Le Ministère de l’Agriculture a répondu favorablement à une demande déposée par l’Université de l’Iowa de cultiver des maïs GM afin de produire un vaccin porcin contre les diarrhées [1]. L

En 2001, un article scientifique montrait que dans les variétés de maïs Bt11, Bt176 et MON810, exprimant toutes une forme de la protéine Bt, le taux de lignine était supérieur de 33 à 97% par rapport aux variétés conventionnelles. Ceci a été confirmé par un travail [2] de l’Université de Waterloo au Canada et les Instituts Environnementaux et Agricoles de Leipzig, Aachen et Muncheberg en Allemagne. En comparant deux lignées de maïs Bt, Novelis (MON810, de Monsanto) et Valmont (Bt176, de Syngenta), avec les lignées non GM, les chercheurs ont montré des taux de lignine supérieurs de 28% (Novelis) et de 18% (Valmont). La quantité supérieure de lignine diminuera la digestibilité du maïs et augmentera la capacité de cassure de la plante d’où un recyclage moins efficace, des impacts sur la communauté microbienne du sol et la quantité de carbone dans le sol. Une autre étude [3] a établi des résultats similaires sur un soja transgénique de Monsanto, tolérant au Roundup, avec pour conséquences des cassures nettes de la plante sous des climats chauds et une perte de rendement de 40%. Le président de la CGB, Marc Fellous, avait déjà fait remarquer qu’en Espagne “après un coup de tramontagne le maïs Bt est complètement à terre et on ne peut pas le récupérer” [4].

Le Pr. Bouwmeester, de l’Université de Wageningen, a mis au point une variété d’Arabidopsis thaliana transgénique [5]. Le gène inséré, un gène de fraise, intervient dans la biosynthèse de complexes protéiques appelés Terpènes. La nouvelle caractéristique - modification de la quantité de terpènes présents - permet à la plante d’attirer sur elle des organismes prédateurs d’insectes parasites. Développées en laboratoire, ces plantes GM n’ont pas encore été évaluées en champs, laissant sans réponse les questions sur les impacts environnementaux et sanitaires.

Soutenue par l’Agence Etats-unienne du Développement International (USAID) et l’Université du Michigan, l’Institut Tata de Recherche sur les Energies (INDE) a développé, en collaboration avec Monsanto qui a fourni les semences, une moutarde GM riche en vitamine A [6]. Des essais en champs sont en cours. La moutarde est une plante sexuellement très proche du colza, permettant une fécondation croisée et donc une dispersion incontrôlée des transgènes : le colza présente en effet une grande capacité de persistance et donc de repousses (cf. Inf’OGM n°46).

Le projet BioOK vient d’être lancé dans la région de Poméranie occidentale [7]. L’objectif est de devenir le réseau de référence pour l’analyse, l’évaluation et le suivi des produits et méthodes de l’agriculture biotechnologique. En sont membres cinq entreprises (Soilbiotech, Heparcell, Biotestlab, Bioserv Diagnostik et Biomath), un centre de transfert de technologie et l’Université de Rostock. Ce consortium propose d’effectuer les différentes analyses inhérentes à la commercialisation de PGM comme les analyses de toxicologie, la caractérisation moléculaire, le suivi des impacts post-commercialisation... Selon le consortium, les méthodes utilisées répondent aux critères des autorités compétentes.

Le Programme Opérationnel d’Evaluation des Cultures issues des Biotechnologies (POECB) conclut dans son rapport “2002-2004 : 3 années d’expérimentation sur la coexistence des cultures de maïs GM et non GM” à la possibilité, sous condition, de cultiver ces deux types de plantes [8]. La procédure analysée va du semis au stockage, avec traçabilité à chaque étape. Pour la culture, “une parcelle de maïs conventionnel équivalente en surface à la parcelle de maïs GM et située à proximité immédiate de celle-ci, présente un taux de fécondation croisée inférieur à 0,9%”. La récolte sera effectuée dans un ordre précis (zone éloignée, zone tampon, parcelle GM), puis les machines seront nettoyées et contrôlées. Pour le transport des semences, des bennes identifiées seront utilisées puis les lots seront séchés dans un ordre précis et stockés séparément. Au final, dans le cadre d’une fabrication d’aliments pour animaux selon ces normes, avec du maïs OGM d’abord et du maïs conventionnel ensuite, la première fabrication avec du maïs conventionnel donnera une présence de PGM supérieure à 0,9%. Ces produits devront donc être déclassés et étiquetés comme tel. La fabrication suivante verra le taux de PGM être inférieur à 0,9% et ne sera donc pas étiquetée. le POECB n’a procédé à aucune évaluation financière de cette procédure. Enfin, cette étude s’est placée dans le cadre d’une contamination par des PGM limitée à 0,9% comme l’indique la législation européenne mais qui, elle, parle de “contamination fortuite ou techniquement inévitable”.

Des études chinoises et états-uniennes confirment les études indiennes sur l’inefficacité du coton Bt (cf. Inf’OGM n°67). En Chine, une étude a été effectuée par l’Institut de Protection des Plantes sur deux variétés de coton Bt, la GK19 (Cry1Ac et Cry1Ab) de l’Institut Chinois de Recherche en Biotechnologie et la BG1560 (Cry1Ac) de Monsanto. Selon les résultats obtenus, la quantité de protéine Bt produite par la plante varie beaucoup au cours du temps : elle est dépendante de la partie végétale, de l’étape de croissance et de la variété. La synthèse la plus importante s’effectue dans les stades précoces de croissance et est insuffisante dans les parties exposées. Selon les scientifiques chinois, cette variabilité de synthèse accélère la possibilité d’apparition d’insectes résistants. Aux Etats-Unis, une étude du Ministère états-unien à l’Agriculture, conduite par l’Unité de Recherche en Gestion des Insectes, en arrive aux mêmes conclusions en ayant utilisé des maïs exprimant la protéine Cry1Ab et du coton exprimant la protéine Cry1Ac. L’Agence de protection de l’environnement tire de cette étude la nécessité de mettre en place des zones refuges sans toutefois remettre en cause l’intérêt même de ces cultures [9].

L’équipe du Pr. Obrycki du Département d’Entomologie de l’Université du Kentucky aux Etats-Unis montre que, suite à la culture de plantes Bt, la protéine Bt se retrouve dans des organismes herbivores non cibles présents dans les champs de culture (coléoptères, vers des racines...), ainsi que dans des arthropodes, prédateurs de ces herbivores (coléoptères, araignées...). Selon les auteurs, l’exposition sur le long terme à la protéine Bt est donc démontrée et ces données devraient être prises en compte lors de l’évaluation des cultures transgéniques [10]. Par ailleurs, l’Institut anglais pour la Science dans la Société (ISiS) affirme que “les toxines Bt transgéniques sont presque totalement inconnues et leur toxicité n’est pas étudiée du tout, les tests de toxicité étant réalisés à partir de toxines naturelles et non transgéniques ; un insecte prédateur de lépidoptères nourris avec du maïs Bt, présente une survie réduite et un développement retardé ; les lignées transgéniques sont instables, hétérogènes et non uniformes ; on constate une malformations du rein, une augmentation des globules blancs chez les rats mâles, un taux de sucre élevé et une réduction des globules rouges chez les femelles nourries avec un maïs Bt (MON863)”. Selon ISiS, “le constat d’instabilité et d’hétérogénéité suffit à considérer la commercialisation de ces lignées transgéniques illégale” [11].