La Station Expérimentale Agricole du Texas a modifié génétiquement des cannes à sucre afin qu’en exprimant la lectine « Perce-Neige » (GNA), elle résiste à l’insecte mexicain du riz (Eoreuma loftini). Or non seulement cette canne à sucre ne résiste pas mieux à cet insecte, mais surtout elle a des incidences non prévus sur le parasite (Cotesia flavipes) d’un autre insecte. En effet, le Pr. Sétamou a démontré que de nombreux paramètres biologiques de Cotesia flavipes sont sensibles à la lectine GNA, tels que sa spécificité d’hôte, le nombre de cocons produits ou encore la longévité des femelles insectes. Ces résultats confirment donc l’obligation d’étudier les effets secondaires d’une culture transgénique sur des organismes non ciblés et pourtant présents dans la zone de culture.
Un rapport, commandé par Syngenta et publié en avril 2002, pointe du doigt les variétés Roundup Ready et les conséquences économiques qu’elles engendreront du fait des apparitions de résistances à l’herbicide Round Up. Le rapport précise que 46% des agriculteurs a affirmé que la principale résistance des mauvaises herbes qu’ils devaient combattre est celle au Round Up. Des pesses sauvages tolérantes au Round Up sont déjà apparues dans le Delaware, Tennessee, Kentucky, Indiana et Ohio (cf. Inf’OGM n°34, des plantes vivaces résistantes en Californie, et, quoique plus rarement, du lierre ou du volubilis. Syngenta espère que la diffusion de ce rapport profitera à ses propres ventes d’herbicides (notamment le Touchdown).
L’environnement, qui agit sur le métabolisme d’un individu, pourrait aussi exercer une influence indirecte sur sa descendance. En étudiant la population d’une petite commune sur plusieurs générations, Lars Olov Bygren et ses collègues de l’université d’Umea, ont montré que l’abondance de nourriture disponible durant la petite enfance du grand-père était corrélée au risque pour ses petits-fils de développer des maladies cardio-vasculaires ou un diabète. Ces phénomènes ont été mis en évidence grâce à l’étude de 320 individus nés en 1890, 1905 et 1920. Les chercheurs ont reconstitué leur arbre généalogique pour savoir si leurs ascendants paternels et maternels avaient subi, avant l’adolescence, des famines ou bénéficié de périodes de surabondance de nourriture. Ils ont ensuite mis en évidence des corrélations statistiques entre la diète des aïeux et la santé de leurs descendants. Cette observation ressuscite les thèses de Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), auteur d’une théorie de l’évolution des espèces stipulant que les caractères acquis par une espèce au cours d’une génération, par suite de l’influence du milieu dans lequel elle vit, étaient transmissibles à la génération suivante. Cette approche avait été disqualifiée par les travaux de Darwin, pour lequel le moteur de l’évolution était la sélection naturelle due à la lutte pour l’existence.
Après deux ans de recherches conjointe avec l’Institut de Biologie génétique de l’Académie chinoises des Sciences et des laboratoires étrangers, l’entreprise chinoise Senmiao a annoncé la naissance de quatre chèvres (dont trois survivantes) clonées à partir de cellules génétiquement modifiées pour qu’elles produisent des protéines thérapeutiques par les glandes mammaires.
L’Académie de Finlande lancera, en 2003, sept programmes de recherche pluri-disciplinaires sur les effets environnementaux et sanitaires et sur les implications éthiques et socio-économiques des OGM.
Des chercheurs de l’Université John Hopkings ont mis au point une nouvelle technique qui consiste à isoler un gène impliqué dans la réparation de l’ADN, mais défectueux et donc cancérigène. L’insertion de ce gène dans un génome aura pour conséquence de déstabiliser l’expression de l’ADN de l’organisme hôte et donc conduire à la génération d’organismes mutants, dont très peu seront viables. Suite à cette annonce, de nombreux scientifiques se sont déclarés choqués par ce procédé.
Dans deux rapports publiés à quelques jours d’intervale, les Académies de Science, de Médecine et de Pharmacie viennent de se prononcer en faveur des plantes transgéniques : elles peuvent être introduites, de façon « raisonnée et prudente et au cas par cas », dans l’agriculture car l’utilisation des OGM à des fins alimentaires ou thérapeutiques ne présente aucun risque particulier. « En caricaturant, on pourrait dire qu’en mangeant des carottes ou des laitues, on ne court pas le risque d’introduire dans son génome des gènes de carotte ou de laitue et que ce n’est pas parce que l’on aurait introduit un gène de laitue dans le génome d’une carotte que l’on ferait apparaître ce risque », expliquent les académiciens. De son côté, le CRII-GEN dénonce l’avis de l’Académie de Médecine sur les OGM. Selon le CRII-GEN : 1 - les opinions économiques sur la nécessité du développement des OGM dépassent les compétences de cette Académie dont « l’attitude a le mérite de démontrer la dépendance inquiétante des institutions scientifiques aux puissances financières et aux intérêts privés des spéculateurs » ; 2 - les conséquences environnementales des OGM ne sont pas prises en compte, notamment dans leur dimension évolutive ; 3 - l’Aca- démie de Médecine ne se base sur aucune étude toxicologique approfondie avec des animaux de ferme ou de laboratoire, mais au contraire sur les arguments de ceux qui ont déjà autorisé des OGM en Europe ; 4 - les arguments sur l’absence de problèmes sanitaires à long terme chez les américains consommant des OGM sont « sans fondement car ces produits ne sont pas étiquetés aux Etats-Unis, et tout effet à long terme (sur l’immunité, la reproduction, ou le cancer) ne pourrait être identifié aujourd’hui, notamment à cause des pesticides ou de leurs produits de transformation contenus par les OGM ».
De son côté, l’association Attac a dénoncé d’une part, sur le rapport de l’académie des sciences, les liens entre certains rapporteurs et des industries agro-alimentaires et d’autre part, le cartactère non fondé de nombreux de leurs arguments, concluant que « les Académies font miroiter d’hypothétiques objectifs humanitaires, économiques et écologiques, qui peuvent dès maintenant être atteints par des méthodes moins risquées".
Le Ministère de l’Environnement (Department for Environment, Food and Rural Affairs) a rendu ses conclusions sur la dissémination volontaire de colza transgénique dans l’environnement suite à deux études effectuées entre 1994 et 1997 et entre 1997 et 2000, par le National Institute of Agricultural Botany et le Laboratory of the Government Chemists. Sur les 3 premières années, le flux de gène a été considéré comme faible. Durant la seconde période, de plus grandes quantités de pollen transgénique, résultat de plus grandes surfaces cultivées de colza transgénique et d’une plus grande proximité de cultures (sauvages ou non et sexuellement compatibles) ont conduit à observer de plus importants flux de gènes. Les conclusions indiquent qu’une utilisation commerciale du colza transgénique conduira à une pollution génétique d’autres cultures, la contamination par pollinisation dépendant de facteurs environnementaux, variétaux et agronomiques.
L’Inra a annoncé la reprise du programme (sur cinq ans) d’essais en champ de vignes transgéniques résistants au court noué, arrété depuis 2001. Cet essai, dont le protocole sera déterminé par les scientifiques puis discuté par un comité local de suivi et rendu public, ne concernera que des surfaces limitées. Quant à la Confédération Paysanne, elle « s’insurge contre cette décision de reprise, pour son propre compte, des essais par l’Institut National et proteste contre la méthode utilisée pour y arriver ».