Dans le cadre d’une recherche subventionnée par le gouvernement, M. Buller, de l’université de Saint Louis, a modifié génétiquement un virus de la variole des souris afin qu’il contourne les défenses immunitaires mises en place par une vaccination ou qu’il soit résistant aux médicaments disponibles. Le même travail a également été effectué avec un virus de la variole des vaches qui infecte un plus grand éventail d’animaux dont l’homme. Bullet estime que « ces recherches sont nécessaires afin d’explorer l’utilisation que des bio-terroristes pourraient en faire ». A l’instar de I. Ramshaw, de l’Université Nationale d’Australie, de nombreux scientifiques considèrent ces travaux comme risqués car « ces travaux portent sur des virus capables de franchir les barrières d’espèces », et non nécessaires. Si l’équipe de Ramshaw est à l’origine de ces découvertes et si elle travaille actuellement sur celui de la variole du lapin, la différence est que leurs recherches ont débouché sur un virus non contagieux. Le travail de Ramshaw consistait initialement à modifier le virus de la variole de souris en ajoutant un gène codant pour une protéine, appelée IL-4, inhibant le système immunitaire. Le virus ainsi créé s’est révélé mortel, tuant jusqu’à 60% des souris vaccinées tandis que celui créé par M. Buller a tué 100% des souris, même si elles recevaient un traitement supplémentaire. M. Buller a optimisé le virus en plaçant plusieurs copies du gène d’IL4 en plusieurs endroits du génome afin d’augmenter la production de cette protéine. Les mêmes constructions ont été insérées dans le génome du virus de la variole bovine et est en cours d’expérimentation au Centre de Recherche Médical des Maladies Infectieuses de l’US Army.
Des scientifiques du Laboratoire (MDO) pour les méthodes de détection de l’INRA Versailles et du Laboratoire de Biométrie et d’Intelligence Artificielle de l’INRA Jouy en Josas, ont présenté lors d’une conférence des résultats qui mettent en évidence des discordances entre les données publiques des lignées transgéniques et ce qui a été observé dans deux programmes européens de recherche sur la mise au point des méthodes de détection des OGM. Les analyses ont porté sur cinq lignées commerciales différentes approuvées (ou en cours d’approbation) en Europe. Les résultats ont montré que les transgènes s’étaient réarrangés, c’est-à-dire qu’ils ne correspondaient plus à la caractérisation génétique présentée initialement par les entreprises. C’est le cas pour le maïs T25 LibertyLink de Bayer (tolérant au glufosinate) qui possède un second promoteur P35S (séquence provoquant la lecture de l’ADN inséré) non complet en plus ; le maïs Mon 810 YieldGard de Monsanto (produisant un insecticide) qui a perdu une séquence terminateur à la fin de la séquence du transgène ; le soja GTS 40-3-2 de Monsanto (qui tolère le glyphosate) possède des séquences supplémentaires dont une inconnue (ce qui avait obligé Monsanto à fournir ces dernières années une nouvelle séquence aux autorités compétentes européennes juste avant la publication des résultats par le laboratoire belge de l’Université de Gand) ; le maïs Bt 176 de Syngenta (produisant un insecticide et tolérant au glufosinate) possède plusieurs fragments en trop, dont des séquences connues et inconnues liées au promoteur 35S ; le maïs GA21 de Monsanto (tolérant le glyphosate) a subi des délétions de séquences dans le transgène. Tous ces résultats montrent donc que les transgènes ont été modifiés au cours du temps, un site sensible de modification pouvant être la séquence du promoteur 35S. La question est non seulement de savoir quand ces modifications ont eu lieu mais aussi si elles continuent...
E. H. Chowdhury a mis en évidence la persistance de l’ADN et de protéines d’origine transgénique dans des organes de cochons nourris avec du maïs Bt. Les analyses ont été réalisées sur des prélèvements d’estomac, de duodenum, de rectum et de produits fécaux de cochons alimentés pendant une semaine avec du maïs Bt et ont révélé la présence du gène codant pour la protéine Bt, dans ces organes. D’autres analyses ont également mis en évidence la présence d’une forme tronquée de la protéine transgénique Bt. Cependant, les auteurs concluent en l’absence d’impacts sur la santé des animaux de cette alimentation transgénique après avoir comparé leur état de santé général ainsi que leur taux de croissance avec des cochons nourris avec du maïs non transgénique. La période d’observation des cochons ayant amené à ces conclusions était de trente jours (les tests de toxicologie lors d’essais sur l’homme sont de 90 jours).
