Des chercheurs du Laboratoire de génétique moléculaire des plantes de l’Institut de physiologie et d’écologie des plantes de l’Académie des sciences de Chine à Shanghai ont cloné le gène SKC1 du riz impliqué dans le caractère de tolérance au sel. La tolérance au stress des plantes est dirigée par une combinaison de gènes appartenant à la famille des locus de caractères quantitatifs (QTL). Les recherches de l’équipe chinoise ont révélé que le gène SKC1 régulait la quantité de sodium et de potassium dans le plant de riz et prévenait l’excès d’ions en cas de stress salin [1].
Une autre étude, de l’équipe du Pr. Fujita du centre International de recherches en Sciences Agricoles (Japon), a mis en évidence que l’hormone végétale Abscisic Acid joue un rôle clef dans la résistance à la sécheresse. Cette protéine, régulateur de croissance lorsqu’elle agit seule, acquiert ce second rôle lorsqu’elle est associée à d’autres facteurs protéiques [2].
Des plants de tabac ont été génétiquement modifiés afin de résister aux attaques du parasite végétal orobanche [3]. Cette plante “s’attaque” aux racines des plants de tabac en pompant l’eau, les nutriments et autres produits de la photosynthèse. Dans le cadre d’une collaboration israélo-états-unienne, le Pr. Westwood du Département de Physiologie des Plantes à Blacksburg, a modifié des plants de tabac afin qu’ils expriment une protéine toxique pour l’orobanche appelée Sarcotoxin IA, issue de la mouche Sarcophaga Peregrine. Le gène codant cette protéine est placé en amont du promoteur HMG2. La protection n’est cependant pas complète, car la protéine n’empêche pas l’attachement de la plante parasite aux racines du tabac. Cette plante n’est donc pas encore prête pour des essais en champs.
Un rapport d’audit interne du Département d’Inspection pour la Santé Animale et Végétale (APHIS) [4] du Ministère de l’Agriculture états-unien conclut à d’importantes lacunes sur la capacité de ce ministère à surveiller les essais en champs comme la loi le prévoit. Le Bureau de l’Inspection générale affirme que, dans de nombreux cas, l’APHIS ne possède pas les localisations précises des essais en champs autorisés bien qu’il soit en charge de la surveillance des cultures et de la destination des récoltes. La seule démarche mise en place a été la demande de déclaration volontaire des lieux de culture. Le rapport révèle également que l’APHIS ne lit pas les protocoles d’encadrement des essais mais demande au pétitionnaire de soutenir verbalement ce qui est prévu dans le cas d’une inspection. L’APHIS ne demande pas de rapport sur la destinée des produits agricoles récoltés. Les enquêteurs ont établi par exemple, que deux récoltes de cultures transgéniques pharmaceutiques ont été stockées pendant plus d’un an en hangar sans que l’APHIS ne soit au courant. De plus, l’APHIS ne documente pas les autorisations données pour ces essais en champs et n’effectue aucun travail de suivi documentaire durant les périodes de culture. Dans les cas d’inspection par l’APHIS, les deux unités de cette structure ne coordonnent pas leur travail. Ainsi, le Service de Régulation des Biotechnologies (BRS) ne disposent pas d’un protocole détaillé guidant le choix des sites à inspecter et le service de Protection des Plantes et Quarantaine (PPQ) ne conduit pas toutes les inspections demandées par le BRS. Le protocole de choix existant ne traite pas particulièrement les cultures pharmaceutiques, ces dernières n’étant donc pas sujettes à une surveillance particulière. Aucun des deux services, BRS et PPQ ne conserve les rapports de leurs inspections. Ainsi, 11 violations de la loi ont été constatées comme non répertoriées dans la base de données du BRS alors même que ces infractions avaient été constatées. L’APHIS ne dispose à l’heure actuelle d’aucune législation qui permettrait de considérer comme responsable financier les entreprises qui mettraient en culture des PGM non autorisées dans le cadre d’essais en champs. Sur le volet des règles de mises en culture, l’APHIS ne précise aucunement les délais dans lesquels les cultures des essais doivent être détruites, ni les conditions d’isolement des essais. Ainsi, les inspecteurs ont observé la mise en place d’essais qui n’étaient pas passés par la procédure concernant les aliments et qui se trouvaient dans un lieu et dans des conditions où ils pouvaient facilement être récoltés et envoyés dans la chaîne alimentaire. En conséquence, le bureau d’inspection émet une série de 28 recommandations dont l’objectif est d’améliorer le suivi et la surveillance de ces essais en champs.
