L’équipe du Pr. Traavik, de l’Institut Norvégien d’Ecologie du Gène, a montré que des agriculteurs philippins ont développé une réponse immunitaire à la protéine transgénique Bt issue du maïs Dekalb 818 YG. Trois évènements ont en fait coïncidé dans le même temps : la première saison de culture de maïs Bt, l’observation de maladies respiratoires et intestinales parmi les agriculteurs vivant près de champs de culture de maïs Bt et l’apparition de cette réponse immunitaire chez les agriculteurs étudiés. Aucune relation entre ces trois évènements n’a été établie par cette étude. Ces observations ont été communiquées lors du symposium sur la biosécurité en février 2004 à Kuala Lumpur, co-organisé par le “Réseau du Tiers Monde et les Instituts norvégien et néo-zélandais de l’Ecologie du Gène”. Elles ont déclenché de nombreuses critiques, notamment celle de l’absence de révision par d’autres scientifiques. Le Pr. Traavik, parlant au nom des deux instituts organisateurs, a répondu qu’une communication orale de résultats scientifiques lors de congrès, précédant la publication dans un journal et donc la relecture par d’autres scientifiques, était une pratique courante dans le milieu scientifique. L’auteur objecte aux critiques que les résultats faisant l’objet de dépôt de brevets ne font pas l’objet de publication avec relecture par des pairs avant obtention du brevet. Enfin, l’auteur suggère des pistes de recherche qui selon lui devraient être prioritaires : établir expérimentalement que le pollen d’une plante Bt n’exprime pas cette protéine ; et vérifier l’absence d’allerginicité et d’immunogénicité des protéines Cry (Bt), aujourd’hui recherchée par seule comparaison de séquences de protéines allergènes ou immunogènes.
Le 29 mars 2004, la Commission Riz de Californie a autorisé, par six voix contre cinq, Ventria Bioscience à cultiver en plein champ un riz génétiquement modifié pour produire deux protéines (lactoferrine et lysozyme) que l’on trouve naturellement dans le lait maternel et qui permettent de lutter contre des infections (otites, diarrhées, infections respiratoires, etc.) et de réguler la croissance des enfants. La Commission en a informé le département californien pour l’alimentation et l’agriculture et l’USDA, qui ont refusé de donner leur autorisation à la culture commerciale de ce riz. Pour l’USDA, ce riz devait être planté trop prêt (moins de 30 mètres) des cultures de riz destinées à l’alimentation. Quant au département californien, il a pris en compte les centaines de mails de contestation reçus du public.
Un comité scientifique européen a donné son feu vert le 19 avril à la commercialisation du maïs MON 863 de Monsanto, considérant que ce maïs n’avait pas d’incidence sur la santé des animaux, ni sur celle des hommes. Or, en France, la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) s’était inquiétée de malformations observées sur des rats nourris au maïs MON 863, selon ce que révèle les procès-verbaux obtenus par le CRII-GEN, après un recours auprès de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA). Dans ces comptes-rendus, la CGB déclare qu’elle “n’est pas en mesure de conclure à l’absence de risque pour la santé animale en ce qui concerne le maïs MON 863”. En effet, outre le fait qu’un gène de résistance à un antibiotique soit présent dans ce maïs, une étude de nutrition sur des rats, menée sur 90 jours avec deux groupes de rats, a montré une “augmentation significative des globules blancs et des lymphocytes chez les mâles” du lot nourri au MON 863 ; “baisse des réticulocytes” (les jeunes globules rouges) chez les femelles ; “augmentation significative de la glycémie chez les femelles” ; “fréquence plus élevée d’anomalies (inflammation, régénération...)” des reins chez les mâles. L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) avait, quant à elle, considéré que les différences observées étaient “sans signification biologique”, et que cet OGM “ne présente pas de risque nutritionnel”. L’Agence Européenne pour la Sécurité Alimentaire (EFSA) considère que ces différences “rentrent dans la variation normale des populations de contrôle” et, à propos des malformations rénales, qu’elles sont “d’une importance minimale”.
Les semenciers Monsanto et Pioneer Hi-Bred International se sont entendus pour placer dans le domaine public les données sur le génome du maïs à leur disposition. Cette décision, favorablement accueillie par la recherche académique, viserait à persuader le gouvernement américain d’engager le séquençage complet de l’ADN du maïs - un projet coûteux et complexe, peu rentable pour une entreprise seule. Les informations génétiques détenues par le secteur privé concernent principalement des gènes spécifiques pour lesquels des brevets ont souvent été déposés. La prochaine étape à franchir consisterait à localiser ces gènes sur les chromosomes mais ce travail nécessite d’abord de connaître la séquence d’ADN entière. Pour le moment, les deux compagnies n’envisagent pas de financer elles-mêmes cet effort qui devrait coûter entre 30 et 100 millions de dollars et s’achever d’ici 2007. Leur contribution, sous une forme moins pécuniaire, permettra tout de même de doubler, voire plus, le nombre de séquences de gènes du maïs à disposition de l’ensemble des chercheurs.
Lors d’un congrès de l’American Chemical Society, Eva Oberdörster, de la Southern Methodist University et ses collègues ont présenté des résultats montrant que des molécules de carbone quasi-sphériques, appelées fullerènes, diluées dans l’eau à 0,5 partie par million peuvent provoquer chez la perche d’Amérique des dommages cérébraux et une altération du foie. Au bout de 48 heures d’exposition, les poissons ont présenté un taux de péroxydation lipidique (qui permet de mesurer la destruction des tissus du cerveau) 17 fois supérieur à la moyenne ainsi que des modifications de l’expression de certains gènes du foie. Les fullerènes, découvertes dans les années 1980, offrent des potentiels de développement extrêmement intéressants en nanotechnologies, dans des domaines d’applications variés comme l’électronique, les lubrifiants ou les médicaments. Cependant, très peu de travaux ont été menés pour mesurer l’impact de ce genre de composés sur l’environnement et la santé humaine. Les résultats obtenus avec la perche d’Amérique suggèrent que des risques pourraient exister.
Après la mise en évidence de résidus de glyphosate dans les eaux souterraines et de surface, on trouve désormais des résidus de ce désherbant dans l’organisme humain. Une étude, réalisée et publiée aux Etats-Unis en mars 2004, a analysé les concentrations urinaires en glyphosate de 48 agriculteurs ainsi que celles de leurs épouses et de leurs 79 enfants. 60% des agriculteurs avaient des quantités de glyphosate détectables dans les urines après application (le jour même). Les agriculteurs ayant opéré sans gants étaient les plus contaminés. Quatre pour cent de leurs épouses avaient également dans leurs urines des traces de glyphosate ainsi que 12% de leurs enfants (les enfants contaminés avaient, à une exception près, aidé leur père à l’application du glyphosate). Pour mémoire, l’American Cancer Society a publié en 1999 une étude épidémiologique montrant que les sujets exposés au glyphosate avaient un risque de développer un lymphome non Hodgkinien 2,7 plus important que le reste de la population.