Des experts indépendants, nommés par le gouvernement britannique et placés sous la tutelle de la Société Royale de Science, ont présenté le résultat d’études1 menées depuis 1999 sur l’effet environnemental des OGM. Ces études s’appuient sur 250 essais en champ, concernent le maïs, le colza et la betterave et auront coûté au final 8 millions d’euros. Les résultats montrent que le colza et la betterave transgéniques ont un impact négtif sur les oiseaux et les insectes. L’étude impliquant le maïs ne peut être concluante car les scientifiques ont utilisé de l’atrazine, un herbicide, interdit en Europe. Concrètement, les scientifiques ont noté une baisse de la quantité de mauvaises herbes (donc de leurs graines) et une réduction de leur diversité. Or, les oiseaux utilisent ces graines pour constituer leurs réserves de nourriture pour l’hiver. De plus, les scientifiques observent une moindre fréquentation de ces champs par les insectes, notamment les abeilles et les papillons. Le professeur C. Pollock, responsable en chef de ces études, estime que « ces résutats seraient les mêmes partout en Europe ». De son côté, D. Gibbons, membre du comité scientifique, s’est déclaré surpris par « ces résultats si dramatiques » : « Il y aura clairement moins de nourriture pour les oiseaux si ces cultures devenaient commerciales ». Quant à M. King, conseiller scientifique du premier ministre britannique, s’il reconnaît que « le gouvernement encourageait fermement, en 1999, les cultures transgéniques », il admet « aujourd’hui, [qu’] il est moins évident que les plantes transgéniques créeront de la richesse, tandis que leur non-adoption ne menace pas le reste de notre industrie biotechnologique, qui est très dynamique »2. La Société Royale des Sciences a refusé de publier le neuvième article de ce rapport, considéré comme non-scientifique, lequel présentait une synthèse et un commentaire du Comité scientifique. Ce document était considéré comme le plus important et le plus accessible par le grand public3. Dans le même temps, Bayer a décidé d’arrêter ces essais en champs de plantes transgéniques, suite à l’obligation de rendre publique la localisation précise de chaque essai. Pour Bayer, cette nouvelle contrainte expose les essais aux destructions par les opposants aux OGM : cette entreprise aurait préféré n’avoir à révéler que le nom de la région où l’essai était pratiqué

Publiée récemment par le Ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (en anglais DEFRA), une étude portant sur le colza transgénique, démontre que, du fait des abeilles, le pollen peut être disséminé jusqu’à 26 kilomètres de sa culture d’origine [1]. [2] L’autre conclusion est qu’un agriculteur, ayant cultivé du colza transgénique, ne peut pas produire du colza non OGM (avec un taux de contamination inférieur à 1%), pendant une période de 16 ans.

Et si, au-delà du code génétique, un second programme moléculaire était responsable de l’expression de l’ADN ? Cette hypothèse est sérieusement étudiée par les chercheurs, notamment les spécialistes en biologie du développement. Ainsi, A. Clements et A.N. Poux, de l’Institut de Recherche Wistar, estime que l’activation d’un gène, c’est-à-dire son expression, dépend de l’action extérieure de deux enzymes sur la chromatine (complexe moléculaire de protéines et d’ADN). « Voici encore 5 ou 10 ans, remarquent-ils, la plupart des biologistes pensaient que les protéines servant à organiser l’ADN se contentaient de maintenir leur structure physique. Il apparaît qu’elles interviennent aussi de manière significative dans leur expression ».

