Les entreprises Bunge et Dupont ont annoncé la création de la marque Nutrium et la commercialisation aux Etats-Unis du premier produit de cette marque : l’huile de soja Low Lin Soybean Oil. Cette dernière présente un faible taux d’acide linolénique et est issue de la variété GM de soja 93M20, propriété de Pioneer. Cette variété se caractérise aussi par une tolérance à l’herbicide roundup, évènement génétique breveté par Monsanto. D’autres entreprises sont aussi investies sur ce type de variétés (cf. brève suivante).

Monsanto a présenté ses nouveaux produits OGM. Parmi ceux-ci, le soja VISTIVE™ à faible taux d’acide linolénique, acide gras “trans” dont la présence devra être signalée sur les étiquettes en 2006 aux Etats-Unis ; une seconde génération de cotons Roundup Ready Flex ; les maïs et sojas tolérants mieux la sécheresse et des maïs à amidon plus facilement fermentable pour la production d’éthanol. Enfin, Monsanto a aussi évoqué des projets à long terme (1 ou 2 ans), comme une seconde génération de gènes de tolérance au roundup pour le blé, le coton et le colza, combinée à une résistance aux nématodes chez le maïs, des maïs enrichis en amidon facilement consommable par les animaux et des sojas enrichis en acides gras Oméga 3.

En réponse à une demande d’assistance technique déposée par le gouvernement argentin, la FAO a entrepris une étude pour quantifier les investissements et les coûts impliqués dans la différenciation des chaînes de production, du transport et de l’embarquement du soja et du maïs GM et non-GM. Ces procédés de différenciation sont imposés par l’article 18.2.a du Protocole de Cartagena. Il sera plus facile pour les gros agriculteurs de différencier les filières à 0,9% (car le transport s’effectuera en une seule fois du champ au port d’embarquement). A contrario, pour les moyens et petits agriculteurs, il y aura des étapes intermédiaires de stockage et regroupement sources possibles de mélanges... En Argentine, l’adoption de maïs transgénique n’a pas été massive ; en revanche, “la production et la vente de semences de soja non OGM ont été interrompues par les semenciers, il faudra donc quelques années pour disposer d’un matériel non OGM compétitif et en quantité suffisante”. Une ségrégation à 0,9% pour le soja nécessitera d’investir 40 millions de dollars pour chaque million de tonnes de soja, alors qu’une ségrégation à 5%, seulement 10,2 millions de dollars pour le soja (et 7,4 pour le maïs). Pour une ségrégation à 0,9%, le marché demande une prime de 12,2 dollars/tonne pour le maïs (+14,7% du prix actuel), et 18,3 dollars/tonne pour le soja (+10,7%). Si l’Argentine ratifie le protocole de Cartagena, le nombre d’analyses nécessaires pour l’exportation doublerait, mais ses laboratoires ont la capacité d’y faire face. 55% des grains (maïs et soja) exportés d’Argentine sont OGM (dont 97% pour soja). Les marchés qui ne sont pas très stricts sur les seuils (5%) offrent des débouchés pour l’Argentine (Japon, Chine). Le Japon paie déjà le soja non OGM 6% de plus que le prix du marché. L’autorisation provisoire du soja OGM au Brésil fera encore grimper les prix du soja non OGM. La réaction des consommateurs européens sera un facteur de poids dans l’évolution des prix du marché non OGM.

Suite à une campagne orchestrée par Greenpeace, KFC et Ingham ont décidé de maintenir leur approvisionnement en soja non-OGM, “tant que le marché le permettra”, soja destiné à nourrir leur poulet.

Monsanto a été poursuivi aux Etats-Unis par la “Securities and Exchange Commission” (SEC) [1] pour corruption et a accepté de payer une amende de 1,5 million de dollars (1 million $ au Ministère de la Justice et 500 000$ au SEC). L’entreprise est accusée d’avoir versé un “paiement illégal” de 50 000 dollars à un responsable indonésien du ministère de l’Environnement pour faciliter l’adoption par l’Indonésie du coton transgénique. La société avait faussement comptabilisé la somme versée au responsable indonésien comme des “honoraires à un consultant”. La plainte mentionne aussi qu’entre 1997 et 2002, Monsanto a réalisé pour 700 000 dollars de paiements illicites à environ 140 employés du gouvernement indonésien et à leur famille. Le ministère de la Justice a par ailleurs nommé un expert qui pendant trois ans analysera les comptes de Monsanto. Les poursuites seront complètement abandonnées si la société ne commet pas d’infractions pendant cette période probatoire. Monsanto a introduit le coton transgénique en Indonésie en 2001, avant d’arrêter cette activité pour se consacrer à la vente d’herbicides et de semences traditionnelles. Les producteurs se plaignaient du manque de rentabilité de ces cultures.