La directive européenne 2001/18 interdit, progressivement, les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques, utilisés pour sélectionner les plantes transgéniques [1]. L’équipe du Pr. Erikson (Centre de Sciences des Plantes d’Umea) a mis en évidence le gène dao1 de la levure Rhodotorula gracilis, présent chez de nombreux eucaryotes mais non chez les plantes. Ce gène code pour une enzyme, la DAAO (D-amino-acide oxydase) qui intervient dans le métabolisme de certains acides aminés. Il peut être utilisé comme marqueur pour les plantes transgéniques. L’équipe suédoise a déjà effectué des expériences chez Arabidopsis thaliana, couramment utilisée en laboratoire.
Selon le Pr. Small [2] (Département de l’Environnement et des ressources), les évaluations actuelles des risques liés aux OGM ne sont pas complètes. Son équipe a interrogé sept experts spécialistes du colza transgénique qui ont mis en exergue trois points problématiques laissés de côté lors des évaluations scientifiques : 1) les problèmes agronomiques et environnementaux que posent le colza tolérant au glyphosate et les repousses annuelles ; 2) le problème croissant de la contamination des lots de semences ; 3) les impacts potentiels sur le marché commercial. Les sept experts considèrent aussi que des recherches devraient être conduites afin de quantifier le phénomène de croisement entre le colza et les plantes cousines, de connaître la capacité de ces hybrides à persister dans la nature et de connaître la destinée des gènes de tolérance au glyphosate dans le sol et leurs interactions avec la microfaune et microflore locales.
Des chercheurs du Canada, de France (CIRAD) et d’Inde ont modifié génétiquement un chou afin qu’il résiste aux fausses-teignes des crucifères. Cet insecte développant facilement des résistances aux insecticides, ils ont inséré deux gènes (Cry1B et Cry1ab), fusionnés l’un à l’autre, codant chacun pour une forme de la toxine Bt [3]. Pourtant, dès 1997, le Pr. Tabashnik avait montré que ces insectes avaient déjà développé des résistances à quatre formes différentes de Bt [4].
En partenariat avec Monsanto et Burkina Biotech, l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) a expérimenté durant deux ans (2003 et 2004) le coton transgénique Bollgard II sur ses stations de recherche à Farako-bâ (région de l’Ouest) et à Kouaré (région de l’Est) En conclusion, ils estiment que le Bollgard II n’influence pas la précocité et le rendement égrenage du coton, qu’il augmente les rendements en coton graine et contrôle efficacement les populations de larves, de lépidoptères carpophages et phyllophages. La présence de populations diversifiées d’insectes utiles a été également observée dans les parcelles de coton transgénique. Par ailleurs, l’utilisation du coton transgénique permet d’entrevoir une réduction significative de la quantité d’insecticide utilisée en culture cotonnière. La Coalition de veille face aux OGM a fait part aux autorités de leur inquiétude sur la dissémination des gènes Bt et demande un moratoire de cinq ans [5]. Les Verts burkinabés insistent auprès du gouvernement pour que soit adopté le principe de précaution. Ces expériences ont été menées sur une période de deux ans seulement alors que les résultats des expériences sur le coton transgénique conduites à Bobo-Dioulasso (ouest) et à Fada N’Gourma “ne seront pas concluantes avant des années”, selon l’INERA [6]. En juillet 2003, la Sofitex, société parapublique qui contrôle la filière coton, et Monsanto niaient l’existence d’essai de coton transgénique [7]. Selon H. Clavier, responsable du service agronomique pour le Développement des agro-industries (DAGRIS, anciennement la Compagnie française pour le Développement des Fibres Textiles et actionnaire de la Sofitex), “il n’y a pas de raison que les pays africains soient absents de cette avancée technologique” [8]. Or, en même temps, Max Havelaar et DAGRIS ont signé un partenariat pour développer le textile équitable. Dans son cahier des charges, Max Havelaar demande à l’entreprise, “en matière d’environnement, de bannir certains pesticides et refuser l’achat et l’utilisation de semences OGM”. Les Verts ont dénoncé le double jeu de DAGRIS. Et le problème de la coexistence de champs “équitables” et transgéniques a aussi été mis en avant [9].
