique, tous deux prélevés dans la même région mais aux caractéristiques différentes, pour permettre une différenciation visuelle [4]. Selon leurs résultats, il existe une véritable corrélation entre les données en pourcentage d’ADN, obtenues par analyse PCR et le nombre de grains issus de pollinisation croisée. Par contre, ils établissent que les résultats obtenus en pourcentage de graines sont moins précis.

Quatre instituts de recherche brésiliens ont commencé en juillet 2006 des études sur 120 lignées d’orangers GM, sélectionnées et testées pour leur résistance aux principaux pathogènes et maladies affectant ce type de culture. Les chercheurs souhaitent notamment développer des orangers résistants à la “lèpre” (due au virus Citrus leprosis rhabdovirus) ou à des bactéries, provoquant chlorose et chancre bactérien (Xanthomonas campestris pv. citri) [5].

En août, l’organisme responsable de l’évaluation des demandes d’autorisation, le GEAC, a mis en place un groupe d’experts chargé d’étudier le dossier des essais en champs d’aubergines Bt, déposé par Mahyco, filiale indienne de Monsanto [6]. Dans le cadre de la consultation publique, de nombreux commentaires ont fait état d’une opposition à ces essais, arguant que l’Inde est le centre d’origine de l’aubergine, et que de tels essais menaçaient de contamination des variétés locales. Par ailleurs, concernant la mort de brebis ayant brouté les restes d’une culture de coton transgénique Bt (cf. Inf’OGM n°77, INDE - Coton Bt et brebis et 78, INDE - Des brebis intoxiquées par le coton Bt ?), le GEAC a demandé au gouvernement de l’Andhra Pradesh de lui envoyer les rapports factuels et de conduire des études de toxicité des feuilles de coton Bt. Le GEAC a reconnu qu’une telle étude n’avait pas encore été conduite [7].

L’équipe du Pr. Higgins de l’Organisation Scientifique de Recherche du Commonwealth d’Austra-lie travaille actuellement sur la modification génétique de la mongette (Vigna unguiculata L.). Cette légumineuse est cultivée notamment en Afrique sub-saharienne pour ses graines comestibles riches en amidon et comme plante fourragère. La modification génétique que les scientifiques souhaitent effectuer est l’insertion d’un gène Bt afin que la plante tue la pyrale du pois. Ce projet est soutenu financièrement par la fondation africaine de technologie agricole et la fondation Rockfeller [8]. Un récent article du Pr. Langyintuo du Centre International d’Amélioration du Maïs et du Blé [9], montre que, au Nigéria, l’adoption d’une telle plante GM et sa commercialisation auraient des conséquences sur les échanges commerciaux de la région. Le Nigéria, gros importateur, cessant ses importations au profit de sa production nationale, obligerait les autres pays à trouver d’autres débouchés. Les auteurs montrent que si les cultures de mongette GM ont de moindres coûts de production, les autres pays n’auraient d’autres choix que de l’adopter pour rester concurrentiels.

Des chercheurs du Centre d’AgriBiosciences de Melbourne [10] ont identifié des gènes responsables de la résistance au gel de la canche, une des deux graminées rencontrées en Antarctique, capable d’endurer des températures de l’ordre de -30°C. L’étude des mécanismes qui empêchent la formation des cristaux de glace dans les cellules lors des gelées et la connaissance des gènes impliqués permettraient de produire des espèces GM capables de survivre au froid. A ce jour, aucun projet de ce type n’a encore abouti et la très grande majorité des demandes d’autorisation de commercialisation de PGM concerne des PGM résistant aux insectes ou tolérant un herbicide.

Le Comité conjoint d’experts de la FAO et de l’OMC sur les additifs alimentaires (JEFCA) travaille au développement de directives sur l’évaluation de la sécurité sanitaire des enzymes produits par des micro-organismes génétiquement modifiés [11]. Ces directives ont pour objectifs de lister les informations renseignant la préparation des enzymes et la caractérisation biologique des OGM pour les produire. Ces informations devront permettre d’effectuer une évaluation sanitaire de ces enzymes... dont certaines sont depuis longtemps commercialisées. La prochaine réunion du JEFCA au cours de laquelle seront discutées ces directives se tiendra du 19 au 28 juin 2007 à Genève (Suisse). Le JEFCA travaille depuis 1987 sur l’évaluation sanitaire des enzymes.

Pour des raisons budgétaires, l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), en charge par exemple de l’évaluation des demandes d’autorisation des PGM, a décidé de fermer plusieurs de ses bibliothèques [12]. Sur un budget total de 7,3 milliards de dollars par an, l’EPA souhaiterait diminuer les dépenses allouées aux bibliothèques de 2,5 millions à 500 000 dollars en 2007. Une mise en ligne électronique de tous les documents est prévue pour pallier ces fermetures. Mais l’EPA ne disposerait pas du budget nécessaire pour ce travail de numérisation. Selon Craig M. Schiffries, directeur du Conseil National pour la Science et l’Environnement, “la fourniture de décisions scientifiques est le rôle central de l’EPA, et l’accès aux bibliothèques reconnues est fondamentale pour cela [...] Economiser peu d’argent au regard du budget global aura des conséquences disproportionnées sur la capacité de l’EPA à répondre à sa mission”.