C. Benbrook, membre de l’Académie Nationale des Sciences aux Etats-Unis, vient de démontrer l’augmentation des quantités de pesticides (herbicides et insecticides) utilisés sur des cultures transgéniques aux Etats-Unis entre 1996 et 2003. Cette étude, basée sur les chiffres du Ministère de l’Agriculture Américain (USDA), estime que la hausse pour les cultures de soja, maïs et coton, est de 32 000 tonnes. La culture du soja est majoritairement responsable de cette augmentation. Dans le domaine des insecticides, seules les cultures de maïs et coton ont permis une baisse des quantités d’insecticide utilisé (8500 tonnes), et ce malgré une croissance de la surface totale de plantation de ces deux cultures. L’auteur précise que les quantités d’insecticide produit par la plante elle-même ne sont pas prises en compte dans le calcul. Pour le soja, l’auteur indique qu’en 2001, 0,1% de la surface totale de culture était traité avec un insecticide alors qu’en 2002, ce pourcentage est monté à 6,2%. La quantité d’insecticide supplémentaire utilisée pour le soja est de 400 tonnes. Par contre, pour le coton, la quantité utilisée diminue de 436 tonnes. Au total, pour l’ensemble des variétés transgéniques de coton, maïs et soja, les quantités de pesticides utilisées ont augmenté de 23 000 tonnes. Les raisons avancées pour expliquer ces tendances sont : - une adaptation des végétaux à l’herbicide appliqué provoquant une besoin accru d’herbicides pour un même niveau de contrôle (+22% d’herbicide pour une même surface) - une baisse des prix du glyphosate et une campagne de commercialisation importante. Ce dernier point explique d’ailleurs pourquoi les coûts de production auraient diminué aux Etats- Unis, puisque la baisse du prix du glyphosate compense largement les dépenses supplémentaires engendrées par l’achat de plus grandes quantités.
The Guardian a révélé l’existence d’un document rédigé par un fonctionnaire du gouvernement canadien et classé confidentiel, qui prévenait le gouvernement des risques qui pesaient sur les exportations canadiennes, si les pratiques de cultures transgéniques s’intensifiaient au Canada. Ce document, obtenu selon le Droit d’Accès à l’Information, souligne “le besoin urgent de prendre en considération cette évaluation”. Le contenu de ce document tranche avec la position officielle qui affirme que les OGM sont une opportunité importante pour l’agriculture canadienne, ainsi que le résume l’auteur du rapport : “le système de réglementation canadien en alimentation ne reflète pas les inquiétudes soulevées par la population”. Le souci actuel des agriculteurs canadiens, relayé par le Bureau Canadien pour le Blé, concerne la potentielle autorisation délivrée à la commercialisation de semence de blé transgénique (cf. Inf’OGM n°45). Or, le Ministère Fédéral de l’Agriculture Canadien est actuellement accusé d’être financièrement intéressé aux ventes de blé transgéniques de Monsanto, étant donné qu’il a soutenu les recherches de Monsanto.
Devant l’incertitude sur les impacts des OGM, les assureurs préfèrent aujourd’hui se montrer prudents. Dans un document interne intitulé “Le génie génétique et l’assurance en responsabilité civile”, la compagnie helvétique Swiss Re explique que “tout porte à croire aujourd’hui que bien des prestataires sur le marché de l’assurance, en prenant unilatéralement des risques incalculables [en assurant certaines entreprises sur la base des modèles d’antan], risquent non seulement de fortes pertes, mais aussi de perdre le contrôle de leur exposition [au risque]”. Swiss Re envisage un scénario catastrophe : un sinistre engendré par le fruit de la biotechnologie impliquant un producteur de semences transgéniques, un cultivateur et un transformateur agro-alimentaire.. Au coeur de leurs craintes : les plaintes et recours en dédommagement que les contaminations de productions conventionnelles par du maïs, du soja ou du canola transgéniques pourraient engendrer. Ainsi que celles induites par la contamination d’aliments transformés par des OGM approuvés uniquement pour la consommation animale, comme cela s’est produit aux États-Unis avec le scandale Starlink (cf. dossier Inf’OGM n°18, mars 2001). Le réassureur a décidé de limiter “le montant versé en cas de dommage corporel [intoxication et consorts] et les dommages à la propriété”, de décliner toute responsabilité pour les pertes financières résultant de mélange ou de contamination, ainsi que pour les dommages écologiques.
Malgré le moratoire en vigueur sur les cultures à but commercial d’OGM, Monsanto a organisé une campagne de promotion de son maïs transgénique insecticides, dans le Nord-est du pays. Cette promotion, effectuée dans le cadre de “programmes d’éducation”, a pour objectif d’informer les agriculteurs sur les produits commercialisés par l’entreprise et les incitaient à les acheter.