Bernard Ruffieux, de l’INRA de Grenoble, a analysé les comportements d’achat des consommateurs français. Suite à des tests réalisés au laboratoire, consistant à mettre le consommateur en situation d’achat “aveugle”, puis de plus en plus “informée”, l’étude a montré que 35% des consommateurs n’achètent plus un produit précédemment acheté quand on leur dit qu’il contient des OGM. Parmi les personnes qui achètent le produit contenant des OGM, 42% ont une propension à payer moindre que pour le produit traditionnel et 23% sont indifférents, voire favorables. Le groupe des consommateurs réticents est caractérisé par un haut niveau d’éducation mais surtout par une faible propension à payer initiale pour le produit conventionnel. Autrement dit, un produit que l’on n’apprécie pas lorsqu’il est conventionnel sera d’autant plus inacceptable qu’il contient des OGM. Le chercheur en conclut que les sondages sont bien plus négatifs que les comportements.
Monsanto vient d’acquérir Seminis, leader dans les semences de légumes et de fruits, pour la somme de 1,4 milliards de dollars. Cette transaction sera concrétisée lors du troisième trimestre 2005, après l’aval des autorités de régulation. Seminis vend plus de 3500 variétés différentes (représentant 60 espèces environ) dans plus de 150 pays. En 2004, le chiffre d’affaires de Seminis a atteint les 526 millions de dollars (20% du marché des fruits et légumes).
Par ailleurs, en Europe, la Commission vient d’approuver, en vertu du Règlement Fusions, l’acquisition du semencier néerlandais Advanta par le Suisse Syngenta, sous réserve du maintien d’une libre concurrence sur les semences de betterave à sucre.
Le Food Policy Institute [1] a interrogé 1200 américains sur les OGM : la plupart se déclarent intéressés par la technologie et avoir une opinion à son sujet, pourtant seulement 48% savent que les produits issus du génie génétique sont commercialisés et 31% qu’ils en consomment régulièrement. Or, même parmi ceux qui se déclarent informés, la plupart ont des connaissances confuses. Par exemple, 70% des sondés estiment impossible de transférer un gène d’origine animal dans une plante, 60% n’ont pas réalisé qu’une tomate ordinaire contient des gènes, 58% pensent qu’une tomate avec un gène de poisson aura un goût de poisson, seuls 45% d’entre eux ont compris que manger des fruits génétiquement modifiés ne modifiera pas leurs propres gènes... Au final, malgré ces lacunes évidentes, 27% des sondés se déclarent favorables à cette technologie, 23% la désapprouvent et 49% préfèrent ne rien dire. Cette étude a été financée par l’USDA.
Le Center for Science in the Public Interest (CSPI), dans son dernier rapport1, publié le 2 février 2005, reconnaît que les cultures transgéniques représentent une part significative de l’agriculture américaine, mais nuance ce “succès” en précisant que le nombre d’OGM soumis à l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) et au Department of Agriculture (USDA) a tendance à décliner. La première a ainsi autorisé en moyenne 9,4 variétés par an entre 1995 et 1999 contre seulement 3 par an entre 2000 et 2004, tandis que le nombre d’autorisations délivrées par le second est passé de 8,2 par an à 2,6 par an au cours des mêmes périodes. L’analyse des données publiques des deux agences gouvernementales faites par le CSPI montre par ailleurs que les plus récents travaux concernent peu ou prou les mêmes gènes que ceux des années 1990 (principalement pour la résistance aux herbicides et l’expression de pesticides et non pour des qualités nutritives améliorées) et le même type de végétaux cultivés à grande échelle (soja, coton, maïs). Le processus de recherche serait en effet trop peu rentable pour des cultures plus restreintes, d’autant que la grande distribution reste réticente par crainte des réactions des consommateurs.
D’après les résultats d’une enquête menée par Greenpeace dans 10 pays européens en novembre 2004, seuls 77 produits alimentaires étaient étiquetés comme contenant des OGM. Ces produits, en majorité des huiles, ont été principalement découverts en Allemagne, France, Pays-Bas, République Tchèque et Slovaquie. Par ailleurs, Greenpeace note que, sur trente supermarchés parmi les plus importants d’Europe, près des deux-tiers ont adopté une politique sans OGM dans les produits de leur marque. Pour Greenpeace, la cause est claire : le rejet démontré et durable des OGM par les consommateurs européens.