Selon un rapport des Amis de la Terre, Monsanto envisagerait de rendre transgénique l’ensemble du maïs européen. Dans une communication de l’entreprise à ces investisseurs en novembre 2005, Monsanto considère l’Europe comme la “prochaine opportunité”. Ainsi, d’ici 2010, le marché potentiel européen porterait sur des surfaces de 59 millions d’hectares pour le maïs Roundup Ready (tolérant le Round Up) et 32 millions d’hectares pour le maïs YieldGard (maïs insecticide). Interrogé par Inf’OGM, l’AGPM confirme que ces deux chiffres correspondraient à un cumul des surfaces de chaque année. La surface agricole annuelle de maïs dans l’UE est d’environ 12 millions d’hectares, auxquelles s’ajoutent 9 millions pour les pays comme la Roumanie, l’Ukraine, la Bulgarie... soit environ 21 millions d’hectares. Monsanto envisage également un potentiel de 4 millions d’hectares pour du soja GM.

En 1999, dns une lettre à la Fondation Rockfeller [1], le président de Monsanto, Robert Shapiro, a annoncé qu’il renonçait à commercialiser des semences devenues stériles par l’insertion d’un gène (surnommé Terminator par l’ONG Rafi) : "Nous avons pris cette décision pour prendre en compte les souhaits exprimés par votre organisation et une large représentation d’experts et de parties prenantes". Ces semences auraient obligé les agriculteurs à en racheter chaque année, alors que, selon la FAO, la survie de 1,4 milliards d’individus du Tiers Monde dépend de la conservation des semences fermières. Cependant, Monsanto n’arrêtera pas ses recherches sur la stérilité des plantes.

Déjà en juin, une autre firme de biotechnologie, Astra Zeneca avait annoncé officiellement qu’elle ne commercialiserait pas des graines stériles et les gouvernements d’Inde et du Zimbabwe avaient interdit formellement l’usage d’une telle technologie sur leur territoire. Les associations écologistes (Greenpeace, les Amis de la Terre, etc…) ont réagi à cette annonce avec scepticisme : premièrement, Monsanto ne peut commercialiser cette semence tant qu’il n’a pas terminé l’acquisition de Delta and Pine Land, firme détentrice du brevet. Deuxièmement, Monsanto n’exclut pas de commercialiser des produits similaires dans les mois ou les années à venir. Enfin, d’autres firmes multinationales, comme Novartis, ont aussi développé une technologie analogue. Selon Pat Mooney, de l’ONG Rafi, une douzaine de firmes et d’instituts publics posséderaient déjà au moins 31 brevets sur la stérilisation des semences. Il ajoute que sans une législation qui rejette fermement ces technologies, elles seront commercialisées sous peu.

En 2005, l’entreprise Monsanto annonçait revenir sur sa déclaration de 1999 dans laquelle elle affirmait s’engager “publiquement à ne pas commercialiser les technologies de stérilisation des semences, dont celle que l’on appelle Terminator”. En décembre 2005, dans son rapport d’intention, l’entreprise déclare avoir limité cet engagement uniquement aux cultures alimentaires, continuer l’évaluation de cette technologie et “n’exclut pas la possibilité de développer et d’utiliser l’une de ces technologies à l’avenir”.

Suite à la médiatisation de cette position par la campagne Interdire Terminator, Monsanto a adressé une lettre d’excuses à la Campagne, dans laquelle elle affirme que cela ne signifiait pas vraiment que Monsanto envisageait d’utiliser Terminator dans les cultures non alimentaires.

Les agriculteurs de l’Etat du Maine ne peuvent être assurés que les semences de colza achetées soient indemnes d’OGM. Selon l’Université du Maine, des analyses effectuées à l’automne 2005 ont montré que, dans cet état et dans celui du Vermont, des cultures conventionnelles et des semences contenaient des plantes transgéniques tolérant un herbicide. Selon J. Jemison, responsable de l’étude, les proportions de PGM dans ces analyses impliquent que les semences de colza sont déjà contaminées par des semences transgéniques, ce qui est un problème pour les agriculteurs organiques qui achètent leurs semences. L’Etat du Maine héberge 301 agriculteurs certifiés biologiques. Jemison a également évalué que les cultures transgéniques avaient un rendement supérieur de 3,8%, mais, avec les coûts liés aux herbicides et au paiement des royalties, la culture conventionnelle permet de gagner 6,25 euro par hectare de plus que les cultures transgéniques.

Delta and Pine Land a racheté le semencier indien, Vikki’s Agrotech. Ce dernier possède, entre autres, des accords de licence sur les cotons transgéniques Bollgard et Bollgard II de Monsanto [2]. Vikki’s Agrotech a déjà engagé des procédures d’autorisation de commercialisation de ces deux cotons en Inde et pense pouvoir les mettre sur le marché cette année. Ce rachat s’inscrit dans une dynamique de développement de Delta and Pine Land en Inde, l’entreprise ayant déjà signé un accord avec Syngenta pour commercialiser la variété de coton Vipcot (cf. Inf’OGM n°70). Et ce, à l’heure où Monsanto est sous les feux de l’actualité en Inde pour l’échec de son coton Bt.

Le premier rapport sur l’état de diffusion illégale de PGM dans le monde vient d’être rendu public [3]. Etabli par les associations Greenpeace et GeneWatch UK, ce catalogue liste l’ensemble des incidents tels que la contamination de cultures par des plantes transgéniques pharmaceutiques, la mise en culture illégale de maïs transgénique contenant un gène de résistance à un antibiotique, la mise en culture de plantes transgéniques importées en contrebande, le mélange de plantes non autorisées avec des plantes autorisées dans des cargaisons... 113 cas répartis dans 39 pays sont recensés dans ce catalogue. Consultable par pays, par type d’incidents, par date, par PGM impliqués... ce catalogue pourrait pourtant représenter “la partie émergée de l’iceberg” selon le Dr. S. Mayer de GeneWatch UK. Selon elle, “la plupart des incidents sont gardés confidentiels comme des informations commerciales, tant par les entreprises que par les gouvernements” [4].