Se nourrir avec des produits issus d’animaux clonés ou de leur descendance ne poserait pas de problème sanitaire pour l’humain, telle est la conclusion présentée par la Food and Drug Administration (FDA) dans le résumé d’un rapport inachevé qu’elle publie en avance afin d’ouvrir le débat. Le principe du clonage étant de produire un animal exactement identique à son « parent », les experts en charge du rapport ne voient pas quels risques il pourrait y avoir à en consommer la viande ou le lait. En fait, au vu du très faible taux de réussite de la technique, les plus grands risques, d’après la FDA, se présentent surtout pour les animaux eux-mêmes, mais pas de manière plus aiguë qu’avec d’autres méthodes de reproduction assistée à leurs débuts, comme l’insémination artificielle ou la fécondation in vitro. A l’heure actuelle, personne ne sait si la FDA a l’intention d’autoriser la commercialisation d’aliments issus du clonage, mais la décision pourrait être prise assez rapidement, d’ici 2004.
S. K. Sopory, responsable du Centre International de Biotechnologie et Génie Génétique (ICGEB) en Inde, a exposé les avancées des recherches de cet organisme en vue de fabriquer des plantes résistantes à la sécheresse et à une forte salinité, lors de la « Conférence Nationale sur la Biodiversité et la Biologie appliquée aux plantes ». En plus des travaux sur des plants de tabac et de riz, l’ICGEB travaille sur la mise au point de cultures cellulaires d’arbres tropicaux par clonage. « Nous pouvons obtenir des semences synthétiques qui seraient une aide à la fabrication de fruits tropicaux », a expliqué le Pr. V. S. Jaiswal, de l’Université de Benarès. Pour l’instant, l’objectif de ce travail est la mise au point de techniques permettant d’accélérer le temps de recherches, ce temps étant assez long du fait d’une croissance des arbres sur plusieurs années.
A la suite de la publication du premier rapport scientifique publié en juillet 2003 par le groupe de scientifiques nommé par le gouvernement (cf. Inf’OGM n°43), un débat est engagé sur les conclusions mêmes du rapport. Le groupe de scientifique indépendant (ISP), mis en place pour contrebalancer le groupe « gouvernemental », rejette la notion qu’il « n’y a pas d’évidence que les cultures transgéniques soient une menace pour la santé ou l’environnement ». L’ISP accuse le groupe gouvernemental d’avoir adopté une approche biaisée, dont l’objectif était de rassurer le grand public, en partant du postulat que les technologies de génie génétique sont sûres. Mae-Wan Ho, directrice de l’Institute for Science in Society estime que « ces évidences scientifiques d’absence de risque restent à établir pour la santé ». Elle met également en avant les nombreuses questions techniques qui attendent des réponses telles que l’instabilité des transgènes (cf. ci-contre), l’aspect imprévisible du génie génétique et les risques de transfert horizontal de ces transgènes. V. Howard, toxicologiste, membre de l’ISP, explique « qu’il y a peu d’arguments scientifiques dans leur rapport présenté pourtant comme tel. La stratégie est claire : les papiers ou commentaires des scientifiques anti-OGM ne sont cités que dans les références, afin de les ignorer ». De son côté, D. Quist, auteur avec D. Chapela de l’article ayant révélé la contamination du maïs mexicain par du maïs Bt (voir dossier joint), estime qu’aucune évidence n’est présentée pour réfuter l’idée que les variétés locales de plantes non transgéniques ne soient pas contaminées par des OGM : « les seules critiques émises par ce groupe gouvernemental de scientifiques ne reposent que sur la méthode de notre travail, non sur les résultats qu’ils ne contestent pas ».