N. Schoenenberger, étudiant en thèse de l’Université de Neuchâtel, a observé le phénomène d’introgression chez le blé par passage du transgène d’une PGM à des parents sauvages de cette plante [5]. Un tel passage d’un gène modifié à l’espèce sauvage peut devenir très problématique si ce gène est porteur d’une résistance à un herbicide. Dans sa thèse, N. Schoenenberger explique les mécanismes de cette introgression entre un blé et deux graminées (Aegilops cylindrica et Ae. geniculata) qui sont des herbes envahissantes dans les champs de blé aux Etats-Unis ou au sud de l’Europe. Le phénomène d’introgression est le croisement entre deux hybrides afin d’introduire dans l’un des deux, de nouveaux gènes. Dans le cadre des PGM, l’introgression peut avoir pour origine une contamination plutôt qu’un croisement voulu.
L’okra [6] (ou gombo) est un légume vert. Le Centre pour une Agriculture Durable (CSA), basé à Hyderabad, a révélé que l’okra Bt (Hibiscus esculentus) était sujet à de nombreuses maladies et attaques de parasites dans le village de Narakoduru (Andhra Pradesh). Les maladies observées sont dues à des champignons, bactéries et vers de capsule. Ces observations ont été effectuées dans une ferme dont l’agriculteur a loué les terres à la filiale indienne de Monsanto, Mahyco. Selon Mme Kuruganti, du CSA, “c’est sans doute la première fois depuis 2001-2002 qu’une culture alimentaire transgénique est testée dans les champs d’un agriculteur plutôt qu’en serre ou sur le campus des entreprises”. L’agriculteur a reçu 131 euro pour la location de sa terre mais n’a pas été informé que des cultures transgéniques seraient plantées. Le CSA dénonce aussi plusieurs violations des normes de biosécurité censées encadrer ces essais [7].
L’équipe du Pr. Kranthi de l’Institut Central de Recherche sur le Coton en Inde, a travaillé sur l’expression de la protéine Bt. Un premier article publié en octobre 2004 [8], démontrait que l’acquisition de résistance par des insectes exposés à un champ de coton Bt serait proportionnelle à la surface cultivée dans les propositions suivantes : pour une surface de culture représentant 10, 20, 30 ou 40% de la surface totale du champ, des insectes devenus résistant à cette culture de coton Bt apparaîtraient après 54, 25, 16 et 11 ans. Dans une autre étude publiée en juillet 2005 [9], les auteurs concluaient que “le coton Bt perd son efficacité à lutter contre le ver du coton après 110 jours de culture car la teneur en protéine transgénique insecticide Cry1Ac diminue lorsque la plante grandit alors que certaines variétés ont des cycles jusqu’à 140 jours et au-delà. Par ailleurs, l’expression de la protéine est la plus faible dans l’ovaire de la plante ainsi que dans l’enveloppe des capsules vertes, deux cibles privilégiées du ver”. Concernant une autre plante Bt, le maïs, Inf’OGM a interrogé Mme Gallotti de l’Agence Française pour la Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) sur le travail effectué par cet organisme afin de connaître les quantités de protéines Bt présentes dans le maïs transgénique commercialisé en Europe, information importante dans l’évaluation de la sécurité sanitaire de ces végétaux avant commercialisation. L’AFSSA nous a répondu que “chaque dossier est évalué au cas par cas. La quantité de protéine Bt exprimée dans une plante, sa présence dans les produits transformés, etc. figurent dans le dossier transmis pour expertise à l’AFSSA. L’AFSSA ne réalise aucun dosage, dans quelque domaine que ce soit, pour les dossiers d’autorisation de mise sur le marché. Pour tous ces dossiers, les résultats des analyses sont produits par le pétitionnaire. Ces résultats, présentés avec les protocoles détaillés et les garanties d’assurance qualité et de bonnes pratiques expérimentales, sont examinés dans le cadre de l’expertise du dossier”.