Syngenta a déposé en mai une demande d’autorisation pour l’importation et la transformation du maïs 3272, génétiquement modifié pour produire une enzyme alpha-amylase [1]. Cette enzyme transforme l’amidon du maïs en sucre, lequel sera alors industriellement transformé en éthanol. A l’heure actuelle, l’enzyme est ajoutée manuellement après production par des micro-organismes. Il faut préciser que les “déchets” de ce maïs, une fois l’éthanol produit, pourront rejoindre les autres produits dérivés commercialisés. Dans l’UE, ce dossier (UK/2006 /34), déposé selon la procédure 1829/03, concerne la transformation, mais inclut l’alimentation humaine et animale, car elle n’exclut pas que des produits dérivés se retrouvent dans la chaîne alimentaire. Syngenta précise que la culture se fera hors de l’Europe [2]. Aux Etats-Unis, le dossier (n°05-280-01p) n’a pas encore été validé [3].

“Si des pays ne veulent pas cultiver de PGM, alors ils ne devraient pas faire partie de l’Union européenne. Ils devraient sortir de l’UE” [4], a déclaré H. Kast, président de BASF et administrateur d’Europabio. "Nous avons besoin en Europe d’une autorité qui ait le dernier mot pour éviter que le processus d’autorisation traîne encore et encore. [...] Je ne suis pas au courant d’un seul cas d’agriculteurs bio [aux Etats-Unis] ayant vu son champ contaminé. Si un agriculteur veut produire du bio, il peut. Il doit juste prendre soin de se trouver à une distance suffisante des autres champs”.

Commandée par le Bund (Amis de la Terre), une étude, réalisée par l’Université d’Oldenburg, démontre que, contrairement aux allégations des partisans des biotechnologies, ces dernières créent peu d’emploi. Thomas Helmerichs, co-auteur de l’étude, a interrogé 70 entreprises (dont 20% ont répondu) et a déterminé que cette technologie avait créé 500 emplois en Allemagne au lieu des 23 829 annoncés par le Ministère de la Formation et de la Recherche et que du fait des fusions prévues peu d’emplois seront créés prochainement. Le chercheur conteste les chiffres des entreprises car dans les PME, les emplois créés dans le secteur biotech sont souvent des mutations internes ; pour les plus petites entreprises, il s’agit de sous traitance et le terme de “biotechnologies” regroupe des réalités hétérogènes. L’agriculture bio emploie aujourd’hui 150 000 personnes [5]. L’entreprise Life Food a décidé de se fournir en soja non-GM auprès de 37 agriculteurs de la région de Freiburg. Les semences de soja sont achetées à l’entreprise québécoise Prograin, puis Life Food les multiplie (trois tonnes), les contrôlent et les distribuent aux agriculteurs. L’entreprise effectue aussi des contrôles (PCR) sur le terrain et sur les récoltes chaque année [6].

Dans leur récent rapport sur les perspectives agricoles 2006-2015 [7], l’OCDE et la FAO soutiennent que les pays en développement joueront un rôle déterminant dans l’évolution des échanges agricoles mondiaux. “La production et la consommation de produits agricoles augmentent plus rapidement dans les pays en développement que dans les économies développées. Cependant, dans les pays les plus pauvres, l’amélioration de la productivité n’est pas suffisante pour répondre aux besoins alimentaires de populations en pleine croissance. [...]. Pour développer la capacité de production de ces pays, il importera d’intensifier l’investissement dans l’éducation, la formation et le développement des infrastructures”. Ces conclusions rejoignent celles du Programme Alimentaire Mondial qui remettait en cause la solution tout agricole pour résoudre les problèmes de l’Afrique (cf. Inf’OGM n°74, PGM et lutte contre la faim). De même, le rapport du PNUE consacré l’état de l’environnement en Afrique [8] précise que les OGM peuvent aider à combattre la famine, mais qu’il y a lieu de s’inquiéter du fait qu’ils sont perçus comme une “solution magique”, détournant l’attention des causes réelles de la faim, comme la pauvreté, l’accès à la terre et la mauvaise gestion environnementale.

L’Agence états-unienne pour le développement international (USAID) débloque 20 millions de dollars pour soutenir le programme d’amélioration du coton d’Afrique de l’Ouest (WACIP) [9]. Ajoutés à sept millions précédemment versés, ces fonds seront répartis sur trois ans, à destination du Bénin, du Burkina Faso, du Tchad, du Mali et du Sénégal. Ils cibleront le soutien aux réformes politiques et institutionnelles pour une gestion privée du secteur du coton, l’amélioration de la qualité du coton, la mise en place de formations et le renforcement des relations entre les organismes de recherche ouest-africains et états-uniens.