Le riz doré, génétiquement modifié pour produire de la b-carotène, a été mis au point en 2000 afin de « régler » les problèmes de cécité dûs à une malnutrition [3]. Les critiques sont de deux ordres [4]. D’une part, d’un point de vue nutritionnel, la b-carotène n’est convenablement assimilé, et donc transformé en vitamine A, que dans le cadre d’un régime alimentaire varié incluant des légumes verts. Or, la « révolution verte », mise en place dans les années 60 et 70, a favorisé la monoculture de rente au détriment des cultures vivrières, donc de la disponibilité en légumes verts. D’autre part, les récents travaux menés sur le génome du riz en 2002 ont conduit un chercheur de Syngenta a déclarer que « tous les gènes sont présents dans le riz. N’importe qui pourrait faire un riz non OGM et riche en vitamine A simplement en étudiant ces gènes de manière plus précise. Le riz doré pourrait donc être une fausse solution aux carences en vitamine A du fait de toutes les inquiétudes concernant les produits issus des biotechnologies ». Le Dr R. Horton, éditeur du journal the Lancet, considère que « la recherche de solutions biotechnologiques au problème de la faim dans le monde peut conduire à la course commerciale la plus malveillante du nouveau siècle » et S. Smith, de l’entreprise céréalière Novartis, a déclaré : « Si quelqu’un vous affirme que les OGM vont nourrir le monde, dites-lui que non. Nourrir le monde réclame une volonté politique et financière, ce n’est pas une question de production et de distribution ».

Le maïs Bt11 (Novartis) est autorisé à l’importation et la transformation depuis avril 1998. Quant à son autorisation pour la culture, elle est toujours en attente, malgré un avis favorable du Comité européen Scientifiques des Plantes, en novembre 2000. Or, du fait de l’entrée en vigueur de la directive 2001/18, les demandes d’autorisation doivent être complétées par des données moléculaires. Les analyses des données moléculaires de ce dossier ont été présentées en février 2003 par différents organismes de recherche tel l’INRA : il apparaît que la séquence de l’insert Bt11 n’est pas conforme à celle attendue dans une telle plante. Ainsi, la séquence génétique qui a servi à sa construction (promoteur 35S) est présente sous forme abérrante. Ainsi, il reste à analyser complètement l’ADN transgénique présent et à comprendre l’origine des séquences aberrantes. Toujours est-il qu’une telle caractérisation de l’ADN transgénique devrait faire sortir ce dossier du cadre légal de délivrance d’autorisation. Des analyses similaires concernent le maïs Mon810 (Monsanto).

Dans le cadre de la détection des OGM dans des produits alimentaires et notamment bovins, issus d’animaux ayant consommé des OGM, les recherches en cours sont peu nombreuses. En France, le gouvernement s’était engagé en 1999 à financer une recherche scientifique dont l’objectif était d’analyser des échantillons bovins prélevés à la « ferme des Trinottières », dans le Maine et Loire. Ces analyses qui portaient sur deux lots de vaches, l’un ayant consommé du maïs non transgénique, l’autre du maïs Bt, devaient répondre à une question : dans ce cas précis, le transgène et la protéine du Bt passent-ils du produit alimentaire consommé à la viande, l’urine, le sang... de la vache. Ces recherches ont été conduites par un laboratoire de l’INRA et ont été subventionnées par le Ministère de l’Agriculture (sous-direction de la réglementation, de la recherche et de la coordination des contrôles) et le Ministère de la Recherche dans le cadre des Programmes Alimentation, Qualité, Sécurité. La première phase d’étude a permis la mise au point du protocole scientifique permettant de conduire ces analyses. Ces résultats ont conduit le laboratoire à effectuer, en 2003, une deuxième demande de subvention aux Ministères concernés afin de pouvoir entreprendre les analyses des échantillons de viande, lait, sang et urine, échantillons congelés depuis 1999. Cette subvention a été refusée par les Ministères. Interrogé par Inf’OGM, sur les raisons de ce refus, le Ministère de l’Agriculture, en charge de la gestion du dossier, a déclaré que le rapport du comité scientifique ainsi que l’avis du ministère expliquant ce refus sont classés confidentiels et ne sont donc pas communiqués au public.
Cette décision de refus a fait l’objet d’une question parlementaire de la part du député Jean-Claude Lefort (PCF) lors de la session de l’Assemblée nationale du 16 octobre 2003 à l’adresse du Ministre de l’Agriculture H. Gaymard. M. Lefort demande précisement à M. Gaymard de « revenir sur cette décision [de refus de la subvention] ou, à tout le moins, de motiver le refus et de divulguer les résultats des travaux scientifiques qui ont permis d’en juger ».