Dans un sondage eurobaromètre, publié en avril 2005, 24% des citoyens des 25 Etats membres de l’Union européenne sont préoccupés principalement par la question des OGM (dont 24% de français) et 40 % souhaitent être plus informés sur les OGM dans l’agriculture (dont 37% de français), notamment sur les problèmes environnementaux et sanitaires. Selon Eric Gall, (Greenpeace), ce sondage “reflète surtout le manque d’évaluation adéquate, à l’heure actuelle, sur les effets des OGM et des substances chimiques” (1). Le sondage a été réalisé fin 2004 sur un panel de 25000 personnes dans les 25 pays de l’Union.

Le 22 mars 2005, le Japon, qui importe 14 à 16 millions de tonnes de maïs par an, dont 90% viennent des Etats-Unis, a interdit la distribution de maïs américain contaminé par le maïs GM Bt 10 de Syngenta. Les importateurs, obligés de détruire tout maïs contaminé ou de le renvoyer aux Etats-Unis, ont donc décidé de stopper toutes importations de maïs en provenance des Etats-Unis.

Depuis l’introduction du soja transgénique en Argentine, les surfaces cultivées sont passées de 5,9 millions d’ha en 1996 à 14 millions d’ha en 2004, dont 95% sont du soja Roundup Ready de la firme Monsanto. Cette augmentation a eu pour effet l’extinction progressive des autres types de cultures, ainsi que de la production laitière et de l’élevage de bétail, qui permettaient à l’Argentine, dans les années 90, d’être auto-suffisante sur le plan alimentaire. L’Argentine doit donc désormais importer une alimentation chère, inaccessible pour une population très pauvre (en 2002, 51% des Argentins vivaient en dessous du seuil de pauvreté). Cette conversion des agriculteurs argentins est notamment due aux subventions données par le gouvernement et aux aides financières et techniques offertes par la firme Monsanto. Au Brésil, le marché noir de soja RR, importé illégalement d’Argentine, a été légalisé par le Président Lula en 2004. Au Paraguay, 4ème exportateur mondial de soja, 2 millions d’ha de soja GM sont cultivés par des fermiers brésiliens immigrés clandestinement alors même que cette culture n’a pas été autorisée par le gouvernement. Par ailleurs, l’épandage de glyphosate, matière active de l’herbicide Round up de Monsanto, a engendré de nombreux problèmes sanitaires. La Coordination nationale des organisations de femmes travailleuses rurales et indigènes a publié un rapport en 2004 sur le cas de 16 familles vivant dans un village paraguayen. Ce rapport révèle notamment la mort de trois enfants, des troubles digestifs et pulmonaires, des bébés nés prématurés ou malades et la pollution de l’eau potable. Au Mexique, berceau d’origine de la culture du maïs, la contamination est venue accidentellement en 2001 due à l’ignorance des agriculteurs important des semences GM des Etats-Unis sans le savoir. Cette contamination a été “légalisée” en 2004 par le Sénat mexicain qui a adopté une loi sur la biotechnologie favorable à l’industrie biotechnologique. Un rapport de l’ALENA (Accord de libre échange nord américain) en juin 2004 a préconisé un moratoire sur les importations états-uniennes de maïs au Mexique afin de protéger la biodiversité et d’améliorer les méthodes de détections (cf. Inf’OGM n°53). Enfin, l’île de Puerto Rico, sur laquelle les multinationales bénéficient d’un “bon climat” politique, a accueilli 2957 essais en champs de cultures transgéniques entre 1987 et 2002.

Antoine Messean, chercheur à l’INRA, interrogé par TV Agri, a déclaré : “le principal problème de l’agriculture biologique étant la lutte contre les organismes nuisibles, les OGM pourraient apporter une réponse technique adéquate, dans le cadre d’une approche intégrée”. Ce point de vue est conforme au récent rapport parlementaire (Mission Le Déaut) qui veut faire admettre la présence d’OGM dans l’agriculture biologique.

La Compagnie nord-américaine Anheuser-Bush, qui produit la bière Budweiser, a annoncé sa volonté de boycotter le riz dans le Missouri si l’entreprise Ventria Bioscience développe la culture de riz GM dans cet Etat où l’industrie du riz génère un chiffre d’affaire annuel de 75 millions d’euros. Jusqu’ici implantée en Californie, Ventria Bioscience, en partenariat avec l’Université NorthWest Missouri State, veut développer un riz modifié génétiquement pour produire deux protéines (la lysozyme et la lactoferrine) actives dans le traitement de la diarrhée, s’inscrivant dans la mouvance du “biopharming” visant à utiliser l’agriculture pour produire des médicaments. Or, Anheuser-Bush utilise du riz pour améliorer le goût de ses bières et achète 8% du riz produit aux Etats-Unis.