Christian Aid a écrit, dans un rapport publié1 cette année, que les OGM n’ont aucun impact sur la faim dans le monde, que ces nouvelles technologies donnent trop de pouvoir sur l’alimentation à un trop petit nombre de personnes et enfin que trop peu d’investissements sont réellement réalisés pour aider les petits paysans à produire des aliments de façon durable ou biologique.

Action Aid, l’une des plus grandes associations humanitaires britanniques, a mis en garde, lors de la Conférence Mondiale sur les Semences à Cambridge (6-8 septembre), contre la fausse vérité prônée par les firmes de biotechnologie sur leur capacité à nourrir le monde grâce aux OGM. Pour Action Aid, les OGM et les brevets sont une menace pour la sécurité alimentaire de millions de personnes.

Le 10 septembre, la fédération nationale des coopératives de production et d’alimentation animales (ou SYNCOPAC) qui compte 100 coopératives et pèse la moitié de la production française d’aliments du bétail, s’est déclarée « favorable à un étiquetage clair, informatif et contrôlable ». Elle a demandé aux fournisseurs de matières premières importées « d’appliquer un étiquetage adéquat (...) afin qu’il puisse être répercuté sur l’étiquetage des aliments du bétail » et a réclamé aux pouvoirs publics la mise en place de filières d’importation spécifiques bien identifiées pour le soja d’outre-Atlantique.

La production de soja française ne couvre que 5% de nos besoins nationaux. Sur ces 5%, un cinquième sera, cette année, garanti sans OGM (soit 50 000 tonnes, voir inf’ogm n°1), même si, de fait, aucun soja transgénique n’est autorisé à la culture en Europe. La société Extrusel, filiale de quatre coopératives céréalières de Bourgogne et de deux fabricants d’aliments pour bétail, est le partenaire industriel de cette filière soja certifiée non OGM. Pour être certain de la non-contamination, Extrusel ne travaillera qu’avec ses propres coopératives. Le directeur a précisé que l’intérêt pour le non transgénique exprimé par les groupes Glon Sanders et Bourgoin a été déterminant. Autre argument de poids : Extrusel a reçu l’assurance, pour ce soja certifié non-OGM, d’un prix supérieur de 10 à 12% par rapport à celui du soja non certifié.

Le 14 septembre, un nouveau consortium australien a décidé de lancer, avant fin novembre, un label et un processus de certification pour l’alimentation sans OGM. Cette initiative sera organisée par l’un des plus grands cabinets comptables du monde, KPMG, en lien avec le laboratoire américain qui a développé des méthodes d’analyse d’OGM : Genetic ID et une dizaine d’industries agro-alimentaires.

Environ 40% des agriculteurs australiens se disent sceptiques quant aux bénéfices financiers des OGM et 72% estiment que l’introduction des biotechnologies entraînera une domination des industries agro-chimiques. Enfin, 90% des agriculteurs interrogés sont favorables à un étiquetage et 55% pense que l’Australie devrait imposer un moratoire de 5 ans sur la mise en culture d’OGM. D’autre part, la Fédération des Agriculteurs de l’Ouest Australien, qui représente 6000 agriculteurs, a exprimé clairement son opposition aux manipulations génétiques.

Deux firmes d’alimentation pour chien et chat, Royal Canin et Iams, ont annoncé qu’ils n’incorporeront plus aucun OGM dans leurs produits.

Les producteurs français de maïs étaient réunis à Toulouse pour leur 50e congrès annuel. Christophe Terrain, président de l’Association Générale des Producteurs de Maïs, AGPM, a déclaré : « La peur des OGM correspond à une forme de paranoïa collective que rien ne vient justifier. (…) Notre sentiment, c’est que de ce côté-ci de l’Atlantique, nous entendons un peu trop les anti-OGM. De l’autre côté, c’est exactement le contraire. » Selon les producteurs de maïs, l’avenir de la culture du maïs transgénique, en France, reste incertain. La plupart des intervenants ont réclamé un effort « accru » de recherche, ainsi qu’une meilleure information pour les consommateurs. Le président de l’AGPM a réclamé la fixation d’un « seuil de présence fortuite » d’OGM, estimant qu’il y avait « urgence ». "Sans la fixation de ce seuil, on ne peut pas annoncer le lancement d’une filière ’sans OGM’.

