Le Pr. Higst a publié un article [1] faisant état d’une technique pour rendre stériles les conifères transgéniques. Les scientifiques ont utilisé une expression localisée dans certains tissus de la plante d’un gène cytotoxique. Le transgène inséré code pour une enzyme de la vigne, la stilbène synthase (STS) qui entre en compétition avec une autre enzyme, la chalcone synthase. Cette compétition entraîne la réduction, voire l’absence de synthèse de flavonol et donc la stérilité de la plante. Ce gène a été placé en aval d’un promoteur conduisant à une expression du gène uniquement dans les tissus de reproduction. Ainsi, l’expression spécifique de l’enzyme STS dans les cellules de reproduction mâles entraîne l’absence de production de pollen par la plante. Les expériences de cette stérilité n’ont pas été conduites sur des conifères, le temps de maturation sexuelle de ces derniers étant de 7 à 8 ans, mais sur des plants de tabac. Les observations ont montré que la synthèse de pollen était quasi inexistante : des quantités de 0,03 à 2% de la quantité théorique totale étaient présentes mais non viables d’après les chercheurs. Les effets sur la croissance et la santé de la plante n’ont pas été étudiés. Des lignées de différents conifères ont déjà été générées et vont être analysées. Les scientifiques précisent que l’application de flavonol sous forme de spray sur les jeunes plants conduit à une restauration partielle de la fertilité des plants. Des recherches ont également cours pour produire un maïs à usage pharmaceutique ne produisant pas de pollen.
Les chercheurs d’Origen Therapeutics ont modifié génétiquement des cellules germinales de poulets, puis réinitié par la suite leur cycle de transformation en cellules embryonnaires et donc en poulets transgéniques [2]. Selon R. Kay, Président d’Origen, “ce travail démontre le potentiel de productions de molécules thérapeutiques par le poulet”. Et, conséquence non négligeable, cette modification des poulets est héréditaire. Selon le Dr Mary, co-auteur de l’étude, cette technique devrait avoir des implications pour les recherches en biologie du développement mais également, commercialement parlant, dans le domaine agricole en rendant les poulets ou d’autres volatiles résistants à des maladies ou encore producteurs de molécules thérapeutiques. L’impact de la modification des cellules germinales sur le poulet n’a pas été étudié.
L’entreprise Ventria effectue des test cliniques de riz GM pour la production de molécules thérapeutiques, sur des enfants péruviens allaités, riz censé lutter contre les diarrhées aiguës en produisant de la lactoferrine. Cet essai a été dénoncé par l’Association Médicale Péruvienne et par Acción por los Niños qui considèrent que les droits des enfants sont bafoués. L’essai, autorisé par le Ministère de la Santé, concerne 140 enfants d’hôpitaux publics de Lima et de Trujillo. Le Ministère précise que l’Institut de Recherche Nutritionnelle, qui réalise les essais pour Ventria, a rempli toutes les conditions nécessaires à leurs réalisations [3]. Aux États-Unis, Ventria a dû faire face à une campagne conduite par des organisations écologistes, l’industrie alimentaire et des milliers d’agriculteurs, campagne basée sur le refus du développement de ce riz GM du fait des trop grands risques qu’il représente en cas de contamination de la chaîne alimentaire. A cela s’ajoute les risques que le Japon, plus grand importateur de riz états-unien, suspende ses importations. Après l’interdiction d’expérimentations en Californie, B. Papanos de l’Association états-unienne des producteurs de riz résume la situation : “Nous voulons juste qu’ils s’en aillent. Cette petite entreprise peut provoquer d’énormes problèmes” [4].
Le comté de Wrangal (Andhra Pradesh) est le lieu d’un phénomène encore inexpliqué : la mort de 1 820 brebis qui ont brouté les restes de culture de coton Bt. Les éleveurs ont alerté les autorités fédérales. En l’absence de réponse, le syndicat des éleveurs a conduit son enquête, avec des agronomes du Centre pour une Agriculture Durable et des vétérinaires de l’Etat [5]. Il conclut, après interview d’éleveurs et d’agriculteurs dans quatre villages, que la mort de ces brebis est très probablement due à une intoxication très forte et demande une enquête approfondie et un moratoire sur les cultures de coton Bt en attendant les résultats. Les premières données recueillies montrent que 25% des agneaux et brebis jusqu’à deux ans ont développé rapidement des symptômes inquiétants (nez pris, diarrhée, urine rouge, etc...) et sont morts dans les 5 à 7 jours après mise aux champs. Des autopsies pratiquées à la clinique vétérinaire gouvernementale, mais non rendues publiques, ont révélé des tâches noires dans les intestins et le foie et des canaux biliaires élargis. L’assistante du Directeur de l’hôpital aurait déclaré aux éleveurs que ces symptômes étaient probablement dus au broutage de feuilles et boules résiduelles de coton Bt et qu’elle avait déjà observé ce phénomène. A l’équipe conduisant l’étude, elle a tempéré son propos en expliquant que les agriculteurs utilisaient également d’autres insecticides et herbicides qui pourraient être la cause de ce phénomène. Contacté par Inf’OGM, un des auteurs de l’étude a cependant expliqué que la dernière utilisation de pesticides sur ces champs datait d’un mois avant la récolte et que les agriculteurs n’avaient pas pour habitude d’utiliser des insecticides contenant du Bt les années précédentes. Or, la seule nouveauté était l’introduction du coton Bt.
Biogemma a déposé, le 10 juillet 2006, une demande de dérogation auprès de la Commission du génie biomoléculaire (CGB) pour pouvoir poursuivre son essai de maïs transgénique à Antoingt (Auvergne) sur la précocité de la floraison du maïs, malgré sa destruction partielle (cf. p.4). Le 11 juillet 2006, lors d’une réunion de la CGB, il a été confirmé que les prescriptions de mise en culture des essais ne pouvaient être changées. Interrogé par Inf’OGM, le secrétariat de la CGB a confirmé que Biogemma pouvait continuer son essai dans deux contextes : l’essai est entouré de quatre rangs de maïs non-GM et 400m le sépare des autres cultures ; ou les plants sont castrés ou ensachés.
Le coton Bt est cultivé en Arizona (Etats-Unis), depuis 1996. Des scientifiques de l’Université de cet Etat ont analysé, pendant deux ans, 81 champs dans un périmètre de 6600 km2 où poussent du coton naturel (40 champs), du coton Bt (21 champs) et du coton Bt et résistant aux herbicides (20 champs). Les résultats montrent que les rendements sont similaires mais que les cultures non transgéniques ont nécessité plus d’insecticides [6]. Il est à noter que des phénomènes de résistance des insectes à la toxine Bt ont déjà été observés en Caroline du Nord (cf. Inf’OGM n°23, ETATS-UNIS - Des mites résistantes au Bt.), en Chine (cf. Inf’OGM n°54, CHINE - Coton transgénique inefficace à terme ?) et en Inde (cf. Inf’OGM n°67, INDE - Coton Bt inefficace et surestimé), obligeant les agriculteurs à réutiliser leurs anciens insecticides. Selon Y. Carrière, un des auteurs, il est nécessaire qu’une comparaison des systèmes de cultures soit conduite sur de nombreux systèmes différents avant de généraliser les résultats [7]. Y. Carrière précise que le succès du coton Bt dépend de sa capacité à résister aux insectes. Or son laboratoire a déjà mis en évidence l’existence de vers roses des racines (Pectinophora gossypiella) portant des variations génétiques qui pourraient générer une résistance à la protéine Bt [8]. Inf’OGM n’a pu joindre Y. Carrière pour confirmer ce point.