Des chercheurs, de l’Institut de Recherches Agrobiologiques de Galice (Espagne) du Conseil Supérieur de Recherches Scientifiques, expérimentent en serre des peupliers et bouleaux GM pour nettoyer les sols des métaux lourds et des dérivés d’explosifs (1). Les gènes insérés codent pour les protéines responsables du déclenchement et de la régulation de la synthèse des phytochelatines, actrices de la séquestration des métaux lourds dans les cellules de la plante. Les arbres ont été modifiés de telle sorte que l’accumulation des contaminants se fasse au niveau du tronc et non des feuilles. Pour les opposants aux arbres GM, ces techniques ne débarrassent pas l’environnement des contaminants mais les cachent. Enfin, de tels arbres doivent être surveillés de près car si les populations locales ou le feu, par exemple, les détruisaient, cela libérerait de façon incontrôlée les contaminants séquestrés.
Après les différentes plaintes d’agriculteurs et conflits avec Monsanto, une étude scientifique a donné raison aux premiers en révélant que le coton Bt perd son efficacité à lutter contre le ver du coton après 110 jours de culture (1). Cette étude a été effectuée par l’équipe du Pr. Kranthi de l’Institut Central de Recherches sur le Coton de Nagpur (CICR), sous l’autorité du Comité d’Evaluation du génie Génétique (GEAC). Les résultats montrent que la teneur en protéine transgénique insecticide Cry1Ac diminue lorsque la plante grandit. Cette teneur passe même sous le seuil d’efficacité après 110 jours de culture alors que certaines variétés ont des cycles jusqu’à 140 jours et au-delà. Par ailleurs, l’expression de la protéine est la plus faible dans l’ovaire de la plante ainsi que dans l’enveloppe des capsules vertes, deux cibles privilégiées du ver. C’est pourquoi les agriculteurs ont pallié cette inefficacité par l’utilisation de produits chimiques dont le coût, ajouté à celui des semences transgéniques, a provoqué la ruine et le suicide de plusieurs d’entre eux (Cf. Inf’OGM n°66). Selon le Dr. Ramanjaneyulu, du CICR, “le fait même que les scientifiques n’ont pas le contrôle de l’expression de la toxine Bt par la plante GM prouve que la transgénèse reste imprécise et imprévisible. [...] Le Centre pour une Agriculture Durable (CSA) a conduit des études sur chacune des 3 années de la culture commerciale du coton Bt en Inde et tous les résultats ont montré que les cultivateurs ont subi des pertes. Alors que les fermiers cultivant du coton non-GM et utilisant des bio-pesticides ont eu des bénéfices”. Par ailleurs, une information publiée le 11 août 2005 par Reuters affirme qu’en Inde, les surfaces de cultures de coton transgénique représentent 90% des surfaces totales dans l’état du Gujarat, 75% dans l’état du Maharashtra et 60% dans le Nord de l’Inde. Rapprochés des chiffres gouvernementaux, ces chiffres amènent à considérer que, selon Reuters, il y aurait trois fois plus de coton Bt cultivé dans ces deux Etats que dans l’ensemble de l’Inde (2).
Des chercheurs japonais ont modifié génétiquement un riz avec un gène humain pour lui permettre de supporter des pesticides et autres produits chimiques. Le gène code pour une enzyme qui détruit les produits chimiques nocifs dans le foie. Contrairement aux PGM actuelles qui ne résistent qu’à un seul herbicide, l’incorporation de ce gène humain devrait permettre une résistance du riz GM à 13 herbicides différents, alors utilisables contre les mauvaises herbes, freinant ainsi leur résistance. Pourtant, selon le Professeur R. Meilan (Université de Purdue, Indiana), qui a travaillé sur un gène similaire issu du lapin, la dissémination d’un tel gène pourrait favoriser la naissance de “super mauvaises herbes”, tolérantes aux 13 herbicides.
Monsanto a déposé une demande d’autorisation de commercialisation auprès du Ministère de l’Agriculture américain pour le maïs MON88017 (1). Les modifications génétiques introduites sont, d’une part, l’expression d’une protéine insecticide Cry3Bb1 et d’autre part, l’expression de la protéine EPSPS conférant une tolérance au glyphosate. La construction génétique utilisée est la même que celle utilisée pour le maïs MON863, à un acide aminé près et la protéine exprimée par le MON863 diffère, elle-même, de la protéine naturellement produite par des bactéries de sept acides aminés. Cependant, l’évaluation du MON88017 se base sur les évaluations du MON863. Or ce maïs avait été l’objet de nombreuses controverses scientifiques, des effets notoires sur la santé ayant été observés chez des rats (cf. Inf’OGM n°65) avant d’être autorisé pour l’alimentation animale par la Commission Européenne en août 2005.