Du maïs Novartis Bt a été importé illégalement des Etats-Unis en Russie, profitant de l’absence de contrôle efficace. « Novartis n’a même pas pris la peine de faire une demande d’autorisation d’importation pour son maïs transgénique, alors qu’il l’avait fait pour l’Union Européenne » a déclaré Ivan Blokov, directeur de campagne pour Greenpeace Russie.

Le Conseil Canadien des Distributeurs de l’Epicerie (Canadian Council of Grocery Distributors) - qui représente 80% des détaillants, et le Bureau des Normes Canadiennes (Canadian General Standards Board) vont s’engager dans un projet d’étiquetage volontaire de la nourriture issue des biotechnologies, a déclaré le ministre de l’Agriculture, Lyle Vanclief. Le Canada n’a pas voulu rendre cet étiquetage obligatoire.

D’après un sondage BVA, sur 1.018 personnes interrogées du 16 au 18 septembre, 65% affirment soutenir les actions des agriculteurs contre Mc Donald, symbole de la mondialisation et des ambitions hégémoniques des Etats-Unis. Elles sont également 78% à se sentir solidaires des actions des agriculteurs français contre l’introduction des OGM dans l’agriculture.

Sous la pression du marché européen, lors d’une rencontre officielle, les agences gouvernementales (The U.S. Department of Agriculture (USDA), the Food and Drug Administration (FDA) et the Environnement Protection Agency (EPA)) ont consenti à développer un plan d’étiquetage pour la nourriture issue d’OGM, a déclaré Charles Benbrook, consultant pour l’association de défense des consommateurs, The Consumers Union. La FDA a annoncé, le 18 octobre, qu’elle allait réexaminer l’innocuité des OGM et étudier l’opportunité de les étiqueter.

En application au règlement européen 1139/98/CE, une loi, entrée en vigueur le 19 septembre, oblige les restaurants, les pubs, les traiteurs à mentionner la présence d’OGM dans les plats. Toute fraude est passible d’une amende de 5000£. La plupart des restaurants ont préféré supprimer les OGM de leur menu.

Le Japon est devenu le 1er importateur de produits agricoles génétiquement modifiés, mais l’étiquetage obligatoire et la mobilisation des consommateurs commencent à freiner ce marché. Dans une lettre ouverte, l’Union des Consommateurs Japonais et quinze autres associations ont écrit : « Il faut que les cultivateurs d’Amérique du Nord plantent suffisamment de maïs, soja, coton et pommes de terre non génétiquement modifiés pour répondre à la demande de leurs marchés à l’exportation ». Cette requête a été appuyée par deux millions de signatures et a été envoyée outre-Pacifique « au moment critique où les agriculteurs doivent sélectionner les semences pour la prochaine récolte » explique Setsuko Yasuda, secrétaire générale de la campagne « Non aux OGM ». Par ailleurs, le prix du soja génétiquement modifié importé a perdu 49% depuis un an sur le marché japonais, ce qui entraîne une diminution des revenus des agriculteurs américains.Enfin, les associations japonaises réclament aussi l’arrêt des ambitieux programmes d’expérimentations d’OGM.

La Russie s’est dotée d’une réglementation sur l’étiquetage des produits agricoles et pharmaceutiques contenant des OGM. La loi, signée par le premier vice-ministre de la Santé, entrera en vigueur le 1er janvier 2000.

Le 21 octobre, le Comité permanent des produits alimentaires a entériné la proposition de la commission européenne de rendre l’étiquetage obligatoire au-dessus d’un seuil de 1% d’OGM dans un produit. Ce seuil devrait s’appliquer à chaque ingrédient pris individuellement.

La Grèce et les Pays Bas ont récemment rejeté des importations de thon à l’huile de soja venant de Thaïlande, à cause de la présence d’OGM. La Thaïlande explique cette présence par l’importation massive de soja américain. Le Ministre de l’agriculture, Newin Chidchob, a alors décidé de créer des zones exemptes d’OGM garanties par l’Etat. Il espère pouvoir élargir rapidement ces zones à l’ensemble du territoire. Cependant, la Thaïlande n’a pas pour le moment les moyens d’effectuer ces contrôles. Mais toute personne surprise à introduire des semences transgéniques est passible de deux ans de prison.