Neuf syndicats, qui représentent 9000 employés de l’Agence états-unienne de Protection de l’Environnement (EPA) - sur 18 000 - ont écrit au Directeur de l’agence, S. Johnson, en mai 2006, pour dénoncer que les intérêts des industries phytosanitaires avaient pris le pas sur la mission de l’agence de protéger la santé publique. Cette lettre explique que, suite aux pressions de l’industrie, “l’intégrité de la science sur laquelle l’agence repose pour ses prises de décisions, est compromise” [1]. Ces mêmes syndicats indiquent pour exemple, leur inquiétude concernant certains organophosphates qui ne devraient plus être autorisés commercialement du fait de leurs effets secondaires sur les enfants et fœtus, et une liste de vingt pesticides dérivés de gaz neurotoxiques utilisés durant la seconde guerre mondiale. L’EPA n’a toujours pas répondu à cette lettre.

Deux chercheurs de l’Université de Canterbury se sont déclarés alarmés par l’évolution récente du processus d’évaluation des aliments transgéniques [2]. Alors que de nombreuses lacunes existent toujours sur l’étude des effets des PGM sur la santé, le Dr. V. Metcalf reproche, d’une part, que les analyses de biosécurité ne soient pas conduites par l’organe d’évaluation mais par le demandeur de l’autorisation et, d’autre part, que les aliments transgéniques soient considérés comme sans risque tant que le contraire n’a pas été démontré. Quant au Pr. J. Heinemann, il déclare que l’introduction du maïs LY038, modifié pour contenir plus de lysine, est potentiellement dangereuse, la lysine pouvant réagir avec des sucres pour former des produits finaux de “glycoxydation” avancée, qui pourraient causer des symptômes de la maladie d’Alzheimer, de diabète et de troubles du foie.

Suite à l’action du Centre pour une Agriculture Durable (CSA, cf. Inf’OGM n°77), le Comité indien d’Approbation du Génie Génétique (GEAC) a rejeté l’hypothèse que la mort des brebis soit due à leur consommation de résidus de coton Bt [3]. Le GEAC précise que l’autorisation avait été donnée notamment sur la base d’études sur vaches et poissons montrant l’absence de toxicité. Le Comité d’évaluation des modifications génétiques a cependant décidé d’inclure dans les études de biosécurité, avant autorisation, des études de toxicité des feuilles de plantes transgéniques.

Dans le cadre du débat sur la coexistence, un collectif d’agriculteurs du Civam Agrobio 47, associé à la Confédération paysanne, au Comité vigilance OGM 47, aux professionnels apicoles et au Réseau Semences Paysannes, a décidé de profiter de la mise en place d’une parcelle commerciale de maïs GM en France pour étudier l’ampleur du phénomène de contamination sur les parcelles voisines. A cette fin, trois parcelles ont été ensemencées avec un mélange de maïs dit “population”, à côté du champ de maïs GM, séparé de ce dernier par la zone tampon obligatoire que l’agriculteur a mise en place. Les résultats obtenus montrent que le maïs population se trouve contaminé jusqu’à un taux de 0,3% pour la parcelle la plus proche du champ de PGM. Une autre expérience sur ruches a permis d’évaluer la quantité de pollen de maïs GM récolté par les abeilles et présent dans la ruche. Les résultats montrent des taux de contamination autour de 40% dans la ruche située à 400 mètres et entre 40 et 50% pour celle implantée à 1200 mètres. Selon B. Péré, vice-président du Civam Agrobio 47, “cette étude confirme de manière scientifique que dans un rayon de 300 mètres, les plantes ne sont pas exemptes de contamination. Elle prouve aussi que, contrairement à ce que disent les pro-OGM, les abeilles vont bien sur les fleurs de maïs et dès lors peuvent transporter fort loin la pollution OGM” [4]. En Bavière, des contaminations par du pollen de maïs GM à 50 mètres des cultures de PGM ont été observées en 2005, à un taux de 1,5%. La cause de cette contamination a été établie comme étant “de forts vents d’ouest” [5].

Lors de la réunion annuelle de la Société Brésilienne pour le Progrès de la Science (SBPC), le vétérinaire V.J. de Figuereido Freitas du Laboratoire de Physiologie et de Contrôle de la Reproduction (Université de l’Etat du Ceara, UECE) a présenté ses premiers chevreaux transgéniques. Ces animaux produisent du lait contenant la protéine immunostimulante MesH, utilisée pour traiter les patients immunodéficients. En juillet, dix cabris de la race Saanen sont nés. D’après le responsable de recherche, ce produit pourrait être mis sur le marché en 2016, au terme d’une procédure de certification. L’UECE travaillera, en partenariat avec l’Inra (Institut National de la Recherche Agronomique, France) pour enseigner, au Brésil, ces technologies.

Une étude réalisée par l’Institut Cornell [6], auprès de 481 cultivateurs de coton en Chine montre qu’après trois ans de culture de coton transgénique Bt, les agriculteurs consomment autant d’insecticides que pour des cultures conventionnelles. Au cours des trois premières années de culture, les cultivateurs avaient diminué de 70% leur consommation d’insecticides et gagné un tiers de plus que les cultivateurs de coton conventionnel. Mais après ces trois ans, le rapport commence à s’inverser, et au final, après sept années, du fait de l’apparition de nouveaux parasites, ils consommaient autant d’insecticides mais dépensaient beaucoup plus du fait du prix supérieur des semences GM (environ trois fois plus chères), à renouveler chaque année.

La Commission européenne a validé, le 28 juillet 2006, la première autorisation de commercialisation d’un médicament issu du lait de chèvres transgéniques (Cf. Inf’OGM 76).

Suite aux destructions de cet été, Monsanto France a déclaré le 17 juillet ne pas vouloir conduire d’autres essais en champs en France en vue de collecter des données pour les dossiers de demandes d’autorisations. Ces demandes d’autorisation commerciales seront toujours effectuées mais avec des données scientifiques issues d’essais conduits ailleurs. Ce dernier point reste dépendant de la décision du Ministère de l’Agriculture, les essais en champs étant nécessairement à conduire dans les conditions environnementales du lieu où la commercialisation aura lieu [7]. Biogemma a également déclaré vouloir délocaliser ses essais en champs, suite aux fauchages. “18 essais dont 12 détruits à ce jour, c’est catastrophique”, selon M. Debrand, président-directeur général de la société. L’Inde, où l’entreprise a passé un accord avec Avesthagen par le biais de Limagrain, et les Etats-Unis, pourraient être les destinations choisies [8].