Des chercheurs de l’Institut Max Planck ont introduit un gène de maïs dans le génome de pétunias blancs afin qu’ils deviennent rouges. Or, à la floraison, près de la moitié des pétunias étaient toujours blancs. En revanche, toutes les plantes avaient acquis des caractéristiques imprévues : plus de feuilles et de pousses à chaque pied, une plus grande résistance aux champignons pathogènes, une fécondité diminuée. La transgenèse reste une technique aléatoire et peu maitrisée.
La ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies a visité, à Clermont-Ferrand, le laboratoire Meristem, victime d’un “commando anti-OGM” cet été. “Le gouvernement entend établir un dialogue avec transparence, en toute sûreté, de ce qui est encore mal connu dans les bénéfices qu’il peut apporter, alors qu’on a beaucoup dit sur des risques qui n’ont jamais été démontrés”. Ainsi, Claudie Haigneré a été reçue par Bertrand Mérot, PDG de Meristem Therapeutics, à qui elle a signifié le soutien gouvernemental en affirmant : “J’ai accepté volontiers de venir vous visiter, et j’ai saisi toute l’importance de l’évolution des biotechnologies, particulièrement ici avec le développement d’une filière agro-pharmaceutique inédite, que vous développez dans des conditions difficiles. [...] Cette recherche est essentielle pour la France et l’Europe. Nous devons nous entourer d’une méthodologie la plus stricte, et il est important que cette recherche existe. J’ai choisi d’être avec vous aujourd’hui en pleine connaissance de ce que vous apportez aux enfants, et aussi aux productions agricoles” . La ministre a demandé où en était l’enquête contre les anti-OGM ayant détruit les cultures près d’Issoire (cf. Inf’OGM n°46). Il semble que la gendarmerie suit deux pistes, dont l’une serait porteuse. Elle s’est également rendue sur le site de l’INRA proche de l’aéroport clermontois, où se trouve le laboratoire d’amélioration et de santé des plantes.
Des analyses récentes ont montré que des semences de tomate utilisées par des laboratoires de recherche n’étaient pas les variétés escomptées mais des semences d’une variété transgénique. Ces semences génétiquement modifiées ont été distribuées par le Centre de Ressources en Génétique des Tomates de l’Université Davis, centre de conservation de plus de 3 600 variétés de tomates sauvages et domestiques. Depuis 1996, l’Université Davis distribue cette variété de tomate UC-82B à des laboratoires de 12 institutions de recherche aux Etats-Unis et dans 14 autres pays. L’Université a expliqué ne pas savoir que cette variété de tomate contenait une modification génétique. La contamination provient de semences cédées en 1996 par l’entreprise Petoseed (depuis rachetée par Seminis Vegetable Seeds) qui commercialisait, à l’époque, une tomate de même variété mais transgénique, en collaboration avec l’entreprise Zeneca Plant Science. Cette modification avait pour objectif de retarder le processus de vieillissement de la tomate. Elle est la même que celle utilisée dans les tomates FLAVR / SAVR, première tomate commercialisée aux Etats-Unis en 1994 par une entreprise dépendant de cette même université, Calgene. Ceci pose la question de la traçabilité des OGM au sein de la communauté scientifique et internationale. L’Université a engagé une information auprès de ses partenaires pour retrouver les utilisateurs de ces semences.
Le professeur Ignacio Chapela, qui a découvert la pollution d’OGM dans le biotope naturel des variétés de maïs mexicains, a été licencié de son emploi à l’Université de Berkeley (cf. dossier Inf’OGM n°48). Le débat qu’il a soulevé secoue encore l’ensemble de la communauté scientifique et des organisations de protection de l’environnement. Une action internationale a récemment été lancée par 302 organisations de 56 pays demandant au gouvernement mexicain de mettre un terme à la contamination d’OGM dans cette région, source d’une diversité biologique exceptionnellement riche en variétés de maïs. Le professeur I. Chapela a organisé une émission télévisée avec d’autres chercheurs qui, comme lui, ont été menacés ou ont vécu des difficultés professionnelles du fait d’avoir critiqué les biotechnologies.
