Le ministre de l’environnement anglais, M. Meacher, opposé aux OGM et à la position du gouvernement Blair sur cette question, vient officiellement de démissionner [1]. Etant donné qu’il était le seul à apporter quelques nuances, son départ confirme la crainte de voir le Royaume-Uni défendre la levée du moratoire et l’autorisation de nouveaux OGM au sein de l’Union européenne.
Lors du sommet américano-européen du 25 juin 2003, le Groupe de Dialogue de Consommateurs Transatlantique (TACD) a demandé au gouvernement américain de retirer sa plainte contre le moratoire européen. Pour le TACD, cette plainte a pour but d’intimider les Etats qui souhaiteraient prendre des mesures législatives proches de celles prises par l’UE.
Devant la crainte que la levée du moratoire, prévue pour l’automne 2003, entraîne une dissémination des OGM, menaçant la filière biologique, l’ensemble de la filière Agriculture Biologique des Pays de la Loire (fournisseurs de services, producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs) a demandé solennellement à tous les agriculteurs de n’emblaver ni essai ni culture OGM sur la région des Pays de la Loire. La filière Agriculture Biologique invite les autres filières agroalimentaires régionales sous signes officiels de qualité ou d’origine et toutes les filières tracées à exclure les OGM de leurs cahiers des charges.
Suite à l’interpellation de José Bové (cf. Inf’OGM n°43), son avocat, Me Roux, a déclaré qu’il porterait plainte pour « violation de domicile » auprès du procureur de la République de Millau. Il a aussi précisé que Bové avait demandé symboliquement le statut de prisonnier politique, en dénonçant ses conditions de détention.
J. Bové a bénéficié d’une remise de peine individuelle de 2 mois par le Président de la République. De plus, il bénéficiera, comme tous les condamnés, du décret de grâce collective du 14 juillet. Traditionnellement, cette grâce est de sept jours par mois de détention non encore exécutée. Ainsi, la remise totale de sa peine est de 4 mois. Rappelons que plus de 800 000 personnes avaient écrit à J. Chirac pour demander la grâce totale de J. Bové. Selon un sondage CSA paru dans l’Humanité et réalisé par téléphone les 25 et 26 juin 2003, auprès de 1002 personnes, 60% des Français souhaitaient que Jacques Chirac utilise son droit de grâce pour José Bové, tandis que 29% ne le souhaitaient pas et 11% ne se prononcaient pas. Le sondage note que 44% de l’électorat de l’UMP est favorable à la grâce (47% sont contre). Approuvées par 13% des Français, les actions « illégales » commises par les opposants aux OGM, sont toutefois comprises par 55% des Français, 29% les condamnant fermement.
www.csa-fr.com/fra/dataset/
data2003/opi20030626a.htm
Dans une lettre ouverte adressée à J. Chirac et datée du 7 juillet 2003, 445 chercheurs du Cirad, de l’IRD, de l’INSERM, du CNRS et de l’INRA, etc… demandent la grâce de José Bové. Ils jugent la sanction contre Bové « disproportionnée ». La Confédération paysanne s’en était prise à des serres de riz génétiquement modifiés appartenant au Cirad. Selon les signataires, personne n’ignore que ces plants auraient dû être détruits par le Cirad, car les riziculteurs camarguais, chez qui ils devaient être testés en plein champ, les avaient refusés. Les chercheurs reconnaissent aussi à José Bové le rôle « d’alerte » qu’il a joué « dans la réflexion du monde de la recherche sur la gravité du problème de l’utilisation des OGM et, au-delà, de toute découverte scientifique ».
AFP, 13 juillet, Libération, 28 juin 2003
Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a déclaré que son syndicat déplorait les conditions de l’arrestation de Bové, précisant qu’« un syndicaliste en prison, ce n’est jamais bon". La FNSEA est aussi sous le coup d’un certain nombre de condamnations, a-t-il rappelé déplorant des propos selon lesquels, « il y avait une justice pour la FNSEA et une pour les autres ».
Une étude récente d’Action Aid [2] montre que les OGM conviennent plus particulièrement à l’agriculture industrielle et aux grandes surfaces. Non seulement, ils ne présentent aucun intérêt pour les petits paysans du Sud, mais encore ils cachent les vrais problèmes de la famine, à savoir l’accès à la terre, aux ressources, aux crédits et au marché.
Dans un rapport intitulé « Raising Risk : Field Testing of Genetically Engineered Crops in the U.S. », le Centre de Politique et de Recherche en Environnement de Californie dénonce la superficialité du gouvernement quant à la régulation et la surveillance des cultures d’OGM (expérimentale ou commerciale) et les risques sanitaires et environnementaux qu’impliquent plus de 10 000 essais en champ en 2 ans. Il note qu’en 2002, 70% des essais concernaient des constructions génétiques classées "Information économique confidentielle". Ainsi, il demande un moratoire sur la nourriture transgénique tant que des études indépendantes n’en ont pas prouvé l’innocuité, que ces produits soient étiquetés et que les entreprises soient responsables en cas de dommage.