L’Université du Wisconsin a déposé une demande d’autorisation d’essais en champ pour des bactéries Erwinia carotovora transgéniques [1]. Ces bactéries, parasites de pommes de terre, ont été modifiées par insertion d’un gène possédant une résistance à un antibiotique. L’insertion a eu lieu dans le gène bactérien responsable de la pathogénicité de la bactérie, rendant cette dernière inactive. Quatre souches différentes de bactéries transgéniques sont soumises à l’essai, chacune possédant une résistance à un antibiotique différent. L’Université du Kentucky a déposé une demande similaire pour des champignons Neotyphodium génétiquement modifiés par insertion d’un transgène conférant une résistance à un antibiotique. Cette insertion a lieu dans un gène impliqué dans la synthèse d’alcaloïdes dont l’inactivation provoque une diminution de la teneur en alcaloïdes de ce champignon. Les alcaloïdes synthétisés par le champignon protègent l’herbe environnante en la rendant impropre à la consommation par des animaux broutant. La diminution de la teneur en alcaloïdes a pour principale conséquence de rendre consommable par des animaux l’herbe dans laquelle se trouve ce champignon. Dans les deux cas, l’absence d’évaluation préalable des risques comme la transmission horizontale du transgène, les autres modifications au sein du génome, la toxicité de la protéine nouvellement synthétisée ainsi que l’impact du transgène lors de la consommation par les animaux broutant l’herbe ont été dénoncés.
Plus de 1000 parcelles d’essais d’OGM comme le maïs Bt sont cultivées en 2005. Ces surfaces sont répertoriées dans un registre national centralisé1. L’objectif est une recherche sur la sécurité biologique avec 24 projets subventionnés par le Ministère fédéral de la recherche BMBF. Le budget alloué est de 10 millions d’euro jusqu’en 2008. Les scientifiques veulent analyser les effets écologiques du maïs Bt sur l’insecte cible, déterminer les marqueurs d’identification de nouveaux PGM et étudier la sécurité de cultures céréalières GM. Un autre programme de recherche du Ministère de la protection des consommateurs a commencé dans six régions d’Allemagne pour étudier les croisements du maïs Bt et les possibles effets sur la diversité biologique, entre autres sur la faune des sols et les insectes se trouvant dans les champs. La finalité est d’analyser la coexistence de cultures GM avec des cultures non GM.
L’Inra a implanté en septembre 2005, dans la région de Colmar, un essai en champ (70 pieds) de porte greffe modifié génétiquement pour protéger la vigne de la virose du court-noué (1). Cet essai durera quatre ans. “Nous détruirons les fleurs dès leur apparition, de manière à ce qu’il n’y ait jamais de grappe. Il n’y aura donc ni raisin, ni vin OGM”, précise le responsable de l’essai. Selon France Nature Environnement, “les efforts actuels de communication de l’Inra ne feront pourtant pas oublier que ces expérimentations font peser des risques très lourds pour notre environnement”. Par ailleurs, FNE précise que “certaines techniques agronomiques respectueuses des hommes, de la qualité des productions agricoles et de notre environnement permettent de contrôler cette virose de manière satisfaisante” et a donc déposé un recours devant le tribunal administratif de Strasbourg contre l’autorisation accordée le 28 juin dernier par le Ministre de l’agriculture.
Suite à la publication de l’étude affirmant qu’il n’y avait plus de maïs transgénique au Mexique (Cf. Inf’OGM n°65), les Pr Chapela et Quist se déclarent surpris de tels résultats (1) : d’une part, car les auteurs de la récente étude avaient par le passé présenté, en conférence, des résultats opposés à ceux qu’ils viennent de publier. Selon Quist et Chapela, ce changement de résultats doit être expliqué ; d’autre part, ils indiquent avoir relevé des problèmes techniques et méthodologiques qu’ils publieront sur www.pulseofscience.org. En conclusion, ils appellent à la plus grande prudence dans l’utilisation de ces résultats.