Le Pr. G.E. Séralini (Université de Caen) vient de publier [10] des résultats montrant un effet toxique du glyphosate (molécule active du Round Up) sur des cellules du placenta humain, et ce, à des concentrations de glyphosate inférieures à celle de l’usage agricole du Round Up. L’étude souligne que le Round Up se montre toujours plus toxique que son principe actif, le glyphosate. Des expériences plus poussées ont montré que l’herbicide provoque un dérèglement d’une protéine impliquée dans la synthèse d’oestrogène - une des deux hormones “féminines”. Le glyphosate est responsable de ce dérèglement mais les adjuvants présents dans l’herbicide en facilitent les effets. Autrement dit, les adjuvants présents dans le Round Up augmentent la disponibilité et l’accumulation biologique du glyphosate. Les scientifiques précisent que ces deux effets - observés sur cellules et protéines purifiées - sont observables chez les mammifères.
L’Institut International de Recherche sur les Cultures pour les Régions Tropicales Semi-arides (ICRISAT), en partenariat avec le Directoire pour la recherche sur le Riz (DRR) et l’Université Agricole d’Acharya NG Ranga (ANGRAU) ont proposé l’idée d’un parc dédié au riz transgénique, basé dans l’état d’Andhar Pradesh en Inde [11]. Le Directeur Général d’ICRISAT, W. Dar précise que l’institut “prévoit de travailler sur de nouvelles variétés de riz GM et non GM qui pourraient être cultivées sous différentes conditions climatiques”. Ce projet, prévu pour fin 2005 est en attente d’une réponse budgétaire du gouvernement fédéral. L’état d’Andhar Pradesh est célèbre pour l’échec des cultures de coton Bt ayant conduit à la ruine, et parfois aux suicides, de nombreux agriculteurs.
Une pomme de terre transgénique exprimant une seule protéine du virus de l’hépatite B (VHB) a été mise au point et, consommée, elle a provoqué une réaction immunitaire chez 60% des volontaires [12]. Le taux d’anticorps dirigé contre le VHB a augmenté chez 10 des 16 personnes du premier groupe qui ont consommé trois doses de cette pomme de terre crue, chez 9 sur 17 personnes du deuxième qui ont reçu deux doses et chez aucun pour le groupe contrôle. Cependant, les chercheurs reconnaissent qu’utiliser un aliment transgénique pose d’importants problèmes de dosage et de contrôle. Le travail s’oriente donc vers la mise en point de vaccins oraux à partir de plantes transgéniques dont les feuilles seraient desséchées, pulvérisées et administrées sous forme de gélules.
Suite à l’enquête du Los Angeles Time effectuée en 2003 qui révélait les liens financiers entre des chercheurs du public et des entreprises privées, la direction des Instituts Nationaux de Santé (NIH), en accord avec le Congrès, demande désormais à ses chercheurs de ne plus signer de contrats avec le privé [13]. Du fait des clauses de confidentialité comprises dans ces contrats, les chercheurs connaissent en effet diverses entraves telles que l’interdiction d’enseigner sur ces thèmes, l’inutilité de certains travaux déjà effectués mais conservés secrets ou encore l’absence de collaboration par ignorance du travail d’autres équipes. Il devient impossible pour les directeurs de laboratoires d’avoir confiance dans les affirmations de leurs chercheurs à propos de médicaments ou substances étudiées ou produites dans le cadre de ces partenariats. Un an après la publication de cette enquête, des scientifiques continuent pourtant de violer ces normes éthiques, en étant juge et partie, ou en ne déclarant pas les revenus qu’ils touchent du privé. Le NIH reçoit 28 milliards de dollars d’argent public, mais est montré du doigt pour avoir publié des directives médicales qui semblent avoir été influencées par des intérêts privés. Ainsi, 8 scientifiques sur 9 ayant écrit des directives concernant des médicaments abaissant les taux de cholestérol avaient des intérêts financiers dans les entreprises les fabriquant. Des effets secondaires (31 morts qui ont justifié l’interdiction d’un médicament) n’avaient pas été signalés. Une lettre a été signée par près de 200 chercheurs du NIH estimant qu’une interdiction permanente ferait du personnel scientifique - payé de 130 000 US$ à 200 000 UIS$/an par le gouvernement - des “citoyens de seconde-classe” dans la communauté biomédicale.