Une équipe de l’Université de Saint-Louis, aux Etats-Unis, est parvenue à transformer le virus du rhume banal en une machine à tuer les cellules cancéreuses en modifiant son patrimoine génétique. Les modifications apportées au génome du virus répondent à plusieurs “objectifs”. La première modification rend les adénovirus spécifiques des cellules cancéreuses puisqu’ils sont capables de reproduction uniquement dans ces cellules. La deuxième modification (inactivation de la protéine virale E3) permet de rendre les cellules infectées “visibles” et donc cibles du système immunitaire. Enfin, la dernière modification (surexpression de la protéine ADP : “Protéine de la Mort des Adénovirus”) provoque la mort des cellules infectées et donc la libération des virus. “Le potentiel de cette découverte est incroyablement vaste”, précise le Dr Wold, qui devrait démarrer une phase d’essais cliniques afin d’étudier l’action de ce virus génétiquement modifié sur des organismes animaux.
Des scientifiques de l’Université de Berkeley (Californie) ont modifié la structure génétique de la bactérie responsable de la tuberculose afin de la rendre moins mortelle. Contre toute attente, la forme modifiée obtenue s’est avérée se multiplier plus rapidement et avoir une force létale plus grande. En effet, après plusieurs mois d’exposition aux bactéries, les rats infectés par la bactérie modifiée ont commencé à mourir, au contraire des rats infectés par la forme non modifiée. “C’est un des organismes les plus hypervirulents jamais créés”, a déclaré L. Morici, auteur de l’étude. “Ces résultats cassent le mythe scientifique selon lequel éteindre un gène de virulence diminue le potentiel de virulence d’un organisme ” renchérit-elle. Des analyses plus fines ont montré que la modification introduite avait pour effet inattendu d’affaiblir la réponse immunitaire de l’organisme infecté puisque la bactérie génétiquement modifiée passe inaperçue aux yeux du système immunitaire. Cependant, les scientifiques se veulent rassurants : cette bactérie modifiée, affirment-ils, n’a pas de capacité de dissémination par aérosol et un traitement antibiotique suffit à s’en débarrasser.
Un fermier allemand suspecte le maïs Bt176 de Syngenta d’être responsable de la mort de plusieurs de ses vaches depuis 2001. Ce dernier a en effet cultivé de plus en plus de maïs Bt176 depuis 1997. Ses vaches sont tombées malades après avoir reçu pour nourriture la récolte de maïs 2000. Cinq vaches sont mortes en quatre mois et les autres ont eu une production de lait moins conséquentes. Des prélèvements de tissus ont été envoyés à l’Université de Göttingen pour analyse mais ont disparu sans explication. En octobre 2002 puis en 2003, sept autres vaches sont mortes malgré la décision de l’agriculteur d’arrêter la culture de maïs transgénique en février 2002. En avril 2002, Syngenta a accepté d’assumer les dommages pour la mort de cinq vaches alors même que la cause de leur mort n’a pas été établie. Les connaissances actuelles sur la toxicité de la protéine Bt ne sont pas claires bien qu’il soit établi que cette protéine puisse persister dans l’estomac des vaches, voire se retrouver dans le sol par le biais des déjections bovines. Aujourd’hui, aucune analyse n’est prévue, ni sur la cause de ces morts, ni sur la toxicité réelle de cette protéine. Le maïs Bt176 a été autorisé à la commercialisation en Europe en 1997 mais des pays comme l’Italie, l’Autriche et le Luxembourg en ont interdit l’utilisation. L’Allemagne en a également restreint l’utilisation en mars 2000 au seul domaine de la recherche sans pour autant exclure la possibilité de nourrir des animaux avec ce maïs. Malgré cette réglementation, l’association Greenpeace a découvert, en 2002, que des champs avaient été ensemencés avec du maïs Bt176, hors cadre d’essais en champs, ce qui a conduit à la destruction de ces cultures. Ce même maïs est actuellement cultivé en Espagne (environ 30 000 ha).